Disponible depuis 2024 sur Xbox Series X|S et PC, Roboquest est le dernier-né du studio indépendant lyonnais RyseUp, actif depuis près d’une décennie.
À travers ce fast-FPS roguelite nerveux et stylisé, les développeurs français livrent un hommage vibrant à la vitesse, à la précision et à l’adrénaline pure, dans un monde de métal rouillé et de rêves éteints.
Dans un paysage vidéoludique saturé de shooters génériques, Roboquest se propose comme un concentré d’énergie brute, assumant son héritage sans jamais renier ses inspirations évidentes.
Mais cette frénésie mécanique parvient-elle à transcender la répétition inhérente au genre, ou se heurte-t-elle aux limites de son propre terrain de jeu ?
Chroniques rouillées d’une humanité éteinte
Dans Roboquest, l’univers s’est effondré depuis longtemps, laissant place à un monde désertique, austère, ravagé par la corrosion du temps.
C’est dans ce décor de ruines et de sables brûlants que vous rencontrez Max, jeune chercheuse intrépide, ultime vestige d’une humanité en déclin, à la recherche d’un espoir autant que d’une raison de survivre.
Par un hasard providentiel, elle tombe sur un robot antique abandonné depuis cinq siècles.
En le réparant, elle relance malgré elle une mission oubliée : guider les survivants vers une cité légendaire, dernier bastion supposé de la civilisation.
Mais dans cette quête fragile, vous n’incarnez pas Max elle-même ; vous devenez le robot, bras armé de son dessein, réactivé pour reconquérir un monde devenu hostile.
L’aventure vous fait découvrir six modèles de robots différents, chacun doté de compétences uniques : boucliers protecteurs, salves de roquettes, charges destructrices…
Ces héros d’acier ne sont pas de simples pions jetables ; ils possèdent chacun leur caractère ludique, incarnant différentes approches stratégiques pour surmonter les hordes mécaniques ennemies.
Si l’histoire principale reste minimaliste, elle se tisse habilement à travers l’exploration, les journaux de données cachés dans les recoins du monde, et les échanges sporadiques avec Max.
Cette narration discrète réussit à insuffler une vraie cohérence diégétique, donnant du sens aux différents biomes traversés et à la corruption rampante qui menace de tout engloutir.
Seul bémol : la structure des niveaux, malgré la richesse thématique, reste redondante.
Chaque nouvelle zone évoque un terrain déjà foulé, ce qui, dans un roguelite fondé sur la répétition, finit par éroder une part de l’enthousiasme initial.
Danse de feu et d’acier dans les ruines du monde
Manette en main, Roboquest révèle sa véritable nature : un fast-FPS pur, un exutoire de vitesse, de réflexes et d’agilité, qui ne fait aucun compromis sur son identité viscérale.
À travers ses mécaniques précises et son flow ininterrompu, le jeu de RyseUp Studios s’impose comme un héritier assumé des sensations d’Overwatch, multipliant les clins d’œil, jusqu’à flirter avec la réinterprétation directe.
Chaque arme, du simple pistolet de départ aux équipements les plus extravagants – arbalètes, lance-bulles, fulguro-poings – propose une prise en main immédiate et grisante, dopée par une gestion fine de la mobilité : double sauts, dashs latéraux, esquives millimétrées.
Tout concourt à transformer chaque affrontement en une chorégraphie brutale, exigeant un équilibre parfait entre mouvement, tir et anticipation.
Le cœur roguelite du jeu impose de recommencer à chaque run, en repartant presque nu, armé seulement de quelques capacités et d’un maigre arsenal.
À chaque exploration, à chaque niveau gagné, de nouveaux modules de compétence apparaissent, permettant de construire des synergies dynamiques, entre améliorations de coups critiques, capacités élémentaires ou renforcement de l’armure.
Le système de rareté et de progression des armes, combiné aux embranchements conditionnels des niveaux, pousse à l’optimisation permanente, mais également à la prise de risques calculés : foncer pour débloquer une route secrète peut aussi bien mener à une récompense rare qu’à une mort prématurée.
La possibilité de parcourir l’aventure en coopération en ligne vient sublimer l’expérience, ajoutant un chaos savoureux aux runs et renforçant la dimension stratégique.
Seul regret : l’absence de mode local en écran partagé, un manque d’autant plus regrettable que l’énergie du jeu semblait taillée pour des soirées endiablées sur canapé.
Roboquest propose ainsi un gameplay frénétique, ciselé, jouissif, qui place sans forcer son nom parmi les fast-FPS roguelite les plus agréables de cette génération, malgré une exigence de persévérance qui ne conviendra pas à tous les joueurs.
Couleurs saturées, musiques en surcharge
Visuellement, Roboquest adopte un style cell-shading marqué, quelque part entre hommage assumé à Borderlands et minimalisme économique.
Les décors, riches en couleurs vives et en formes anguleuses, offrent des environnements variés : canyons poussiéreux, usines en ruines, couloirs organiques infestés de corruption. Chaque biome parvient à se différencier par sa palette chromatique, bien que la répétition des structures et des modèles nuise à la sensation de découverte au fil des runs.
Côté personnages, les robots jouables affichent une personnalité visuelle immédiate, mais les ennemis peinent à se renouveler.
Le bestiaire mécanique, bien que volumineux, repose sur des variations parfois grossières de modèles de base, renforçant une impression de tourner en rond, particulièrement sensible lors des longues sessions de jeu.
L’absence d’éléments humains visibles, hormis Max en arrière-plan narratif, contribue à donner au monde un aspect désincarné, privant l’univers d’une partie de sa vitalité.
Quelques PNJ robotiques tentent d’apporter un semblant de vie aux hubs entre deux niveaux, mais leur rôle reste essentiellement fonctionnel.
Sur le plan sonore, Roboquest trébuche sévèrement.
La bande-son, censée soutenir la frénésie des combats, s’apparente trop souvent à un déferlement cacophonique, saturé de distorsions agressives et de percussions brouillonnes.
Loin de galvaniser l’action, cette musique étouffe l’expérience au point de devenir contre-productive, provoquant plus d’agacement que de tension héroïque.
Face aux standards récents du genre, où des titres comme Doom Eternal ou Metal Hellsinger ont redéfini l’importance de l’accompagnement sonore dans un FPS nerveux, Roboquest affiche ici un retard criant, trahissant des moyens limités, mais aussi une direction artistique sonore qui semble s’être égarée.
Malgré ses choix visuels plutôt efficaces, le jeu peine donc à sublimer son univers par ses sons, manquant l’occasion de transformer son esthétique de série B en véritable signature stylistique.
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