Sorti le 20 mai 2025 sur PC, Mutants: Genesis est le dernier-né du studio Celsius Online, également disponible sur iOS et Android. Ce jeu de cartes en ligne, accessible en solo ou en coopération jusqu’à trois joueurs, vous plonge dans un univers cyberpunk où chaque carte prend vie. En tant que Psycog, vous êtes chargé de contrôler des mutants pour gravir les échelons et devenir Champion.
Avec plus de 200 cartes réparties en six gènes distincts, le jeu propose une expérience stratégique riche, mêlant collection, construction de deck et affrontements dynamiques. Mais cette immersion dans un monde de mutations et de combats effrénés parvient-elle à renouveler le genre du jeu de cartes en ligne ?
Évolution et identité sous surveillance
Dans Mutants: Genesis, vous plongez dans la peau d’un Psycog, silhouette effacée, marionnettiste de l’ombre chargé de contrôler des créatures forgées par la science et l’arrogance humaine. Le jeu ne se contente pas d’un univers cyberpunk de surface : il expose une dystopie où chaque mutant est le fruit d’une expérimentation qui a mal tourné, chaque affrontement l’écho d’un passé mutilé. Les fondations de la société, gangrenées par la corruption technologique et la manipulation génétique, servent de toile de fond à une narration fragmentée, dont les véritables enjeux ne se révèlent qu’à mesure que vous progressez dans les échelons de la compétition.
La construction narrative s’articule autour de six lignées génétiques, véritables factions idéologiques dont les ambitions divergent : certains cherchent la pureté, d’autres embrassent le chaos ou la symbiose avec la machine. Chaque gène — Sauvage, Éternel, Technique, Mystique, Défensif, Mutant — incarne une vision du progrès, une philosophie de l’évolution. Cette pluralité confère à l’univers une richesse inattendue pour un jeu de cartes, chaque lignée mutant son rapport à la violence et à la domination selon ses propres codes.
Les personnages, incarnés à travers les cartes-clés et les événements du mode solo, ne sont jamais de simples silhouettes interchangeables. Le Gardien Sylvestre défend la mémoire d’un monde disparu, l’Oracle Synaptique manipule les fils du destin pour une intelligence supérieure, le Traqueur Biocéramique mène sa révolte dans les bas-fonds métalliques d’une ville oubliée. Leurs dialogues, brefs mais acérés, installent une tension permanente : chaque interaction dévoile un fragment de vérité sur la genèse des mutants, sur le rôle ambigu du Psycog et sur les ramifications d’un passé où l’humanité a scellé son propre sort.
Si l’écriture refuse le sentimentalisme, elle sait distiller une poésie froide : l’ascension du joueur est jalonnée de révélations sur l’origine des mutations, sur les trahisons qui gangrènent les factions et sur le prix réel de l’évolution. Pas de prophétie messianique : ici, chaque victoire dans l’arène laisse une cicatrice, chaque mutation arrache un peu plus d’humanité à ceux qui la subissent.
La progression narrative épouse la structure du jeu : des escarmouches successives, entrecoupées de séquences d’exposition, où l’identité du protagoniste se brouille au fil des manipulations psychiques. Les ambitions des différentes factions s’entrechoquent, et c’est par la confrontation, la perte et le sacrifice que se dessine la véritable histoire — celle d’un monde condamné à choisir entre la régression bestiale et la fusion totale avec la machine.
Stratégies transgéniques et affrontements sans retour
Le cœur de Mutants: Genesis palpite dans la tension permanente du plateau. Ici, chaque partie s’impose comme un duel d’intelligences où l’anticipation, la lecture de l’adversaire et la maîtrise du hasard s’entremêlent dans un ballet cruel. Vous bâtissez votre deck à partir de plus de deux cents cartes réparties selon six gènes distincts, chacun dictant sa propre grammaire stratégique : la sauvagerie brute, l’éternité indomptable, la froideur technologique, l’ésotérisme instable, la défense inébranlable, la mutation incontrôlable.
