Trois cahiers. Trois paliers scolaires. Une seule promesse : réviser avec style, en compagnie de blocs, de zombies et de redstone. Larousse publie une collection de cahiers de vacances sous licence non officielle dédiée aux fans de Minecraft, couvrant les niveaux du CM1 au CM2, du CM2 à la 6e, et de la 6e à la 5e.
À première vue, l’idée semble imparable : utiliser l’univers mondialement connu du jeu vidéo pour transformer les devoirs d’été en expérience ludique. Les visuels reprennent l’imagerie cubique de Minecraft, les consignes s’habillent de vocabulaire minier, et chaque exercice s’insère dans une aventure thématique où il faut “réparer un portail”, “repousser des monstres” ou “construire un abri”.
Mais l’enthousiasme pixelisé cache-t-il un vrai contenu pédagogique ?
Du français sous la lave, des maths dans le Nether
Les trois cahiers suivent une logique pédagogique simple mais rigoureuse : alternance entre français et mathématiques, avec des exercices enchaînés sur des pages à dominante thématique (les zombies approchent, tu es perdu dans l’Overworld, rassemble des ressources pour ta base). Mais sous la couche pixelisée, ce sont des activités traditionnelles qui structurent l’ensemble : dictées à trous, conjugaisons, problèmes, fractions, géométrie, compréhension de texte ; avec une interface plus attrayante.
Les contenus sont progressifs, adaptés à l’attente des niveaux scolaires officiels visés (cycle 3 et début cycle 4). Les exercices du CM1 vers CM2 introduisent la complexité (multiplications à deux chiffres, groupes nominaux, accords du participe passé), ceux du CM2 vers 6e accentuent la rigueur (conjugaison de l’imparfait et du futur, proportionnalité), tandis que la version 6e vers 5e introduit l’abstraction (périmètres, expressions littérales, passif). Chaque double-page fonctionne comme une mini-quête.
Mais la grande faiblesse de la série réside dans l’absence totale de contenus hors français-maths. Aucune trace d’histoire, de géographie, ni de sciences. Ces cahiers réduisent les révisions à deux matières fondamentales, écartant tout ce qui pourrait enrichir ou diversifier l’expérience. C’est un choix éditorial assumé, mais qui nuit à l’ambition globale.
Autre limite : les corrigés sont ultra-sommaires. Pas d’explication pédagogique, aucun accompagnement. Les réponses sont listées froidement à la fin de l’ouvrage. Si l’élève se trompe, il devra comprendre seul — ou faire appel à un adulte.
Enfin, les consignes restent limpides, accessibles, et le vocabulaire utilisé demeure dans le champ lexical Minecraft sans tomber dans la caricature. Ce n’est pas un livre pour “faire semblant de jouer” : c’est un vrai outil de travail, présenté différemment.
Des cubes bien imprimés, un style sans bug
Visuellement, les cahiers Fans de Minecraft édités par Larousse assurent leur fonction sans excès ni erreur de goût. La charte graphique respecte scrupuleusement les codes visuels du jeu sans licence officielle : typographies anguleuses, fonds pixelisés, illustrations de personnages cubiques génériques évoquant sans jamais reproduire Steve ou Alex.
La mise en page est aérée, structurée par blocs de consignes bien démarqués, souvent accompagnés de petites icônes ou de rappels thématiques. Chaque exercice est présenté dans une case de “quête” ou de “mission”, avec un début et une fin clairement définis. L’ensemble est lisible, sans surcharge visuelle ni excès décoratif. C’est une adaptation graphique fonctionnelle, pas une copie tape-à-l’œil.
Les illustrations sont soignées, bien imprimées, avec une palette cohérente. Aucun visuel ne parasite la lecture. Aucun élément n’est décoratif au point de gêner la concentration. C’est un équilibre rare dans ce type d’ouvrage, où l’habillage ludique prend parfois le pas sur l’efficacité. Ici, les enfants reconnaissent leur univers sans perdre de vue la consigne.
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