Sorti le 29 janvier 2019, Genesis Alpha One est une expérience spatiale hybride, développée par Radiation Blue et éditée par Team17 Digital Ltd. À mi-chemin entre gestion, survie et roguelike, il vous place dans la peau d’un capitaine de vaisseau chargé de coloniser une nouvelle planète pour l’humanité, une mission où chaque choix peut mener à la prospérité ou à l’extinction totale.
Mais cette odyssée interstellaire parvient-elle à fusionner harmonieusement ses multiples mécaniques, ou se perd-elle dans le vide spatial en accumulant les ambitions sans parvenir à les maîtriser ?
Un dernier espoir perdu dans l’immensité du cosmos
L’humanité n’a plus d’avenir sur Terre. Ravagée par la guerre, la pollution et la surpopulation, elle ne peut compter que sur quelques rares colons envoyés à travers la galaxie, chargés d’implanter une nouvelle civilisation sur une planète encore inexplorée. Vous êtes l’un de ces derniers pionniers, commandant d’un vaisseau Genesis, lancé vers l’inconnu, sans retour possible, avec pour mission de trouver un nouveau foyer pour l’humanité.
Mais l’espace n’est pas une terre d’accueil clémente. Radiations mortelles, parasites extraterrestres, pillards interstellaires, mutations génétiques imprévues… Votre mission ne consiste pas simplement à explorer et à terraformer, mais à survivre, à gérer les ressources du vaisseau, à défendre votre équipage, et surtout, à prendre des décisions qui détermineront l’avenir de votre espèce.
Car vous n’êtes pas seul dans cette mission. Dès les premières heures, vous devez peupler votre vaisseau de clones, créés à partir de votre propre ADN, pour assurer la gestion des modules, des cultures et des défenses. Mais le jeu ne s’arrête pas là. À mesure que vous explorez la galaxie, vous récupérez de l’ADN extraterrestre, vous offrant la possibilité de modifier l’ADN humain, de l’améliorer, de le fusionner avec d’autres formes de vie.
Jusqu’où êtes-vous prêt à aller pour assurer la pérennité de votre mission ? Peut-on encore parler d’humanité lorsque votre équipage se transforme peu à peu en une espèce hybride, adaptée aux rigueurs de l’espace mais si éloignée de ses origines ?
Là où d’autres jeux imposeraient un récit linéaire et des personnages écrits, Genesis Alpha One laisse le soin au joueur de modeler sa propre histoire, au fil de ses choix, de ses découvertes et des mutations qu’il impose à son équipage. Chaque partie devient un récit unique, porté non pas par des dialogues ou des cinématiques, mais par l’évolution progressive de votre colonie et les dangers imprévisibles qui menacent de l’anéantir.
Construire, explorer, survivre
Dans Genesis Alpha One, vous ne pilotez pas un simple vaisseau d’exploration. Vous construisez, module par module, la seule chance de survie de l’humanité. Chaque partie commence de la même manière : un squelette de station spatiale, quelques clones pour gérer les opérations, et un objectif lointain mais essentiel : trouver une planète habitable avant que tout ne s’effondre. La pression est immédiate, car rien n’est stable. Le moindre faux pas peut condamner votre mission, et chaque décision façonne un peu plus le futur de votre équipage… ou son extinction.
Le cœur du jeu repose sur la construction modulaire du vaisseau, un aspect aussi stratégique qu’organique. Vous ne vous contentez pas d’ajouter des salles au hasard : chaque module doit être réfléchi, chaque couloir optimisé. Un laboratoire trop éloigné ralentit l’étude des échantillons, un hangar mal placé met en danger l’intégrité de la station en cas d’intrusion. Les choix ne sont jamais anodins, et un vaisseau mal conçu devient une tombe flottante plutôt qu’un refuge.
Mais la survie ne se limite pas aux murs d’acier. Il faut sortir, explorer, récupérer des ressources et affronter l’inconnu. Vous descendez sur des planètes générées procéduralement, chacune avec son propre climat, ses propres dangers, ses propres secrets. Certaines regorgent de minerais essentiels, d’autres ne sont que des déserts toxiques infestés de parasites, et parfois, vous tombez sur des vaisseaux abandonnés, vestiges d’expéditions qui ont échoué avant vous. Chaque sortie est un risque calculé, car vous n’avez aucune idée de ce qui vous attend tant que vous n’avez pas posé le pied sur le sol.
C’est ici que le jeu révèle son équilibre fragile entre tension et frustration. L’exploration est stimulante, mais l’action l’est beaucoup moins. Le combat à la première personne est limité, les armes manquent de sensation, et les affrontements deviennent vite répétitifs. Vous tirez, vous rechargez, vous retournez au vaisseau. Pas d’esquives dynamiques, pas de variations dans le comportement des ennemis, juste des créatures qui vous foncent dessus avec un certain fatalisme. Le danger ne vient pas des combats eux-mêmes, mais de leur accumulation, et de la pression constante de devoir protéger un équipage trop vulnérable. L’exploration des planètes est tout aussi décevante : ces dernières sont de minuscules zones, vides et dénués d’intérêt sinon la récupération de quelques ressources.
