Night City ne change pas. Les néons scintillent toujours au-dessus des rues crasseuses, les corpos continuent de tirer les ficelles, et les mercenaires comme vous survivent tant bien que mal dans un monde où chaque opportunité cache un piège. Mais cette fois, les enjeux sont encore plus grands.
Avec Phantom Liberty, Cyberpunk 2077 revient en force avec une extension qui promet d’enrichir l’expérience initiale tout en apportant une nouvelle intrigue, plus sombre, plus tendue, plus personnelle. Un thriller d’espionnage où les frontières entre le bien et le mal s’effacent sous la pression des complots et des trahisons.
Après une première sortie marquée par des promesses non tenues, CD Projekt Red a-t-il enfin su transformer Night City en ce qu’elle aurait toujours dû être ? Ou bien cette nouvelle mission n’est-elle qu’un dernier tour de piste avant de tirer sa révérence ?
Une guerre dans l’ombre
Night City n’a jamais été une ville de héros. Ici, les histoires ne se terminent pas bien, les promesses n’engagent que ceux qui y croient, et la seule chose qui compte, c’est la manière dont on choisit de crever. Dans Phantom Liberty, V n’est plus un simple mercenaire cherchant à survivre dans un monde qui veut sa peau. Cette fois, c’est une course contre la montre, une affaire d’État, un jeu d’échecs où chaque pièce qui tombe change l’équilibre du plateau.
Tout commence par un crash, une présidente qui chute du ciel et un appel à l’aide qu’on aurait peut-être dû ignorer. Un avion de la New United States of America s’écrase en plein Dogtown, une zone de guerre autonome aux mains d’un seigneur du crime. Les corpos n’ont plus la main ici, la police n’y met plus les pieds, et les lois de Night City ne s’appliquent plus. On y survit en vendant son sang, en échangeant ses organes et en marchant sur les cadavres qu’on laisse derrière soi.
Votre mission ? Pénétrer Dogtown, retrouver la présidente Rosalind Myers et assurer son extraction. Mais comme toujours, dans cette ville, rien ne se passe comme prévu. Dans Phantom Liberty, l’ennemi n’est pas toujours celui qu’on croit. Les pions sur l’échiquier sont nombreux, et tous ont quelque chose à cacher.
Solomon Reed, ex-agent des Fantom Liberty, est l’un d’eux. Incarné par Idris Elba, il est l’homme de la situation. Un vétéran brisé, un espion qui a trop vu, trop entendu, trop encaissé. Il ne sourit pas, il ne parle jamais trop longtemps, et il ne fait confiance à personne. Travailler avec lui, c’est entrer dans un engrenage dont il sera impossible de sortir indemne. Puis il y a Songbird, une netrunner dont le génie rivalise avec sa capacité à disparaître dans les méandres du cyberespace. C’est elle qui vous recrute, qui vous guide, qui vous promet que cette mission pourrait être votre porte de sortie. Mais dans une ville où tout le monde ment, où tout le monde a un plan caché, peut-on vraiment lui faire confiance ? Et au sommet du chaos, Kurt Hansen, seigneur de guerre de Dogtown, ancien militaire devenu roi d’un territoire oublié de tous. Un homme dangereux, paranoïaque, qui contrôle son royaume d’une main de fer, entouré de soldats surarmés prêts à tuer sur un simple regard.
Chaque rencontre est un piège, chaque alliance une décision aux conséquences incertaines. Dans ce jeu d’espions et de trahisons, la seule certitude, c’est que personne ne sortira indemne. Là où Cyberpunk 2077 embrassait la liberté totale, Phantom Liberty impose sa loi. Moins de chaos, plus de contrôle. L’histoire est plus dirigée, plus tendue, et chaque mission ressemble à une scène de film noir où l’ombre des services secrets pèse sur chaque décision.
Les dialogues sont ciselés, la tension palpable. Le joueur est constamment poussé dans ses retranchements, forcé de faire des choix sans jamais savoir à l’avance où ils le mèneront. Et cette fois, les choix comptent vraiment. Les décisions prises modifient profondément l’histoire, menant à plusieurs fins qui ne se contentent pas de quelques variations cosmétiques. Là où Cyberpunk 2077 donnait parfois l’impression que le destin de V était gravé dans le marbre, Phantom Liberty lui offre de nouvelles routes, de nouveaux espoirs… et de nouvelles chutes.
Ce n’est plus seulement une question de survie. C’est une guerre dans l’ombre. Et cette fois, il n’y aura pas de seconde chance.
Un gameplay affûté comme une lame monomoléculaire
Night City n’a jamais été un endroit sûr. Mais Dogtown ? C’est une autre histoire. Dans Phantom Liberty, Cyberpunk 2077 ne se contente pas d’ajouter du contenu : il se réinvente. Les mécaniques sont peaufinées, les combats deviennent plus viscéraux, plus stratégiques, et chaque affrontement ressemble à une danse mortelle où chaque mouvement peut être le dernier.
Ici, rien n’est gratuit. Pas un seul tir, pas une seule ligne de code piraté, pas une seule mission acceptée. Dogtown ne vous attend pas à bras ouverts, et ceux qui pensent pouvoir y survivre avec les anciennes règles de Night City vont vite comprendre que le jeu a changé. Là où Cyberpunk 2077 donnait parfois l’impression d’un chaos mal maîtrisé, Phantom Liberty affine chaque mécanique. Les armes ont du poids, les tirs percutent avec une force brute, et les améliorations cybernétiques sont enfin au cœur du gameplay.
