Vlad Circus: Curse of Asmodeus est un jeu vidéo développé par Indiesruption et édité par Blowfish Studios. Il sortira le 25 Août 2025.
Josef Petrescu
Le 16 Octobre 2023 sortait Vlad Circus: Descent into Madness, instillant une ambiance horrifique réussie, mettant en scène un cirque peuplé de « monstres ». Cette fois, Vlad Circus: Curse of Asmodeus nous place du point de vue de Josef Petrescu, le frère de Vlad. Alcoolique depuis le suicide de leur mère, c’est un personnage détestable, grossier, qui n’hésite pas à commettre des actes immoraux pour arriver à ses fins.
Deux époques s’alternent, celle qui se déroule juste avant la tragédie en 1923, et l’actuelle dans laquelle Josef se retrouve enfermé dans l’asile de Pennhurst. La torture est pratiquée pour « traquer le Démon Asmodée » possiblement caché dans le cerveau des patients. Des actes d’une barbarie extrême jalonnent les pièces que Josef traverse.
Josef se réveille à la morgue, défiguré et claudiquant. L’endroit est infesté de rats qui lui croquent les mollets. Vous devez leur donner un coup de pied pour les mettre hors d’état de nuire. Il en va de même pour les tessons de verre qui traînent par terre. Josef marche pieds nus et avale de l’aspirine pour restaurer son énergie. Il est à noter que la maniabilité est assez rigide.
Comme pour son prédécesseur, vous devez combiner des objets ensemble pour résoudre des petites énigmes, faire preuve de logique pour avancer dans le scénario. Josef brise régulièrement les miroirs qui lui renvoient son apparence actuelle, remémorant des souvenirs précédant la tragédie. C’est de cette façon que vous alternez entre le passé et le présent. En humidifiant une blouse de patient (combinez la blouse en la trempant dans la flaque), vous pouvez nettoyer les miroirs tachés de sang, ou encore utiliser un solvant quand il s’agit de peinture.
Hélas, vous êtes contraint d’effectuer de nombreux allers-retours pour progresser. Vous devez retourner humidifier la blouse pour chaque miroir, et si vous n’avez pas l’illumination d’utiliser le sédatif une seconde fois sur le sanglier déjà endormi, vous mourez. Je parlerai du manque de cohérence un peu plus bas. Heureusement, les points de sauvegarde automatique sont réguliers.
Josef découvre de nombreuses notes, des gens agonisants ou des restes putrides. L’ambiance dégage une certaine angoisse, mais chaque phase dans le passé vient interrompre le rythme. Le précédent Vlad Circus avait l’intelligence d’orchestrer son scénario en huis clos, et Ollie laissait toujours le doute concernant ses visions : hallucinations ou apparitions véritables ? Ici, Josef n’est pas fou mais transfiguré après « sa mort ». Si Ollie écrivait dans son journal sur les conseils de son psy, Josef n’a pas spécialement de raison de le faire. Abréagir par l’écriture est courant, mais ne se prête pas à sa personnalité. Et, si Ollie touchait en raison de sa triste vie, Josef suscite l’antipathie immédiatement. Le joueur ne peut s’impliquer dans ce qu’il traverse.
Les machines à sous d’Azakhor
L’aspect punitif revêt un nouveau visage avec le système de machine à sous dans le passé de Josef. Vous devez réunir 5 dollars ; l’homme emprisonné vous cède une astuce en échange du pendentif que vous dérobez dans les affaires de Marguerite. Frapper sur les machines à sous vous permet de remporter les gains plus facilement. Mais vous n’obtenez pas les 5 dollars d’un coup, non, vous gagnez 20 centimes maximums en réunissant trois BAR ! Vous devez répéter l’opération, encore et encore, en tombant juste, sous peine de perdre de nouveaux centimes et vous éloigner de votre objectif… Un moyen de rallonger la durée de vie artificiellement on ne peut plus rageant.
