Sorti le 25 mars 2022 sur Xbox Series X|S, Tiny Tina’s Wonderlands est un spin-off de la célèbre franchise Borderlands, développé par Gearbox Software et édité par 2K Games. Ce jeu vous plonge dans une aventure fantastique où l’imprévisible Tiny Tina vous entraîne dans une campagne de “Bunkers & Badasses”, une parodie décalée de Dungeons & Dragons.
Mais cette incursion dans l’esprit chaotique de Tina parvient-elle à renouveler la formule tout en conservant l’essence qui a fait le succès de la série ?
Une partie de jeu de rôle où la folie est maître du jeu
Dans Tiny Tina’s Wonderlands, vous êtes le Passeur de Destin, un héros dont l’histoire est dictée par l’imagination délirante de Tiny Tina, maître du jeu de cette version explosive et burlesque d’un RPG papier. Exit les planètes post-apocalyptiques de Borderlands, ici, vous plongez dans un monde médiéval-fantastique où les licornes parlent, les squelettes brandissent des armes et où les lois de la physique sont dictées par l’humeur du MJ.
Le scénario est volontairement absurde et imprévisible, dans la plus pure tradition des campagnes de jeu de rôle menées par un maître du jeu aussi fantasque qu’incontrôlable. Tiny Tina improvise au fil de votre progression, modifiant les règles, changeant les environnements en plein milieu d’une mission et brisant régulièrement le quatrième mur. Son imagination devient un élément de gameplay, transformant des situations classiques en événements totalement loufoques.
Le grand méchant de cette aventure est le Seigneur Dragon, incarné par l’excellent Will Arnett (en VO), un antagoniste caricatural qui oscille entre grande menace et ridiculisation constante. Si son ambition de dominer le monde et d’anéantir le héros semble classique au premier abord, Tiny Tina n’hésite pas à saboter son propre scénario pour le tourner en dérision. Cette double lecture entre l’histoire du jeu et la narration en temps réel de la partie de “Bunkers & Badasses” fait tout le sel de l’aventure, avec des rebondissements qui ne se prennent jamais au sérieux.
À vos côtés, un casting haut en couleur vous accompagne dans cette aventure rocambolesque. Valentine (Andy Samberg) et Frette (Wanda Sykes) sont vos compagnons d’infortune, des joueurs à la personnalité bien trempée qui réagissent constamment aux décisions absurdes de Tina. Le premier est un mercenaire aussi inconscient que fanfaron, tandis que la seconde est une intelligence artificielle trop pragmatique pour supporter autant d’improvisation. Ces échanges entre les joueurs et la maîtresse du jeu donnent l’impression de vivre une véritable partie de table avec des amis, où tout peut déraper à tout moment.
Enfin, Tiny Tina elle-même (Ashly Burch) reste le cœur du jeu, et son énergie chaotique transforme chaque mission en un enchaînement de délires imprévisibles. Ses monologues absurdes, ses décisions impulsives et ses changements de règles incessants font de chaque moment une surprise. À l’image de Borderlands 2 et de son DLC Assault on Dragon Keep, elle réussit à injecter un peu d’émotion sous ses excentricités, notamment en mettant en avant la puissance de l’imaginaire pour échapper à la dureté du monde réel.
L’histoire de Tiny Tina’s Wonderlands n’est donc pas qu’une simple excuse pour enchaîner les quêtes : c’est une déclaration d’amour aux RPG papier, aux campagnes entre amis où le sérieux et l’absurde se mêlent dans un chaos jubilatoire.
Un loot explosif dans un monde où tout est possible
Si Tiny Tina’s Wonderlands conserve les bases chaotiques de Borderlands, il les réinvente en y insufflant une dimension RPG, transformant la classique formule du looter-shooter en une expérience plus ouverte, plus personnalisable et plus imprévisible que jamais. Les armes à feu sont toujours au centre des affrontements, mais cette fois-ci, elles cohabitent avec la magie destructrice, les armes de mêlée et les compétences inspirées des plus grands classiques du jeu de rôle.
Là où les précédents jeux de Gearbox imposaient des héros préétablis aux compétences bien définies, Tiny Tina’s Wonderlands bouleverse totalement la donne en permettant de créer son propre personnage de A à Z. Le Passeur de Destin, votre avatar, est entièrement personnalisable, tant au niveau de son apparence que de ses capacités. L’aventure commence par le choix d’une classe parmi six archétypes, chacun correspondant à une approche de combat distincte : assassin spectral capable d’empoisonner ses ennemis, mage de guerre jouant avec les éléments, colosse fracassant tout sur son passage à coups de marteau ou invocateur contrôlant des créatures aussi délirantes que dangereuses. Mais là où le système brille, c’est dans la possibilité d’associer une seconde classe, permettant ainsi de mélanger deux styles de jeu pour créer des combinaisons uniques. Un assassin mage, un tank capable de manipuler la magie noire ou un archer qui invoque des tornades… les possibilités sont vastes et encouragent les joueurs à expérimenter pour optimiser leurs builds.
L’arsenal, quant à lui, prend une nouvelle dimension dans ce cadre fantasy. Oubliez les fusils standard et les pistolets classiques : ici, chaque arme est imprégnée de magie et d’effets délirants. Un simple pistolet peut tirer des projectiles électriques qui ricochent sur les ennemis, un fusil à pompe peut invoquer une nuée de flèches empoisonnées, et certains artefacts permettent même de canaliser des tempêtes de flammes ou des vagues de givre. Les sorts remplacent les grenades, et s’intègrent pleinement aux affrontements en offrant un nouvel éventail d’attaques surpuissantes : pluies de météores, orbes arcaniques, vortex aspirant les ennemis, déflagrations explosives… Tout devient une surenchère d’effets spectaculaires, rendant chaque combat nerveux, explosif et imprévisible.
