Après avoir donné vie à une ménagerie de boules de poils avec Toutous et Chatons – Mon petit salon, Nippon Columbia fait de nouveau parler la tendresse et les couleurs pastels dans une aventure féerique où tout pousse — même les rêves. Sorti le 22 juin 2023 sur Nintendo Switch grâce à l’éditeur Numskull Games, Pretty Princess – Magical Garden Island prolonge la tradition des contes interactifs pour les plus jeunes, en troquant les tapisseries du trône contre les sillons d’un potager enchanté.
Au cœur de cette nouvelle épopée, vous incarnez une princesse guidée par la lumière d’un bracelet magique, accompagnée d’un lapin en habit de majordome, prête à redonner vie à une île jadis florissante. Le ton est posé, sucré comme un bonbon, mais bien plus riche qu’il n’y paraît. Derrière les paillettes, c’est un chantier de restauration agricole qui s’ouvre, à mi-chemin entre simulation et imagination débordante.
Mais que vaut vraiment ce nouveau chapitre de la saga Pretty Princess ? Parvient-il à enchanter les cœurs comme ses aînés ou creuse-t-il d’autres sillons plus profonds dans le jardin vidéoludique pour enfants ?
Lapins, gâteaux et promesses d’un royaume perdu
Vous vous éveillez dans la peau d’une princesse sans nom, librement personnalisable dès les premières minutes, au cœur d’un monde qui semble avoir jailli d’un livre de contes aux pages encore vierges. Guidée par un lapin en redingote nommé Asbel, messager d’un univers en détresse, vous traversez un portail dimensionnel pour rejoindre le Château Lapinou, joyau terni d’un royaume oublié. Le bracelet magique que vous portez devient l’écho d’une ancienne prophétie, et vos mains les seules capables de redonner vie à ces terres fanées.
À travers votre périple, vous croisez les regards doux et les voix rassurantes de Laura, Charlotte et Katrina, trois compagnes d’aventure qui vous accompagnent dans la quête d’un gâteau légendaire, fait d’ingrédients dispersés sur l’Île Carotte. Leur présence, bien que discrète, structure le récit en tissant un canevas d’amitié sincère et de collaboration bienveillante. Les dialogues, simples et directs, posent une atmosphère rassurante, où chaque mot est un encouragement, chaque mission un pas vers la reconstruction.
Ce récit n’a pas l’ambition des grandes fresques épiques, et c’est précisément dans cette humilité qu’il trouve sa justesse. La narration épouse la forme d’un grand cycle initiatique, dont la destination n’est pas la gloire, mais l’harmonie retrouvée. Ici, il ne s’agit pas de vaincre des dragons ou de restaurer des trônes, mais d’écouter la terre, de nourrir les bêtes et de redonner du sens à un lieu abandonné. Le ton est toujours positif, sans artifice dramatique : les enjeux sont doux, les obstacles abordables, les récompenses symboliques.
Ce monde, bien qu’imaginaire, répond à une logique rassurante : la coopération guérit, la persévérance ouvre les portes, et la magie naît de la patience. C’est une fable interactive qui ne cherche pas à troubler ou à bouleverser, mais à apaiser, à construire pas à pas une bulle où l’on se sent à sa place. Même sans développement narratif complexe, le jeu parvient à faire exister ses personnages et son cadre, grâce à une écriture limpide, accessible aux plus jeunes sans jamais verser dans la mièvrerie.
La terre s’éveille sous les pas de la princesse jardinière
Pretty Princess – Magical Garden Island vous dépose sur une île vaste et généreuse, à reconstruire avec patience et inventivité. Dès vos premiers pas, vous êtes libre de labourer la terre, planter des graines, nourrir des animaux et façonner un paysage à votre image. Le cœur du gameplay repose sur une boucle simple et efficace : récolter, transformer, construire, décorer.
Chaque plante possède un temps de croissance bien défini, mesuré en minutes réelles, ce qui donne au jeu une temporalité douce et posée. Les cultures, bien que nombreuses, ne sont pas soumises à des saisons, ce qui permet une grande souplesse dans votre organisation. Le jeu évite toute forme de contrainte liée à l’endurance ou au cycle jour/nuit, et c’est ce choix qui ouvre ses portes à un public très jeune, curieux d’expérimenter sans stress.
