La Vallée du vivant est un roman graphique de Fabien Rodhain, Alicia Grande et Tanja Wenish. Paru aux Éditions Bamboo dans la collection Grand Angle le 28 Mai 2025, il se compose de 88 pages.
Éco-anxiété et lettres d’amour
Juliette est en couple avec Thomas qui a 2 enfants. Elle souffre d’éco-anxiété, une forme d’angoisse liée au déclin de la planète, polluée par la main de l’homme. Elle se sent affectée et impuissante en voyant un incendie de grande envergure aux informations, ce que son compagnon ne comprend absolument pas. Pour lui, acheter une voiture électrique le déresponsabilise totalement.
Juliette est appelée au chevet de son père, qui décède sans parvenir à lui confier son secret. C’est en rangeant ses affaires dans des cartons qu’elle découvre des mots d’amour qui, semble-t-il, n’étaient pas destinés à sa mère.
Juliette trouve une adresse et décide de se rendre à Die. Elle cherche Rachel et Pierre, les expéditeurs d’un mot qu’elle a déniché. Peut-être que grâce à eux, elle remontera sur les traces de la mystérieuse photo qui montre son père avec une autre femme et son fils.
Dans le même temps, Thomas, qui travaille dans la même boîte que Juliette, la charge de contrer les bad buzz qui ciblent M&H sur Instagram, même si elle n’est pas censée effectuer ce travail. L’obligation de rester focalisée sur son portable l’empêche de profiter pleinement de son voyage, qui s’annonce plus long que prévu.
Drôme chaleureuse
Arrivée à Die, Juliette demande à de nombreuses personnes où trouver Rachel et Pierre. Une personne âgée finit par reconnaître le tampon de l’enveloppe et la redirige à Châtillon-en-Diois. Juliette les rencontre, ce sont des gens chaleureux qui l’invitent à rester manger et dormir. Rachel éclipse les réseaux sociaux en lui offrant des produits de son potager. Juliette passe en leur compagnie un moment de simplicité, se déconnecte enfin d’Instagram et de tout le stress inhérent à ses obligations.
Juliette suppose que la femme de la photo est l’amante de son père et le garçon, son demi-frère logiquement. Elle poursuit sa route en auto-stop à Luc-en-Diois, s’apprête à contrer un bad buzz lorsqu’elle croise une biche qui boit tout près d’elle. Un relief sur le temps présent qui se situe ici même et non sur son écran.
Chaque journée dans la Drôme transforme Juliette. Le secret de son père s’éclipse presque, la conduisant à des questionnements existentiels beaucoup plus subtils. Juliette trouve des réponses à travers ses nombreuses rencontres, apprend des choses très intéressantes qu’elle n’aurait sans doute pas découvertes à Paris. La Drôme lui enseigne comment vivre différemment, en symbiose avec la nature.
Nous sommes le monde
Cet ouvrage est Préfacé par Magalie Payen, fondatrice du mouvement activiste On est prêt et d’Imagine 2050 ; et postfacé par Marine Calmet, juriste et présidente de Wild Legal engagée pour la défense des droits de la nature. Des textes extrêmement justes qui épousent la thématique avec une grande finesse.
Ce roman graphique est très instructif. Il aborde les années 80 durant lesquels les gens jetaient leurs déchets dans la Drôme. Jusqu’à ce que certains se mobilisent et la rendent de nouveau baignable. L’Australie a remis une récompense pour sa gestion et sa propreté (Thiess Riverprize) en 2005 au Riverfestival de Brisbane. Juliette en apprend plus sur les Kogis, la résilience écopsychologique, le respect animal, l’hydrologie régénérative…
La biovallée est plus que vitale à l’heure d’aujourd’hui. Au fil du temps, si de nombreuses consciences parviennent à s’éveiller sur la beauté de notre planète, qui est mise en péril par la pollution humaine ; peut-être que la terre pourra enfin respirer et connecter les êtres humains entre eux dans la bienveillance. Un projet qui semble utopique, mais je répète souvent : « Plus on rassemble de gens au même endroit, plus ils deviennent cons. » Les villes surpeuplées génèrent davantage de pollution et de stress. Je constate que dans les petits villages où l’être humain n’est pas entassé dans des immeubles surchargés, chacun respire et peut s’épanouir. À la campagne, les gens sont beaucoup plus enclins à l’entraide. La proximité de la nature y contribue grandement. On dit que le chant des oiseaux est apaisant, parce que nos ancêtres associaient leur présence à la prospérité. Des arbres fruitiers, des insectes dans le potager, des vers de terre dans le sol fertile. De quoi inviter les oiseaux à s’installer. Encore aujourd’hui, ce son demeure gravé dans notre inconscient collectif, on pressent que les oiseaux en grand nombre garantissent que le lieu est sain.
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