Développé par Pugware et publié par Red Art Games, Skautfold: Into the Fray plonge le joueur au cœur d’un univers gothique imprégné de terreur Lovecraftienne. Sorti le 4 octobre 2024 sur Nintendo Switch, ce stand-alone de la série Skautfold vous met dans la peau de Hito, chevalier de l’Empire, chargé de purger l’île de Portland d’un brouillard corrupteur et des abominations qui l’accompagnent. Entre combats frénétiques, pièges environnementaux et exploration macabre, ce nouvel opus réussit-il à conserver la brutalité hypnotique de ses prédécesseurs tout en s’imposant sur la console de Nintendo ?
Un héros mutique dans une Angleterre rongée par la folie
Skautfold: Into the Fray ancre son récit dans une Angleterre alternative de 1899, où le surnaturel et la corruption eldritch ont transformé l’île de Portland en un théâtre d’horreurs. Vous incarnez Hito, troisième chevalier de l’Empire, envoyé pour écraser un soulèvement et dissiper un brouillard malveillant qui dévore tout sur son passage.
L’univers, pétri d’influences Lovecraftiennes, joue la carte de l’oppression constante. La narration, toutefois, reste volontairement en retrait : les dialogues sont rares, succincts, et servent plus à poser une ambiance qu’à bâtir des arcs narratifs solides. Le silence de Hito, allié à la froideur militaire de ses missions, accentue l’impression d’un monde qui se raconte davantage par ses environnements que par ses personnages.
Les rencontres avec des entités occultes et les écrits disséminés dans les zones explorées étoffent une mythologie ténébreuse, mais cette approche laisse peu de place à l’attachement émotionnel. Ici, l’histoire n’est pas une quête héroïque, mais une descente méthodique dans un univers en décomposition, où chaque mission semble plus une opération chirurgicale qu’une aventure épique.
Une danse frénétique entre balles, pièges et cadavres
Le gameplay de Skautfold: Into the Fray privilégie une approche rapide, brutale et instinctive, héritée des grands noms du shooter nerveux. Chaque mission est une succession d’affrontements où le joueur jongle entre une panoplie d’armes destructrices et des pièges environnementaux à exploiter avec intelligence. Infliger la mort devient une mécanique chorégraphiée, où chaque baril explosif, chaque canal d’huile enflammé, chaque souterrain piégé est une opportunité de renverser des hordes d’ennemis.
Les armes, inspirées des inventions baroques de Nikola Tesla, renforcent ce sentiment de puissance : fusils, canons triples, gadgets électriques… Chaque outil est conçu pour faire du carnage. Mais cette frénésie est contrebalancée par une gestion stricte des munitions et des ressources, qui oblige à penser chaque affrontement comme un puzzle mortel plutôt qu’une simple fusillade.
L’exploration, bien qu’annexe, offre un souffle dans ce rythme effréné. Entre deux combats, vous sillonnez des ruines, des caves et des autels occultes à la recherche de secrets ou pour interrompre des rituels qui renforcent le Brouillard. Ces pauses exploratoires ajoutent une tension subtile, mais ne parviennent pas à donner une réelle profondeur à l’expérience, le jeu restant fondamentalement orienté vers l’action.
La version Nintendo Switch, en revanche, trahit les ambitions du titre : ralentissements sporadiques, contrôles parfois rigides et gestion des collisions perfectible viennent parasiter les combats, particulièrement lors des séquences les plus chaotiques. Ces faiblesses techniques, bien qu’elles n’annulent pas l’efficacité du système de jeu, imposent une tolérance aux imprécisions que le joueur PC n’aurait pas à subir.
Un cauchemar gothique sculpté dans l’ombre et la dissonance
Visuellement, Skautfold: Into the Fray exploite une esthétique gothique et morbide qui retranscrit avec force l’angoisse d’un monde au bord de l’effondrement. Les ruelles noyées de brouillard, les souterrains saturés de cadavres et les paysages déformés par une corruption eldritch créent une atmosphère étouffante. Même sur Nintendo Switch, le titre parvient à conserver une identité visuelle forte, malgré des compromis techniques évidents : textures simplifiées, effets de lumière amoindris et animations parfois rigides.
C’est cependant la direction artistique qui supplante la performance brute. L’univers de Skautfold respire le malaise, chaque environnement semblant suinter la putréfaction et la peur. La variété des zones, bien qu’assez limitée, compense par une densité de détails et une cohérence visuelle qui happent le joueur.
La bande-son soutient cet écrin avec des compositions oppressantes et métalliques, où cordes grinçantes et basses grondantes s’entrelacent pour accentuer la tension permanente. Les bruitages — râles inhumains, claquements d’armes, chocs lourds — renforcent la brutalité des combats et plongent l’action dans une cacophonie macabre.
Malgré ces qualités, des faiblesses techniques propres à la Switch viennent entacher l’immersion : ralentissements notables lors d’affrontements massifs et quelques bugs sonores qui rompent la continuité de l’ambiance. Ces incidents, bien que rares, rappellent les limites d’une adaptation sur console portable pour un titre qui mise autant sur son atmosphère.

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