Les outils sont nombreux et maniables, allant de la houe à la canne à pêche, en passant par le balai magique et un panier qui permet de ramasser automatiquement les éléments au sol. Chaque action est fluide, et les interactions se répètent avec un rythme apaisant, qui encourage la régularité sans jamais bousculer. Vous êtes libre de jouer à votre cadence, de progresser selon votre sensibilité, sans pression extérieure ni exigence de performance.
La construction occupe une place centrale dans l’expérience. Dix-neuf bâtiments à débloquer, chacun portant un nom plein d’humour et de tendresse, comme le Moo Moo Manor ou le Cluck Cluck Coop, offrent une vision enchantée de la ferme. Ces structures se gèrent avec une grande simplicité : il suffit de nourrir les animaux pour obtenir leurs productions, et ainsi faire tourner la mécanique du jeu.
L’exploration de l’île, ponctuée de petites missions confiées par les habitants, apporte une dynamique supplémentaire. Les quêtes consistent à livrer des ressources, débloquer de nouveaux plans ou améliorer des infrastructures. Cette progression donne accès à de nouveaux types de plantes, d’animaux, d’outils, et surtout à des pans entiers de l’île à décorer selon vos envies.
Et l’envie ne manque jamais, car le jeu offre un catalogue vertigineux d’éléments décoratifs : 1 580 objets, 60 types de barrières, 32 ponts, 32 escaliers, et huit types de sols permettent de bâtir un royaume miniature digne d’un conte illustré. À cela s’ajoutent 400 objets de personnalisation pour votre princesse, ainsi que 35 coiffures, colorations, maquillages et accessoires.
L’ensemble forme un système cohérent, à la fois riche en contenu et pensé pour rester lisible à chaque étape. La progression suit une courbe douce, guidée par des défis quotidiens et un système de gratitude qui vous pousse à revenir encore et encore, pour voir l’île fleurir sous vos soins. C’est un terrain de jeu infini, où la créativité devient le moteur principal.
Paillettes dans les champs et douceurs en stéréo
Pretty Princess – Magical Garden Island ne cherche pas à rivaliser avec les grandes productions photoréalistes. Il préfère dessiner un monde coloré, tendre et pétillant, en s’inspirant des albums jeunesse et des contes de fées aux contours pastel. Dès la création de votre avatar, un sentiment de soin se dégage de chaque menu, avec des choix variés de coiffures, de visages, de teints et de tenues qui évoluent au fil du jeu. Cette première impression se prolonge dans chaque recoin de l’île, où les lumières, les effets scintillants et les textures douces créent un décor apaisant.
La direction artistique s’appuie sur une palette chamarrée, faite de verts tendres, de roses poudrés et de bleus laiteux. Chaque élément graphique – des clôtures aux commerces, des sols aux ponts – adopte un style rond, accueillant, presque sucré, qui sied parfaitement à l’univers de la petite royauté rurale. Les animations, bien que réduites à l’essentiel, conservent une fluidité agréable, notamment lors des récoltes ou des constructions. L’ensemble forme un environnement cohérent, fait pour séduire au premier regard et rester lisible malgré la profusion d’objets à l’écran.
Les effets de lumière apportent une atmosphère chaleureuse aux scènes extérieures, et les nombreux petits détails visuels – fleurs virevoltantes, étincelles magiques, traces de pas dans la terre – enrichissent la sensation de vie permanente. La visibilité des objets récoltables facilite l’exploration, et les bâtiments installés modifient progressivement l’aspect de l’île, offrant une satisfaction visuelle immédiate à chaque amélioration.
La bande-son, discrète mais élégante, accompagne vos gestes d’une musique légère et enjouée, ponctuée de carillons, de harpes et de flûtes cristallines. Elle instaure un climat propice à la détente, sans jamais empiéter sur l’expérience. Les bruitages sont clairs, cohérents, et soutiennent efficacement les actions du quotidien : les pas dans l’herbe, le bruit d’une pioche contre la pierre, le jingle d’une quête terminée… Tout participe à forger une ambiance douce et bienveillante.
Le titre offre un écrin sonore homogène, pensé pour rassurer, encourager et stimuler la créativité, sans surcharge. Les voix sont absentes, mais chaque interaction bénéficie de retours sonores bien calibrés, qui structurent le rythme du jeu sans interrompre son flux paisible. Visuellement comme auditivement, Pretty Princess – Magical Garden Island trace une ligne claire : celle d’un monde où tout semble prêt à accueillir les premiers pas d’un joueur curieux, rêveur, bâtisseur.
0 commentaires