Oubliez les dragons, les chevaliers et les prophéties grandioses. Ici, votre seule quête est de mélanger des champignons douteux, des larmes de sirènes et peut-être un soupçon de bile de troll pour concocter la potion parfaite.
Potion Shop Simulator, développé par Pebbles Games et Bird Pals SIA, vous met dans la peau d’un apprenti alchimiste décidé à bâtir le commerce le plus prospère du royaume. Sorti le 5 mars 2025 sur PC, ce jeu de gestion promet une plongée dans l’univers fascinant de l’alchimie, où la réussite repose autant sur vos talents de marchand que sur votre maîtrise des formules magiques.
Mais l’ère des simulations de boutique est déjà bien remplie. Entre Potion Craft, Moonlighter et Little Witch in the Woods, ce Potion Shop Simulator a-t-il réellement de quoi se démarquer ? Ou bien n’est-ce qu’un autre commerce voué à finir en faillite avant même d’avoir vendu sa première fiole ?
Un commerce, des potions… et un peu d’âme, peut-être ?
Dans Potion Shop Simulator, vous incarnez un alchimiste fraîchement installé dans une bourgade médiévale où les aventuriers, nobles et paysans ont tous un point commun : ils ont désespérément besoin de vos potions. Que ce soit pour soigner les blessures infligées par une hydre capricieuse, améliorer la concentration d’un mage étourdi ou tout simplement désinfecter les pieds d’un forgeron trop exposé aux flammes, votre rôle est crucial dans l’économie locale.
Mais contrairement aux simulations de gestion qui se contentent d’enchaîner les journées sans réel fond, Potion Shop Simulator tente d’injecter un semblant de narration à votre ascension commerciale. Au fil du jeu, vous interagissez avec des figures locales : un marchand de plantes mystérieux, un chevalier en quête d’une potion d’invincibilité douteuse, une sorcière qui vous observe d’un œil critique, et bien d’autres personnages qui façonnent l’univers du jeu. Ces interactions ne se limitent pas à de simples échanges commerciaux : elles influencent aussi la réputation de votre boutique, modifiant ainsi le type de clients que vous attirez.
Loin d’être une simple mécanique cosmétique, cette approche ajoute un brin de dynamisme au concept. Un alchimiste réputé pour ses breuvages miracles attirera les élites du royaume, prêtes à payer le prix fort pour des élixirs sophistiqués. À l’inverse, un commerce habitué à fournir des concoctions douteuses à des contrebandiers risque d’attirer les mauvaises personnes… et peut-être même quelques ennuis.
Cependant, si l’idée est prometteuse, l’écriture manque cruellement de mordant. Les personnages sont présents, certes, mais leurs dialogues restent trop basiques pour vraiment s’investir dans leur histoire. Le jeu ne pousse jamais assez loin les interactions pour créer de véritables arcs narratifs ou des dilemmes intéressants. On aurait aimé voir des quêtes secondaires plus travaillées, des clients avec des demandes évolutives, ou encore des intrigues se développant en fonction de nos choix commerciaux. Au lieu de ça, la narration se résume souvent à quelques échanges légers qui, bien qu’amusants, manquent de consistance pour réellement ancrer le joueur dans l’univers.
Potion Shop Simulator fait l’effort d’habiller son gameplay avec un semblant d’histoire, mais il se contente du strict minimum. Si l’ambiance fonctionne grâce aux personnages qui gravitent autour de votre boutique, l’écriture manque de profondeur pour que l’on s’attache véritablement à eux. Une bonne idée sous-exploitée, qui aurait mérité bien plus de travail pour transformer ce simple commerce en véritable aventure humaine.
Une potion bien dosée ?
Potion Shop Simulator repose sur un principe simple mais efficace : fabriquer, vendre et gérer. Vous devez non seulement concocter des potions en mélangeant divers ingrédients, mais aussi gérer l’ensemble de votre boutique, du stock aux prix, en passant par la décoration et les relations avec les clients. La première prise en main est plutôt intuitive, avec une interface claire qui permet de jongler rapidement entre les différentes activités.
La création de potions est l’une des mécaniques centrales du jeu. Vous combinez différentes herbes, champignons, minéraux et essences magiques pour obtenir des effets variés, allant du simple soin à des élixirs de force, de rapidité ou de clairvoyance. Contrairement à d’autres jeux du genre où la fabrication repose sur des recettes fixes, ici, chaque ingrédient possède des propriétés aléatoires, obligeant le joueur à expérimenter pour découvrir les meilleures combinaisons. Ce système donne un réel sentiment d’artisanat, où chaque potion devient le fruit d’une réflexion et d’une adaptation constante.
Mais la vente est tout aussi importante que la fabrication. Fixer les prix, surveiller l’évolution du marché et répondre aux demandes des clients sont des éléments cruciaux pour la gestion de votre commerce. Chaque client possède des attentes spécifiques et un budget limité, et il faut donc adapter son offre pour maximiser les profits sans pour autant effrayer les acheteurs avec des prix excessifs. La concurrence joue aussi un rôle, avec d’autres marchands d’alchimie qui influencent l’économie locale.
