Sorti le 14 novembre 2024 sur Nintendo Switch, Dorfs: Hammers for Hire est un jeu développé par Ravegan et édité par Purple Play. Ce titre propose une expérience coopérative unique, mettant en scène une équipe de nains artisans parcourant le monde pour fournir armes et armures aux champs de bataille. Mais cette aventure mêlant artisanat frénétique et défis chronométrés parvient-elle à forger une expérience ludique solide ?
Des enclumes, du sang et un empire à reconstruire
Loin des récits de héros solitaires ou des épopées guerrières habituelles, Dorfs: Hammers for Hire vous place dans la peau d’une guilde de nains artisans, dont la mission n’est pas de mener des batailles, mais d’armer ceux qui les livrent. Ici, point de grand royaume en péril ou de prophétie mystique, mais une économie de guerre en marche, où les meilleurs forgerons ne façonnent pas seulement du métal, mais le destin des armées qui en dépendent.
L’histoire repose sur un concept simple mais efficace : après des années de conflits incessants, les nations humaines, elfiques et orques doivent se reconstruire, mais leurs arsenaux sont à sec, et leurs guerriers sous-équipés. C’est dans ce contexte que votre guilde, autrefois oubliée, voit une opportunité de prospérer en répondant aux besoins de ces royaumes déchirés. Fournissez des armes aux commandants en guerre, réparez les armures des survivants, améliorez les équipements des champions : tout repose sur votre capacité à produire rapidement, efficacement et sans erreurs.
Là où Dorfs: Hammers for Hire se distingue, c’est dans sa manière d’intégrer la narration au gameplay. Il ne s’agit pas simplement de compléter des commandes aléatoires, mais d’adapter vos productions aux enjeux du conflit. Une armée en pleine campagne militaire exigera des épées et des haches en quantité, tandis qu’une cité assiégée nécessitera des boucliers renforcés et des protections de siège. Chaque choix que vous faites influence le déroulement des batailles, vous obligeant à prioriser certaines commandes au détriment d’autres, dans un équilibre constant entre profit et impact sur le monde.
Malgré cet univers accrocheur, l’histoire reste plus fonctionnelle qu’omniprésente. Les interactions avec les factions sont limitées, et les événements du monde extérieur se contentent souvent d’être des prétextes pour de nouvelles missions, plutôt qu’un véritable moteur narratif. On ressent l’urgence des guerres en cours, mais sans jamais être vraiment impliqué dans leur résolution, ce qui peut donner l’impression d’être un simple rouage dans une machine plutôt qu’un véritable acteur du destin du monde.
Si Dorfs: Hammers for Hire réussit à proposer un contexte original et dynamique, il lui manque une touche de profondeur narrative pour faire de son univers autre chose qu’un simple décor pour une mécanique de jeu bien huilée.
Le fracas du métal et la course contre la montre
Dans Dorfs: Hammers for Hire, le champ de bataille n’est pas une plaine ensanglantée mais une forge en pleine effervescence, où chaque enclume, chaque fourneau et chaque coup de marteau détermine l’issue d’un conflit lointain. Ici, pas de gestion d’armées ni de stratégie militaire : tout repose sur votre capacité à produire, organiser et livrer les bonnes armes et armures au bon moment.
Le gameplay repose sur une mécanique de production frénétique, où vous devez gérer un atelier avec plusieurs nains, chacun assigné à une tâche précise. Extraction des matières premières, raffinage du métal, forge des armes, polissage, enchantement… tout doit être coordonné avec une précision millimétrée, car chaque commande est soumise à une limite de temps stricte. Un retard peut signifier la perte d’un contrat et, pire encore, un revers pour les armées qui comptaient sur vous.
L’un des aspects les plus captivants du jeu est son adaptation dynamique des missions. Les batailles qui se déroulent en arrière-plan influencent directement vos objectifs. Si une faction subit de lourdes pertes, elle exigera davantage d’armes et d’armures pour compenser. Si un siège se prolonge, les demandes de munitions et de renforts défensifs explosent. Cette tension constante entre production et pression extérieure force à une prise de décision rapide, où chaque erreur peut être fatale.
Là où Dorfs: Hammers for Hire excelle, c’est dans sa boucle de gameplay fluide et nerveuse. La répartition des tâches entre vos ouvriers est un ballet organisé, où les erreurs d’optimisation se paient cher. Chaque mission devient un puzzle logistique, où vous devez anticiper les besoins, améliorer votre équipement et automatiser certaines étapes pour survivre aux demandes de plus en plus exigeantes.
Mais si le jeu brille par son concept addictif, il peut aussi devenir répétitif sur le long terme. Les tâches restent globalement les mêmes, et bien que les défis évoluent, le cœur du gameplay ne se renouvelle pas suffisamment. De plus, la difficulté peut parfois être mal équilibrée, avec des missions qui basculent de trop faciles à brutalement exigeantes, sans progression fluide.
Enfin, le mode coopératif ajoute une vraie valeur au titre, permettant de partager la gestion du travail avec d’autres joueurs, rendant chaque session plus dynamique et plus chaotique à la fois. Mais en solo, l’expérience peut devenir stressante voire frustrante, surtout face aux deadlines serrées et aux erreurs coûteuses.
Avec une tension constante, un système de production captivant et une exigence de coordination millimétrée, Dorfs: Hammers for Hire réussit à transformer un simple atelier de forgerons en un champ de bataille nerveux et palpitant. Mais son manque de renouvellement et certaines phases déséquilibrées peuvent nuire à son attrait sur le long terme.
Un artisanat en technicolor et une forge qui résonne
Visuellement, Dorfs: Hammers for Hire adopte un style cartoon chaleureux, où chaque détail, des enclumes surchauffées aux grimaces des nains surexcités, respire la vie et l’énergie. Les couleurs vives, les animations exagérées et le design des ateliers rappellent les jeux de gestion les plus dynamiques, renforçant le sentiment de chaos organisé propre au gameplay.
Chaque zone de production est un véritable spectacle visuel, avec des marteaux qui frappent à la chaîne, des chaudrons qui débordent de métal en fusion, des convoyeurs surchargés de commandes prêtes à être livrées. La lisibilité de l’action est excellente, chaque tâche étant représentée par des animations claires et distinctes, facilitant la gestion en temps réel même dans les moments les plus frénétiques.
Cependant, si l’aspect cartoon fonctionne à merveille pour l’immersion, certains joueurs pourraient regretter un certain manque de variété dans les environnements. Les ateliers évoluent peu, et les nouvelles zones débloquées offrent des changements plus fonctionnels qu’esthétiques, ce qui peut réduire l’effet de surprise au fil des heures.
Là où le jeu frappe fort, c’est sur son ambiance sonore. Chaque coup de marteau, chaque grincement de métal et chaque bruit de soufflet forge une immersion totale, donnant une sensation physique aux actions que vous enchaînez. Les ordres aboyés des nains, les bruits sourds des enclumes et le crépitement des flammes viennent compléter ce tableau sonore, transformant chaque mission en un véritable concert industriel.
La bande-son, quant à elle, oscille entre des morceaux énergiques inspirés de la musique folklorique et des thèmes plus épiques qui montent en intensité lorsque la pression s’accroît. Le rythme s’adapte aux deadlines des commandes, accentuant le sentiment d’urgence lorsque l’atelier atteint son point de rupture.
Si l’on peut regretter un certain manque de diversité dans les environnements, Dorfs: Hammers for Hire réussit à imposer une identité visuelle et sonore immédiatement reconnaissable, rendant chaque session frénétique, vibrante et diablement engageante.
0 commentaires