Comme stipulé plus haut, Josef est détestable. Il n’a aucune morale et peut commettre des actes vraiment sales sans que sa conscience manifeste de remords particuliers. J’évoquais les 5 dollars, eh bien, Josef doit les réunir pour payer la gitane qui lui confectionne un philtre. En ingrédients, il récupère les cheveux de Marguerite et… vole son fœtus qui baigne dans du formol pour le remplacer par un rat mort. Et tout cela parce que son frère, Vlad, souhaite intégrer Marguerite, la cracheuse de feu, à sa troupe. Puisqu’elle refuse, Josef dérobe son enfant mort pour la contraindre par le biais du philtre.
L’écriture blanche sur fond noir est rédhibitoire pour de nombreux joueurs, à commencer par moi. Je pense honnêtement qu’utiliser l’effet parcheminé du journal intime avec un encadré rouge et blanc pour rappeler le cirque aurait contribué à renforcer la thématique.
La musique fait plutôt office de fond sonore ; aucune musique marquante, mais des sons inquiétants qui hantent l’asile. La BO reste essentiellement la même que pour Vlad Circus: Descent into Madness.
Véritable problème de cet opus : les nombreuses fautes d’orthographe, de grammaire, de syntaxe…. Un fourre-tout qui mélange tutoiement et vouvoiement ; assemble des mots qui, en anglais ont un sens précis, mais se trouvent dénaturés en français. Comme « stable » qui se transforme en « étable » pour décrire l’état du cœur de Josef.
On se retrouve avec le mot Bar écrit Barre à l’entrée du bâtiment. Le vous et le tu employés dans la même ligne de dialogue, des phrases mal traduites qui ne veulent rien dire et, cerise sur le gâteau, une vulgarité complètement anachronique pour l’époque… Ce condensé impacte lourdement cet opus qui, hélas, souffre d’un scénario mal abouti en prime…
Parasite, es-tu là ?
Cette section contient du spoil, scrollez à la conclusion si vous préférez ne pas lire.
Josef, après s’être fait électrocuter, se retrouve donc à l’asile de Pennhurst. Cette fameuse électrocution n’est pas mise en scène, pourtant le joueur s’y attend résolument en jouant Josef, de surcroît avec la jaquette du jeu qui illustre cet instant. La tragédie évoquée n’est pas sa mise à mort (pour un acte qu’il n’a pas commis pour une fois), mais l’incendie qui a immolé beaucoup de gens.
Gros bémol sur ce point : Vlad Circus: Descent into Madness nous apprenait qu’Ollie avait mis le feu au cirque en changeant les ampoules, causant cette hécatombe. Et tout était cohérent dans la culpabilité qu’il éprouvait et ses hallucinations. Ici, le scénario impose Marguerite comme coupable, cassant complètement la cohésion de l’ensemble.
Seuls les religieux arpentent l’asile, il n’y a aucun soignant. Ils légitimisent la torture sous prétexte que le Démon Asmodée est peut-être dans le corps des patients. Injections d’acide, rat vivant inséré dans les chairs et autres expériences inhumaines sont dépeintes dans un pixel-art qui laisse l’imagination du joueur l’écœurer tout en cherchant des réponses. Malheureusement… Il n’y en a pas. Si l’on part du postulat que Josef est bien habité par Azakhor, le suivant d’Asmodée, le fameux sanglier possédé par la Bête n’a aucune raison de le charger.
Qui est le nain aux boucles d’oreilles qui arrache la tête des rats ? On ne connaît ni son nom ni son histoire. Sœur Agathe ressemble étrangement à la mère d’Ollie. Ça ne peut pas être elle, car on la voit dans la séquence du train au tout début de Vlad Circus: Descent into Madness.
L’apex de l’incohérence réside dans une page de journal : Silas décrit son enfance et ses motivations. Ce passage ne peut être noté, car c’est Josef l’auteur et il n’a aucune idée de ce que Silas a pu vivre.
L’idée du parasite Asmodée aurait pu être intéressante, mais elle retombe aussitôt abordée. Il y avait pourtant de belles possibilités comme posséder tour à tour différents protagonistes, voire même les membres du cirque qu’on ne voit que brièvement et pas au complet. En somme, Vlad Circus: Curse of Asmodeus n’est pas abouti, casse la cohésion scénaristique de son prédécesseur et ne sait pas où il va exactement. Les idées sont là, mais le glauque déborde comme pour grimer l’absence de cohérence globale.
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