Le véritable ennemi, en réalité, est souvent invisible. Une spore qui s’accroche à une cargaison et se propage dans les conduits, un clone qui développe une mutation instable et contamine ses camarades, une erreur dans la gestion de l’oxygène qui condamne une section entière du vaisseau. Le danger ne se manifeste pas toujours avec une alarme stridente et un monstre bondissant des ténèbres, il est parfois silencieux, insidieux, et vous réalisez trop tard que vous avez perdu le contrôle.
C’est là que Genesis Alpha One excelle. Il ne raconte pas une histoire avec des cinématiques et des dialogues dramatiques. Il laisse le joueur créer son propre récit, un enchaînement de décisions qui, à chaque partie, mène soit à la renaissance d’une civilisation, soit à un échec inévitable gravé dans l’infini du cosmos.
Mais alors que le jeu brille par son concept et son ambiance, il est freiné par son exécution. L’interface est lourde et peu intuitive, obligeant à naviguer entre trop de menus et commandes mal optimisées. L’IA de l’équipage est basique, rendant la gestion parfois laborieuse. Les animations manquent de fluidité, et certains éléments de gameplay, comme le farming de ressources, deviennent trop mécaniques sur le long terme.
Genesis Alpha One est donc un jeu d’idées, fascinant sur le papier, captivant dans ses meilleurs moments, mais pénalisé par un manque de finition et une certaine répétitivité. Ceux qui chercheront une aventure immersive et stratégique y trouveront une expérience unique, tandis que les joueurs en quête d’action soutenue risquent de décrocher bien avant d’atteindre leur planète Alpha.
Un voyage stellaire entre grandeur et austérité
L’espace a rarement semblé aussi froid et impersonnel que dans Genesis Alpha One. Ce n’est pas une odyssée colorée aux confins de la galaxie, mais une mission de survie austère, où la beauté du cosmos laisse place à des intérieurs métalliques et à des planètes désolées. La direction artistique opte pour une approche réaliste, presque clinique, renforçant l’atmosphère oppressante du voyage.
Le vaisseau, votre unique refuge, prend vie à travers vos constructions. Chaque module a son propre style, de la lumière verdâtre des serres aux couloirs sombres des sections techniques, mais l’ensemble garde une identité minimaliste, industrielle, presque froide. Ce n’est pas un design destiné à émerveiller, mais à rappeler que votre station est avant tout un outil, un assemblage pragmatique où chaque élément a une fonction bien précise.
Lorsque vous quittez l’habitacle sécurisé du vaisseau pour explorer l’espace, le contraste est frappant. Les planètes, générées procéduralement, offrent des paysages variés, mais jamais réellement marquants. Montagnes, plaines rocheuses, océans toxiques… chaque monde semble hostile, inhabité, stérile, et si cette approche renforce l’impression de solitude et de danger, elle peut aussi donner une sensation de vide, d’un manque de détails qui aurait pu donner plus de personnalité à ces terres inexplorées.
D’un point de vue technique, le jeu tourne de manière fluide, mais les textures et effets de lumière restent simples, parfois trop, rappelant davantage un jeu indépendant que les grandes productions du genre. Les animations manquent également de naturel, particulièrement lors des affrontements, où les ennemis ont des mouvements rigides et peu réactifs.
Si l’aspect visuel oscille entre choix stylistique assumé et limitations techniques visibles, l’ambiance sonore, elle, fait un travail remarquable pour renforcer l’immersion.
L’espace est un vide silencieux, mais votre vaisseau n’est jamais totalement muet. Le ronronnement des moteurs, le bourdonnement des lumières, les alarmes qui se déclenchent à l’arrivée d’un parasite, le grésillement des communications… chaque bruit vient rappeler que votre station est une entité vivante, un écosystème où chaque dysfonctionnement peut annoncer un désastre imminent.
La musique, discrète, s’inspire des grands classiques de la science-fiction, avec des nappes synthétiques qui s’étirent et s’évanouissent dans le néant, renforçant l’isolement et la tension permanente. Ce n’est pas une bande-son spectaculaire, mais une présence fantomatique qui accompagne vos décisions, soulignant l’inéluctabilité de votre voyage et le poids de vos échecs.
Le sound design prend toute son ampleur dans les moments de crise. L’alarme stridente d’une brèche dans la coque, le cri d’un équipier attaqué dans l’obscurité d’un couloir, le sifflement d’une porte qui s’ouvre sur un module infesté, chaque détail amplifie la paranoïa latente du jeu, vous forçant à rester sur vos gardes, même dans ce que vous pensiez être un environnement maîtrisé.
Genesis Alpha One ne cherche pas à impressionner par sa technique ou son spectacle, mais à vous enfermer dans un huis clos oppressant, un voyage où chaque son compte plus que chaque image, et où le vide de l’espace devient un écho du vide qui menace votre propre mission.
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