Le level design, lui, tire profit du délire narratif orchestré par Tiny Tina. Chaque région explorée semble sortie tout droit d’un jeu de rôle papier, avec des décors en constante évolution. Un château assiégé peut se transformer en bastion en ruines sur un simple caprice de la maîtresse du jeu, une montagne enneigée peut s’effondrer sous vos pas, et un village paisible peut devenir le théâtre d’une invasion de squelettes armés jusqu’aux dents. La carte du monde, une nouveauté dans la franchise, propose un déplacement en vue isométrique, ponctué d’événements aléatoires et de rencontres imprévues qui rappellent les RPG classiques façon Final Fantasy. L’exploration ne se limite plus à de simples couloirs, et le jeu encourage à s’aventurer hors des sentiers battus pour découvrir des donjons cachés, des trésors enfouis et des quêtes secondaires absurdes.
Enfin, la coopération en ligne et en local fait son grand retour, renforçant l’aspect chaotique du jeu. Jouer avec des amis permet non seulement d’expérimenter des synergies entre les classes et les sorts, mais aussi de maximiser l’efficacité des combats en combinant les attaques les plus dévastatrices. Gearbox propose même une gestion du loot ajustable, offrant aux joueurs le choix entre un système où chacun récupère son propre butin ou une approche plus compétitive où tout est mis en commun, quitte à provoquer quelques disputes pour une épée légendaire ou un fusil enchanté.
En fusionnant gunfights frénétiques, mécaniques de RPG et liberté totale dans la création du personnage, Tiny Tina’s Wonderlands parvient à renouveler la formule Borderlands sans la trahir. Tout est plus grand, plus varié, plus délirant, et chaque minute passée dans cet univers insensé rappelle que Tiny Tina est un maître du jeu aussi génial que dangereux.
Une explosion de couleurs dans un monde façonné par la folie
Si Borderlands s’est toujours illustré par son esthétique cartoon et son cell-shading iconique, Tiny Tina’s Wonderlands pousse encore plus loin cette identité visuelle en l’adaptant à un univers de fantasy délirant. Exit les terres désolées et les planètes ravagées, ici, c’est un patchwork de biomes fantasmagoriques, où se côtoient châteaux hantés, forêts enchantées, montagnes démesurées et villes de cristal flottantes. Chaque région est une carte postale délirante où les teintes saturées, les effets lumineux exagérés et le level design inspiré des jeux de rôle papier transforment l’exploration en une aventure aussi dépaysante qu’imprévisible.
L’une des grandes forces du jeu réside dans sa capacité à remodeler ses environnements en fonction des divagations de Tiny Tina. Son statut de maîtresse du jeu lui permet de modifier le monde en temps réel, d’ajouter des pièges, de changer le décor sur un coup de tête, voire de briser la logique spatiale. Ce qui était une forêt paisible peut devenir un champ de bataille infernal, une simple grotte peut cacher un portail vers une autre dimension, et un pont en ruine peut soudainement être reconstruit grâce à un coup de crayon divin de Tina. Cet aspect dynamique et imprévisible donne à chaque zone une identité propre, évitant l’effet de redite qui pouvait parfois peser sur Borderlands.
Les effets de magie et de destruction profitent également d’une attention particulière. Là où les précédents jeux de Gearbox misaient essentiellement sur les explosions et les particules de tir, Tiny Tina’s Wonderlands ajoute une couche supplémentaire d’effets visuels en jouant avec la magie. Les sorts transforment les combats en feux d’artifice hallucinants, où se mêlent lumières vives, projectiles arcaniques, flammes surnaturelles et distorsions de l’espace. Les combats gagnent ainsi en intensité et en lisibilité, chaque attaque ayant un impact visuel fort, rendant le carnage encore plus jouissif.
Mais c’est du côté de la bande-son que le jeu surprend réellement. Exit les guitares saturées typiques de Borderlands, ici, les compositions oscillent entre orchestrations épiques et envolées médiévales, avec une touche de folie propre à l’univers de Tina. Les combats s’accompagnent de percussions frénétiques, tandis que les explorations dans les ruines sont ponctuées de chœurs grandioses et de luths qui rappellent les RPG classiques. À cela s’ajoutent des morceaux complètement absurdes, où les instruments s’emballent, où des voix viennent commenter en fond, où Tiny Tina elle-même s’amuse à improviser un chant épique en plein affrontement. Cette liberté musicale colle parfaitement au ton chaotique du jeu, rendant l’ambiance imprévisible, immersive et hilarante.
Côté sound design, les voix et les bruitages jouent un rôle central dans l’immersion. Les ennemis se moquent de vous en plein combat, les armes ont un impact sonore exagéré, et les sorts résonnent avec un écho mystique qui les distingue nettement des traditionnels tirs de Borderlands. Mais c’est surtout le casting vocal qui fait toute la différence, avec Ashly Burch en Tiny Tina, plus survoltée que jamais, Will Arnett en Seigneur Dragon, qui oscille entre menace et parodie, Andy Samberg en mercenaire idiot et Wanda Sykes en intelligence artificielle sarcastique. Les interactions entre ces personnages donnent une dimension théâtrale et improvisée à l’histoire, renforçant cette impression de participer à une véritable partie de jeu de rôle entre amis.
Tiny Tina’s Wonderlands brille par sa direction artistique audacieuse et son sound design maîtrisé. Plus qu’un simple Borderlands en version médiévale, c’est une explosion de couleurs et de sons, un univers en constante mutation, où chaque recoin regorge de détails absurdes et de clins d’œil aux classiques de la fantasy. Un monde aussi magnifique que déjanté, façonné par l’imagination sans limites de son excentrique créatrice.
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