La maison de Noctombre est un roman de Jack Mackay paru aux éditions Pocket Jeunesse le 25 Septembre. Traduit par Eric Betsch, il se compose de 272 pages.
Deuil et déménagement
Gwen a 13 ans, c’est l’aînée de la famille. Vient ensuite Roger, 10 ans qui adore la peinture, puis les petites jumelles de 6 ans : Cerise et Noisette. Avant de mourir, leur maman s’est remariée à Henry. Trois semaines après son décès, ils déménagent tous les cinq dans la demeure familiale des grands-parents. Décédés avant leur mère, Gwen conserve surtout des souvenirs heureux de cette maison dans laquelle elle se rendait en vacances avec sa famille. À cette époque, sa mère avait meilleure mine, mais elle est incapable de s’en souvenir, l’image de son corps frêle et gris branché à des machines occupant désormais tout l’espace.
La maison de Noctombre, bâtisse joyeuse de leur enfance, est désormais recouverte de moisissure. Elle prolifère à une vitesse vertigineuse et sa source demeure inconnue. Les canalisations ne sont pas responsables, et pourtant les murs sont mous, spongieux…
De curieuses amulettes (un œil peint sur un caillou) protègent la maison à leur arrivée. Gwen rencontre un chat étrange aux yeux vairons qui a perdu son oreille gauche. Il attend devant la porte pour en sortir, puis court dans le jardin. Il semble attendre que Gwen la suive pour lui révéler quelque chose…
La dévoreuse de cauchemars
La fratrie ressent une angoisse indicible qui enfle dans l’obscurité. La maison de Noctombre respire au gré des marées qui l’isolent du reste du monde. Quand l’eau est suffisamment haute, il est impossible de reprendre la route pendant 5 heures.
Les enfants font des cauchemars dès la première nuit… Gwen voit deux yeux jaunes dans sa chambre, Roger des guêpes sur son mur et les jumelles évoquent L’homme cousu. Ces apparitions hantent leurs cauchemars depuis des années ; Gwen, elle, a peur du puits. Néanmoins, elle tente de les rassurer, Henry d’autant plus : c’est juste l’absence de lumière. Les monstres n’existent pas.
Cette affirmation se heurte à des phénomènes qui se multiplient dès l’arrivée d’Esme Laverne qu’Henry a embauchée. La baby-sitter déclare s’être occupée de nombreux enfants sur l’île. Pour autant, elle est toujours jeune, belle, trop souriante, trop parfaite… Elle charme tout le monde, excepté Gwen qui, sans raison précise lors de sa rencontre, la déteste déjà. Gwen préfère s’occuper de ses cadets par elle-même, mais elle se heurte au refus d’Henry qui estime qu’elle est trop jeune. Il engage Esme malgré ses réticences.
Esme s’arrange pour que toutes les amulettes de la demeure soient retirées, prétextant qu’elles sont sûrement la cause des cauchemars des enfants. Elle cherche désespérément la clé de la cave, tout en manifestant une vive prudence. Esme n’est pas la femme aimable qu’elle affiche en public. Une fois seule avec sa proie, elle devient cruelle… Lorsque Gwen en parle à Henry, il refuse de la croire, persuadé que son deuil est responsable de ses écarts.
Le vieux saule murmure entre ses branches. Le chat l’a guidée jusqu’à lui. Maintenant, Gwen sait qu’Esme est un monstre… Et, comme un ver, elle grossit en se nourrissant des cauchemars de ses proies…
De l’horreur jeunesse
Ce roman se destine aux 10 ans et plus. La maison de Noctombre investigue la peur ; le monstre se repaît des cauchemars pour se fortifier. Dans la droite ligne de Coraline, il drape Esme de bonnes intentions tout en révélant sa véritable forme dans un éclair furtif. Au cœur de l’obscurité, la terreur prend forme et il faut s’armer de courage pour affronter l’indicible…
Gwen a beaucoup de responsabilités sur les épaules : elle doit veiller sur la sécurité de son frère et de ses sœurs (ainsi que de la sienne), tandis qu’Henry réfute la réalité. Tout cela 3 semaines seulement après le décès de sa mère. Elle endure l’horreur en muselant ses émotions, ses larmes coincées à l’intérieur.
L’intrigue happe le lecteur : on se demande ce qui se cache dans la cave de cette étrange maison, quelque chose qu’Esme redoute. L’idée des marées transforme la maison en huis clos, elle est coupée du reste du monde, comme si ses horreurs pouvaient mieux se condenser de cette manière.
Les apparitions sont effectivement cauchemardesques et explorent la peur tout en défiant la bravoure des enfants. Un roman idéal pour frissonner en ce mois d’Octobre.
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