L’océan s’étend à perte de vue, ses flots dissimulant des îles perdues, des vestiges d’un monde oublié et des trésors que seul un esprit aventureux osera convoiter. Treasure Atlas, développé par zzeerr, entend capturer ce frisson de l’inconnu en mariant exploration stratégique, construction de deck et combats tactiques. Loin d’être une simple chasse au trésor, il promet un voyage procédural où chaque décision forge l’expédition.
Sorti en accès anticipé le 17 novembre 2024 sur PC, le jeu affiche des ambitions impérieuses. Mais toute carte mène-t-elle réellement à un trésor ? Ou ne serait-ce qu’une illusion de richesse, un parchemin usé par le temps, dissimulant une aventure encore inachevée ?
Fragments du passé, solitude et murmures océaniques
Il est difficile d’évaluer pleinement l’histoire et les personnages de Treasure Atlas, tant l’approche narrative du jeu se montre discrète, voire quasiment absente. Contrairement à la promesse initiale d’un univers captivant où chaque île dévoilerait les secrets d’une civilisation disparue, l’expérience se réduit malheureusement à quelques lignes d’ambiance placées çà et là, sans réel fil conducteur. La civilisation ancienne dont le jeu prétend évoquer les mystères n’existe qu’à travers des descriptions superficielles, laissant une désagréable impression de vide narratif.
Vous incarnez un explorateur anonyme, errant d’île en île sans attache particulière, sans compagnons marquants ni personnages auxquels se raccrocher émotionnellement. Chaque rencontre, censée enrichir votre voyage, peine à dépasser le stade du simple prétexte mécanique. Les marchands, pirates ou chercheurs rencontrés n’ont ni histoire ni relief, se réduisant à une silhouette passagère, vite oubliée après quelques échanges purement utilitaires.
Cette absence de narration profonde provoque rapidement un sentiment de solitude, non pas poétique ou mélancolique, mais simplement creuse. L’idée pourtant séduisante d’explorer un monde en ruine et d’en comprendre progressivement les mystères aurait mérité une écriture plus soignée, capable de donner vie à ce décor intrigant. Au lieu de cela, le jeu laisse le joueur seul face à une carte vide d’émotions, condamnant l’exploration à un périple sans âme, où chaque île devient un simple repère mécanique à franchir.
L’absence de développement narratif approfondi nuit considérablement au plaisir d’explorer. Sans personnages forts, sans intrigue soutenue, Treasure Atlas ne propose qu’un voyage contemplatif dont la mélancolie, au lieu d’être poétique, vire rapidement à l’ennui. Une belle carte ne suffit pas pour rendre une aventure mémorable : il lui faut aussi un récit à raconter, et c’est malheureusement ce qui manque cruellement ici.
Un périple stratégique qui manque de souffle
À première vue, l’approche de Treasure Atlas semble séduisante : chaque aventure se déploie sur une carte hexagonale générée aléatoirement, invitant à découvrir de nouvelles îles, chacune censée réserver ses propres surprises et ses défis uniques. Pourtant, cette promesse initiale d’un monde en perpétuel renouvellement se heurte rapidement à une réalité beaucoup moins réjouissante.
Le cœur du gameplay repose sur un système de deck-building combiné à des combats tactiques au tour par tour. Une idée intéressante, certes, mais son exécution laisse grandement à désirer. Très vite, on remarque que certaines combinaisons de cartes dominent largement, rendant le reste des choix stratégiques obsolète. Cette situation entraîne une répétition des mêmes tactiques, tuant dans l’œuf la promesse initiale d’une véritable variété stratégique.
Par ailleurs, le jeu souffre d’une intelligence artificielle mal calibrée, qui oscille entre des comportements absurdes, prévisibles, et des pics de difficulté totalement injustes, pénalisant les joueurs incapables de réunir à temps les cartes les plus puissantes. On se retrouve souvent dans une impasse stratégique, non pas à cause d’un mauvais choix, mais simplement à cause d’un mauvais tirage. L’équilibrage est clairement l’aspect le plus problématique du jeu, brisant l’expérience promise d’une aventure véritablement stratégique et adaptable.
