Sorti le 8 mai 2025 sur Xbox Series X|S, Revenge of the Savage Planet est la suite directe de Journey to the Savage Planet (2020), développée par Raccoon Logic, studio né des cendres de Typhoon Studios après la fermeture de Stadia. Ce second opus conserve l’ADN de son prédécesseur : une aventure spatiale déjantée, mêlant exploration, plateforme et humour absurde. Mais cette fois, le jeu adopte une perspective à la troisième personne, offrant une nouvelle dimension à son univers coloré et satirique.
Le joueur incarne un explorateur intergalactique, réveillé après un siècle de cryostase, pour découvrir qu’il a été licencié par la mégacorporation Alta Interglobal. Abandonné sur une planète inconnue, il devra explorer quatre mondes extraterrestres, collecter des ressources, capturer des créatures et améliorer son équipement, dans le but ultime de se venger de son ancien employeur.
Revenge of the Savage Planet propose une expérience ludique et irrévérencieuse, où la satire du capitalisme débridé se mêle à une exploration joyeusement chaotique. Mais cette recette fonctionne-t-elle toujours aussi bien ? Le passage à la troisième personne et l’ajout de nouvelles mécaniques enrichissent-ils réellement l’expérience ?
Le cynisme comme carburant narratif
Revenge of the Savage Planet ne déroule pas un récit classique. Il injecte une dose continue de dérision dans sa trame. Vous incarnez un agent de terrain cryogénisé, réveillé un siècle plus tard dans un monde où votre employeur ne se souvient même plus de votre existence. Plutôt que de reconstruire, vous allez saboter. Votre mission n’est pas de sauver une planète, mais d’orchestrer une vengeance administrative, logistique, grotesque.
La narration s’organise autour de journaux audio, d’écrans d’accueil, de mails absurdes et de dialogues délibérément grotesques. La satire corporatiste ne vise pas la subtilité : elle balance des slogans, des vidéos publicitaires délirantes, des IA de bord aussi inutiles qu’insistantes. Chaque interaction est une moquerie. Chaque mission, une parodie de procédure.
Mais derrière cette couche comique, Revenge of the Savage Planet tisse un commentaire cynique sur la logique d’exploitation : celle des planètes, des ressources, des employés. Le protagoniste n’est pas un héros. C’est un rouage usé, réduit à un outil de collecte, un clone expédié trop loin pour valoir le prix du retour. La vengeance qu’il poursuit n’a rien d’épique : c’est une démission ironique à l’échelle cosmique.
Les personnages secondaires — rares, caricaturaux, souvent désincarnés — participent de cette logique satirique. Ils ne cherchent pas à exister. Ils illustrent. Le PDG holographique, les managers automatisés, les clones bavards : tous sont là pour rappeler que dans ce monde, même les émotions sont externalisées.
Sauts mesurés pour chaos organisé
Revenge of the Savage Planet adopte une vue à la troisième personne, choix structurel qui redéfinit les sensations de jeu. Là où le premier opus reposait sur une immersion frontale, cette suite gagne en lisibilité, en spatialisation, en mise en scène. Les sauts sont plus précis, les combats plus lisibles, l’exploration moins désorientante. La mécanique ne gagne pas en complexité, mais en contrôle.
Le cœur du gameplay reste inchangé : explorer, scanner, récolter, améliorer. Chaque monde est conçu comme une poche semi-ouverte, truffée de secrets, de plateformes mouvantes, de raccourcis astucieux et de créatures imprévisibles. L’accent est mis sur la verticalité, sur les traversées aériennes à base de grappins, de doubles sauts et de propulseurs, dans une logique de progression par capacités.
Le bestiaire, délirant et souvent grotesque, n’a pas pour but de vous acculer. Il rythme la progression plus qu’il ne la menace. Les affrontements reposent sur des mécaniques simples mais efficaces : projectiles, esquives, gadgets temporaires. L’objectif est moins de survivre que de jongler, d’improviser, de désordonner l’ordre établi. Chaque combat devient un micro-théâtre de l’absurde.
La collecte de ressources, omniprésente, alimente un système d’améliorations très lisible. Moins centré sur la statistique que sur l’outil, il vous permet d’augmenter les effets de votre blaster, d’amplifier votre mobilité, ou de personnaliser vos gadgets. Rien de révolutionnaire, mais une boucle propre, équilibrée, sans temps mort superflu.
Enfin, l’interface adopte une logique volontairement intrusive. Messages inutiles, pop-ups absurdes, menus envahis de sarcasme algorithmique. Ce n’est pas une maladresse. C’est un commentaire. Revenge of the Savage Planet prend son gameplay au sérieux, mais jamais son décor logiciel.
Couleurs criardes pour planète sans filtre
La direction artistique de Revenge of the Savage Planet refuse toute forme de naturalisme. Chaque environnement déborde de couleurs saturées, de végétation mutante, de formations géologiques absurdes. La planète n’a rien de crédible, et c’est précisément ce qui la rend cohérente. Elle exagère, elle déborde, elle surjoue chaque détail. On ne contemple pas un monde alien : on traverse une hallucination synthétique.
La modélisation conserve un style semi-cartoon, plus net que dans le premier opus. Les textures sont propres, les effets de lumière volontairement exagérés, et les créatures affichent une silhouette immédiatement reconnaissable, conçue pour se heurter au décor. L’ensemble forme un patchwork visuel volontairement agressif, presque publicitaire dans son ton. Un monde conçu pour l’excès.
Côté performances, le jeu tourne sans accroc majeur sur Xbox Series X. Les effets spéciaux abondants — particules, éclaboussures, explosions grotesques — ne compromettent jamais la fluidité. Seuls quelques chargements de textures à la volée trahissent, parfois, les limites de l’optimisation.
La bande-son suit la même logique. Musiques synthétiques rythmées, bruitages absurdes, voix surjouées : tout participe d’un univers qui pastiche les blockbusters de science-fiction. Les créatures couinent, les armes résonnent comme des jouets trafiqués, les interfaces vocales récitent leur texte avec une emphase volontairement ridicule.
Le doublage, intégralement en anglais, joue la carte du faux sérieux. Les IA s’expriment avec une précision algorithmique, les messages automatisés imitent la bienveillance corporate avec un sourire mécanique. Il n’y a pas de sincérité dans ce monde sonore. Et c’est précisément ce qui le rend si cohérent.
Systèmes fonctionnels pour satire bien huilée
Revenge of the Savage Planet ne cherche pas la complexité systémique. Il opte pour l’efficacité : progression limpide, zones à débloquer par outils, secrets bien intégrés à l’exploration, rythme soutenu. Chaque amélioration est immédiatement exploitable. Chaque retour en arrière se justifie par une capacité nouvellement acquise. C’est un jeu qui valorise l’action continue, sans surcharge ni dilution.
Techniquement, la version Xbox Series offre une expérience fluide. Le framerate reste stable même dans les zones les plus chargées. Les transitions sont rapides, les temps de chargement discrets, et aucun bug bloquant n’a été relevé lors des sessions de test. Le jeu respecte son cahier des charges sans débordement ni rupture.
Enfin, le jeu propose une option coopérative. Deux joueurs peuvent explorer ensemble, partager les ressources, résoudre les énigmes. Ce mode ne transforme pas la structure, mais il fluidifie l’exploration et intensifie l’absurde. La présence d’un second avatar ne change rien au monde — mais elle multiplie l’ironie.
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