Le jeu propose également des options de personnalisation pour la boutique. De nouveaux étalages, des décorations thématiques et même des améliorations structurelles permettent de façonner un espace qui reflète votre style d’alchimiste. Un magasin austère et fonctionnel attirera des clients pragmatiques, tandis qu’un espace décoré avec goût séduira plutôt une clientèle fortunée en quête d’élixirs rares.
Cependant, malgré ces bonnes idées, le gameplay souffre d’une grande répétitivité. Une fois les bases assimilées, les journées commencent à se ressembler, et le jeu peine à renouveler ses mécaniques au fil du temps. Si l’expérimentation autour des recettes apporte une satisfaction initiale, le manque de pression réelle et de variation dans les défis réduit progressivement l’intérêt. L’ajout d’événements aléatoires, comme des inspections royales, des pénuries d’ingrédients ou des clients aux demandes absurdes, aurait pu briser cette routine et injecter davantage de dynamisme à la gestion quotidienne.
Enfin, le level design reste fonctionnel mais peu inspiré. La boutique et ses environs sont bien modélisés, mais il n’y a aucun sentiment de progression spatiale. Contrairement à un jeu comme Moonlighter, où l’on évolue dans différents environnements, ici, on reste bloqué dans la même boutique du début à la fin, avec seulement quelques modifications esthétiques possibles.
Un charme certain, mais un monde figé
Visuellement, Potion Shop Simulator adopte un style charmant et chaleureux, avec une direction artistique qui s’inspire des illustrations médiévales stylisées tout en restant accessible et colorée. Les textures sont détaillées, les potions brillent de mille feux dans leur fiole, et l’ambiance globale rappelle les contes de fantasy classique, avec des tons boisés et une lumière tamisée qui donnent envie de s’attarder dans la boutique. Chaque ingrédient possède une identité visuelle claire, permettant de distinguer facilement les herbes médicinales des extraits plus exotiques.
Cependant, si le jeu réussit à créer une atmosphère cosy, l’animation est étonnamment rigide. Les clients entrent et sortent avec des mouvements mécaniques, répétant les mêmes gestes sans réelle variation. Les expressions faciales sont limitées, et malgré la variété des PNJ, on ressent rapidement une impression de déjà-vu après quelques heures. L’intérieur de la boutique peut être personnalisé, mais les extérieurs restent statiques, empêchant le joueur d’explorer au-delà de son espace de travail.
Côté bande-son, l’expérience est à la fois apaisante et discrète. La musique, composée principalement de mélodies médiévales légères, accompagne agréablement la gestion quotidienne sans jamais devenir intrusive. Flûtes, luths et percussions douces se mêlent pour créer une ambiance relaxante, idéale pour un jeu de gestion. Malheureusement, le manque de diversité musicale finit par peser à la longue. Après quelques heures, on tourne en boucle sur les mêmes morceaux, sans variation significative en fonction des événements ou des interactions.
Les effets sonores, quant à eux, sont efficaces mais basiques. Les potions qui frémissent, les ingrédients que l’on broie dans un mortier, le tintement des pièces lorsqu’une transaction est conclue… tout est bien rendu, mais rien ne surprend. L’absence de doublage des personnages renforce l’impression de solitude, ce qui est dommage dans un jeu où les interactions avec les clients sont censées être au cœur de l’expérience.
Potion Shop Simulator séduit par son esthétique soignée et son ambiance sonore agréable, mais souffre d’un monde trop figé. Si le charme opère dans les premières heures, le manque d’animation et de variété musicale finit par nuire à l’immersion, empêchant le jeu de pleinement exploiter son univers pourtant riche en potentiel.
Une boutique bien tenue, mais quelques couacs en arrière-boutique
Techniquement, Potion Shop Simulator offre une expérience fluide, avec une interface claire et bien pensée, qui permet de naviguer entre les différentes tâches sans effort. Les commandes sont réactives, et le système de fabrication des potions reste facile à prendre en main grâce à une ergonomie bien pensée. Les menus sont lisibles, et l’organisation de l’inventaire est suffisamment intuitive pour éviter les frustrations liées à la gestion des stocks.
Cependant des bugs d’affichage, notamment des potions qui disparaissent du stock sans raison ou des interactions avec les clients qui ne se déclenchent pas correctement, viennent ternir l’expérience. Des ralentissements occasionnels surviennent lorsque la boutique est remplie de clients, ce qui peut rendre certaines phases de gestion plus laborieuses qu’elles ne devraient l’être. Bien que rien de totalement bloquant, ces imperfections s’accumulent et nuisent à l’expérience globale.
En ce qui concerne la durée de vie, Potion Shop Simulator offre une progression bien rythmée sur les premières heures, mais peine à renouveler ses défis sur le long terme. Le jeu propose une dizaine d’améliorations pour la boutique, des ingrédients de plus en plus rares et des clients aux attentes variées, mais le manque d’événements imprévus et de véritables enjeux finit par créer une routine monotone. Une fois l’atelier optimisé et les meilleures recettes découvertes, il n’y a plus vraiment de raison de continuer, faute de nouveaux objectifs. L’absence de véritables défis ou de modes alternatifs réduit la rejouabilité, ce qui est dommage pour un jeu de gestion censé tenir en haleine sur la durée.
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