En matière d’exploration, la promesse d’une carte générée procéduralement est rapidement ternie par une absence flagrante de diversité. Les événements aléatoires, censés rythmer l’exploration avec surprise et intérêt, se répètent de façon lassante, avec les mêmes rencontres et les mêmes défis mécaniques d’une île à l’autre. Le sentiment de découverte disparaît rapidement au profit d’une routine mécanique, où chaque déplacement devient un automatisme, privant l’aventure de toute saveur.
Enfin, l’absence totale d’un tutoriel structuré achève de rendre l’expérience inaccessible aux nouveaux venus, déjà déroutés par l’opacité de certaines mécaniques du jeu. Le joueur est laissé seul face à un système complexe, sans indications ni repères clairs, ce qui réduit considérablement l’attrait initial du gameplay stratégique.
Ainsi, malgré des intentions louables, le gameplay de Treasure Atlas reste actuellement bien en dessous de ses ambitions. Un travail conséquent sur l’équilibrage, la variété des mécaniques et la clarté des règles sera indispensable pour que ce titre puisse réellement tenir ses promesses.
Des îles sans âme et un océan trop silencieux
Sur le plan visuel, Treasure Atlas se contente malheureusement du minimum. Certes, il adopte une esthétique polygonale très en vogue parmi les productions indépendantes, mais là où d’autres titres réussissent à créer une identité forte à partir de ce style, ici, le résultat peine à convaincre. Le jeu utilise en effet un ensemble d’assets génériques vus et revus, donnant à chaque île traversée une désagréable impression de déjà-vu. L’identité graphique est ainsi trop faible, incapable d’insuffler une véritable personnalité à l’univers que l’on explore.
Les environnements, malgré quelques variations de couleurs destinées à différencier les zones explorées, finissent vite par se ressembler terriblement. La promesse d’une carte maritime vivante, riche en mystères et en découvertes, s’estompe devant des textures simplistes et des décors répétitifs. Les ruines antiques manquent cruellement de détails, les forêts ressemblent davantage à un empilement maladroit d’éléments génériques qu’à de véritables écosystèmes crédibles. Résultat : l’exploration, censée être au cœur du plaisir ludique, se transforme rapidement en une routine visuellement peu stimulante.
Côté animation, le constat est tout aussi mitigé. Si le jeu se présente comme un titre où la tactique et la réflexion occupent une place centrale, il est regrettable que les affrontements ne bénéficient pas d’un traitement visuel à la hauteur. Les combats au tour par tour s’avèrent d’une rigidité désolante, réduits à une succession mécanique d’actions sans impact. Les unités se déplacent maladroitement, les effets visuels manquent cruellement de dynamisme, et l’ensemble donne l’impression d’assister à des duels sans intensité ni enjeu réel.
Sur le plan sonore, le bilan est similaire. La bande-son, pourtant cruciale pour immerger le joueur dans une atmosphère maritime mystérieuse, se révèle étonnamment timide. Les musiques sont discrètes, certes, mais elles le sont presque trop : elles ne parviennent jamais à insuffler suffisamment d’émotion ou de tension dramatique aux différents moments clés de l’aventure. L’absence de thèmes marquants, de morceaux capables de véritablement accompagner les temps forts du jeu, est un manquement regrettable pour un titre misant autant sur l’exploration.
Les effets sonores, quant à eux, peinent à donner du relief aux interactions et aux affrontements. Les bruits d’ambiance (vagues, vent, environnement) restent génériques et peu convaincants, tandis que les combats souffrent d’un manque flagrant d’impact sonore. On aimerait ressentir le poids des cartes jouées ou la violence d’une attaque réussie ; au lieu de cela, tout semble étouffé, fade, sans saveur auditive particulière.
Le couple graphismes et bande-son de Treasure Atlas apparaît encore très insuffisant pour une expérience pleinement satisfaisante. Si l’univers proposé est intrigant sur le papier, sa réalisation technique actuelle peine à lui rendre justice, laissant au joueur la sensation frustrante d’explorer un monde dépourvu d’âme, où chaque île ressemble désespérément à la précédente, et où chaque son peine à marquer durablement la mémoire.
0 commentaires