La construction de deck, loin d’être une simple accumulation, devient l’art de la prédation : chaque carte choisie, chaque synergie créée façonne votre ascension ou votre chute. Les mécaniques fondamentales reposent sur la domination de l’arène via l’invocation de mutants, l’activation de pouvoirs singuliers, et l’utilisation judicieuse des ressources — psychogène, ADN et énergie — pour écraser ou sublimer vos adversaires. À chaque tour, la décision se fait scalpel : lancer une attaque frontale, préparer une mutation dévastatrice, ou jouer la temporisation pour renverser un match à l’agonie.
Le rythme du jeu, ni frénétique ni languissant, impose la vigilance : chaque action prise ou différée révèle une faille ou prépare un coup de théâtre. Le système encourage la prise de risque, la lecture fine des intentions adverses, et punit toute erreur par une défaite rapide. L’équilibrage, affiné par des mises à jour régulières, prévient la domination d’un seul archétype et favorise la diversité stratégique : aucune lignée ne règne sans partage, aucune tactique n’offre de victoire assurée.
En mode solo, la campagne se déploie comme une succession de défis scénarisés, chaque rencontre ajoutant une couche d’enjeux et d’obstacles inédits. Les épreuves ne se limitent pas à la simple opposition de decks : certaines imposent des conditions de victoire atypiques, d’autres introduisent des événements aléatoires, forçant l’adaptation constante. Le mode coopératif, pensé comme un champ de batailles partagées, transforme l’affrontement en expérience de stratégie collective : les alliances se tissent et se brisent sous la pression, chaque victoire arrachée au chaos généré par l’intelligence artificielle ou des rivaux impitoyables.
Enfin, la progression, savamment dosée, offre à la fois gratification immédiate et montée en puissance sur le long terme : chaque succès débloque de nouvelles cartes, chaque défaite incite à repenser sa stratégie, chaque duel propose une leçon ciselée dans la chair numérique de vos mutants.
Métamorphoses digitales et paysages synthétiques
Mutants: Genesis impressionne d’emblée par une direction artistique qui refuse le clinquant facile du néon pour mieux imposer une identité visuelle singulière, ancrée dans un cyberpunk charnel et décadent. Les arènes virtuelles se déploient comme des tableaux en mutation : corridors organiques, citadelles fracturées, biomes industriels hérissés d’éclats lumineux et de cicatrices numériques. Chaque affrontement devient une incursion dans un monde où la frontière entre la chair et le circuit s’efface au profit d’une esthétique troublante, presque viscérale.
Les illustrations de cartes témoignent d’un soin maniaque : créatures composites, silhouettes transhumanistes, hybrides dotés de membres prosthétiques et d’organes rutilants, chaque mutant affiche une identité propre, fruit de croisements impies entre la biologie extrême et la froideur algorithmique. La lisibilité n’est jamais sacrifiée sur l’autel du détail : les effets de mutation, les altérations visuelles et les animations de pouvoirs s’enchaînent avec une fluidité qui sert le jeu sans jamais noyer l’action dans l’excès.
Sur le plan sonore, le jeu tisse une toile d’ambiances synthétiques et de nappes industrielles : la bande originale, traversée de pulsations froides et de motifs électroniques nerveux, accompagne chaque phase de jeu, amplifiant la tension ou creusant le silence lors des instants décisifs. Les bruitages soulignent la matérialité étrange des affrontements : chaque impact, chaque mutation, chaque activation de pouvoir résonne avec une justesse chirurgicale, sculptant le temps et l’espace d’une partie.
Les voix, rares mais bien placées, accentuent l’impression d’oppression et de solitude : quelques ordres murmurés, des bribes de dialogue filtrées par des synthétiseurs, et cette sensation persistante d’être surveillé par un système qui ne dort jamais. La cohérence entre l’image et le son, entre la froideur visuelle et la pulsation électronique, inscrit Mutants: Genesis dans la lignée des univers où chaque élément contribue à façonner l’atmosphère — étouffante, irrespirable, mais inoubliable.
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