Digimon World: Next Order, sorti sur Nintendo Switch le 22 Février 2023, est un portage d’un titre initialement lancé sur PlayStation Vita en 2016, puis sur PlayStation 4 en 2017. Ce jeu, qui mélange gestion de monstres à la Tamagotchi et exploration en monde ouvert, propose de revisiter l’un des mondes les plus emblématiques des années 90. Cependant, si l’aspect nostalgique joue un rôle important, parvient-il à captiver un public plus large, ou se contente-t-il de satisfaire les fans de longue date ?
Un monde digital à explorer, mais à quel prix ?
Digimon World: Next Order vous plonge dans un monde numérique en péril. Le protagoniste, que le joueur peut choisir au début du jeu, est transporté dans ce monde avec pour mission de rétablir l’ordre après que Machinedramon ait semé le chaos. Pour accomplir cette tâche, il est accompagné de deux Digimons, qui l’aideront à recruter d’autres créatures, à reconstruire la ville de Flotia, et à explorer les diverses régions du monde.
Le jeu propose une exploration relativement libre, avec plusieurs environnements variés allant du Logic Volcano au MOD Cape. Cependant, malgré cette diversité de lieux, le plaisir d’exploration est largement tempéré par un gameplay répétitif et une progression laborieuse. Les joueurs doivent s’occuper de leurs Digimons de manière presque obsessionnelle : les entraîner, les nourrir, les soigner, et même les accompagner aux toilettes. Ne pas répondre à ces besoins peut entraîner des conséquences frustrantes, comme voir l’un de vos compagnons se transformer en Sukamon, une créature inutile en combat, simplement parce qu’il n’a pas été emmené aux toilettes à temps. Cette gestion constante, bien qu’elle rappelle les racines Tamagotchi de la série, devient rapidement une corvée envahissante.
Un gameplay daté
Le système de combat de Digimon World: Next Order se veut différent des RPG traditionnels. Vous n’êtes pas directement en contrôle lors des affrontements ; au lieu de cela, vous donnez des ordres à vos Digimons qui agissent de manière autonome. Cette approche, bien que aux opus Worlds de la licence, donne une impression de passivité qui finit indubitablement par frustré, surtout lorsque vos créatures se laissent mourir sans raison.
Le jeu introduit néanmoins quelques nouveautés dans ce portage Switch, notamment un mode de difficulté débutant. Cette option permet d’adapter le jeu aux nouveaux venus en facilitant l’accumulation de ressources et en augmentant la vitesse de déplacement. Bien que ce soit un ajout bienvenu pour rendre l’expérience plus accessible, il ne suffit pas à masquer les défauts fondamentaux du gameplay. Les combats, même avec ces ajustements, manquent de profondeur et deviennent rapidement répétitifs, particulièrement lorsque l’on doit enchaîner les mêmes actions encore et encore pour progresser.
L’équilibrage des combats est également problématique. Il n’est pas rare de se retrouver face à des ennemis dont le niveau semble incohérent avec la progression du joueur, créant des pics de difficulté qui ne sont ni justifiés ni bien intégrés dans la courbe d’apprentissage. Se retrouver nez à nez avec un ennemis ayant dix niveaux de plus que vous, alors que les autres adversaires étaient plus faible, gâche le plaisir de l’exploration ; surtout en considérant que vos créatures ont une « durée de vie » relativement faible.
Car, tout comme dans les épisodes Worlds, vos Digimons ne sont pas éternels. Vous disposez uniquement de deux monstres pour se battre à vos côtés. Ces derniers finissent par mourir de vieillesse plus ou moins rapidement, en fonction de l’expérience accumulé et des défaites lors des combats. Une fois tombés, un nouvel œuf émerge vous permettant d’adopter une nouvelle créature conservant une partie des forces et des faiblesses de la précédente.
L’idée, si elle bonne sur le papier, cause rapidement des moments de frustrations et de lassitude délétères à l’expérience globale. Perdre une créature surpuissante, c’est souffrir de l’obligation de recommencer à en entrainer une nouvelle dès son premier stade, dés le de départ, sans qu’elle n’ait la puissance nécessaire pour vous permettre de progresser dans votre exploration. Vous vous retrouvez donc contraint de grinder afin de pouvoir progresser, au risque que votre Digimon meurt de nouveau rapidement, limitant votre progression dans le scénario.
Une réalisation correcte, mais sans éclaté
Sur le plan technique, Digimon World: Next Order se comporte correctement sur Nintendo Switch. Le jeu tourne sans accroc majeur, et les visuels, bien qu’ils ne soient pas au niveau des standards actuels, restent agréables à l’œil. Les graphismes ont été légèrement améliorés par rapport à la version Vita, mais ils restent en deçà de ce que l’on pourrait attendre d’un jeu sorti en 2023. Les décors manquent de détails, et l’ensemble souffre d’une certaine rigidité visuelle qui trahit les origines du jeu. En mode portable, le titre montre encore plus ses limites avec des arrière-plans qui manquent de netteté et un framerate qui, bien que stable, n’est pas à la hauteur de ce que l’on pourrait attendre.
L’interface utilisateur, de son côté, est un autre point négatif. Elle est confuse et difficile à naviguer, ce qui n’aide pas à rendre l’expérience plus fluide. Les menus sont encombrés, et il faut un certain temps pour s’habituer à la gestion des différentes fonctions. De plus, les tutoriels n’expliquent pas de manière claire certaines mécaniques plus complexes, ce qui laisse les joueurs dans l’ignorance de certains aspects du jeu jusqu’à ce qu’ils les découvrent par eux-mêmes ou par le biais d’internet (comme pour certaines mécaniques de Digivolution, ou le fait non négligeable de laisser les créatures se reposer avant qu’elles ne soient fatigué, au risque de diminuer drastiquement leur durée de vie).
L’ambiance sonore de Digimon World: Next Order sert bien le gameplay, mais loin d’être mémorable. La bande-son accompagne bien les différentes phases de jeu, avec des morceaux qui collent à l’atmosphère de chaque environnement. Cependant, la musique devient rapidement répétitive, ce qui diminue son impact sur l’immersion. Les thèmes musicaux finissent par lasser après plusieurs heures de jeu, surtout lorsque l’on passe beaucoup de temps dans les mêmes zones.
Les effets sonores, quant à eux, sont corrects sans être impressionnants. Ils remplissent leur rôle sans vraiment se démarquer, ce qui contribue à renforcer l’impression générale que Digimon World: Next Order est un jeu qui manque de personnalité et d’originalité pour vraiment marquer les esprits.
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