Les affrontements ne sont plus seulement nerveux : ils sont brutaux, exigeants, et impitoyables. Grâce à la refonte du système de compétences, chaque spécialisation compte réellement. Un hacker peut semer la panique sans tirer un seul coup de feu, un monstre cybernétique peut foncer au corps-à-corps et briser un ennemi en un seul coup, tandis qu’un spécialiste des armes lourdes peut transformer chaque ruelle en champ de bataille.
Bienvenue dans Dogtown. Ici, la loi n’existe pas.
Ce quartier, autrefois une zone d’expérimentation corporatiste, est devenu un territoire hors de contrôle, une enclave où les puissants ne règnent que par la force et la peur. Kurt Hansen en est le tyran, et sa milice ne recule devant rien pour écraser ceux qui osent défier son règne. Contrairement aux autres quartiers de Night City, Dogtown n’est pas une simple extension de la carte. C’est un environnement pensé pour être un terrain de chasse où chaque coin de rue peut devenir un piège, où l’on peut tomber sur une patrouille armée jusqu’aux dents ou un deal qui tourne mal.
La verticalité y est plus marquée que dans le reste du jeu. Les bâtiments délabrés regorgent de passages secrets, de cachettes, de perchoirs pour les snipers et de raccourcis mortels. Il ne s’agit plus seulement de courir d’un point A à un point B, mais de réfléchir à chaque déplacement, d’analyser chaque angle mort. Les missions, elles aussi, profitent de cette refonte du level design. Les zones de combat sont plus ouvertes, offrent davantage de possibilités d’infiltration, et poussent le joueur à expérimenter plutôt qu’à simplement suivre un couloir de balles et d’explosions. Chaque ruelle cache une histoire. Chaque bâtiment est un potentiel tombeau.
Avec Phantom Liberty, Cyberpunk 2077 abandonne enfin ses vestiges d’open-world classique pour embrasser pleinement son ADN de RPG. La refonte des arbres de compétences transforme radicalement la manière dont V évolue. Fini les choix de talents anecdotiques qui ne changent rien à l’expérience. Chaque amélioration débloquée est tangible, visible, et a un impact immédiat sur la manière d’aborder les combats et l’exploration.
L’introduction des capacités ultimes permet désormais de spécialiser V en un véritable monstre dans son domaine. Les netrunners peuvent accéder à des hacks plus complexes, créant un véritable chaos numérique en neutralisant plusieurs cibles simultanément. Les spécialistes du corps-à-corps peuvent effectuer des attaques surhumaines, brisant les défenses ennemies en un seul mouvement. Même le système de cyberware a été repensé. Les implants ne sont plus de simples améliorations passives, mais des atouts à gérer intelligemment, avec des limitations qui poussent à choisir entre puissance et équilibre.
Phantom Liberty ne vous prend jamais par la main. Le jeu vous donne des pistes, vous souffle des idées, mais vous laisse seul face aux décisions cruciales. Aider Songbird ou la trahir ? Suivre Solomon Reed ou choisir votre propre voie ? Accepter de jouer le jeu des corpos ou tout faire exploser ? Les conséquences ne sont pas que cosmétiques. Elles façonnent réellement la fin de l’extension, et peuvent même avoir un impact sur l’ensemble du jeu principal. Phantom Liberty ne se contente pas d’être une extension. C’est une métamorphose.
Les combats sont plus brutaux, les missions plus variées, l’exploration plus réfléchie. Dogtown est un véritable terrain de jeu mortel, un lieu où la survie ne tient qu’à un fil, où chaque fusillade peut être la dernière. Et surtout, le RPG est enfin digne de ce nom. Cyberpunk 2077 avait les bases d’un jeu exceptionnel, mais il lui manquait une véritable profondeur de gameplay. Phantom Liberty corrige cela en apportant un système de progression plus engageant, un level design plus intelligent et une narration qui donne enfin du poids aux choix du joueur.
Ce n’est plus seulement un bon DLC. C’est la véritable renaissance de Cyberpunk 2077.
Quand Dogtown avale la lumière, l’ombre devient votre seule alliée
Cyberpunk 2077 a toujours été une claque visuelle et sonore, un univers qui submerge autant qu’il hypnotise. Avec Phantom Liberty, Night City ne se contente plus d’être un décor : elle devient un personnage à part entière, un monstre urbain qui s’étend dans chaque reflet, dans chaque éclat de néon, dans chaque note de musique qui vibre dans l’air chargé d’électricité.
Dogtown, la nouvelle zone de l’extension, est un chef-d’œuvre de brutalité visuelle. Les bidonvilles en tôle se dressent sous des immeubles délabrés, les projecteurs de sécurité balayent des ruelles dévastées par la guerre des gangs, et partout, la crasse, le béton et la rouille racontent une histoire de violence et de survie. Les effets de lumière transforment chaque ruelle en un tableau cyberpunk dystopique : des reflets huileux sur l’asphalte, des hologrammes déformés par l’humidité, et toujours cette impression d’étouffement, comme si le ciel lui-même s’était refermé sur la ville.
Night City a toujours été une ville qui avale ses habitants. Dogtown, lui, ne se contente pas de les broyer : il les recrache sous forme de cadavres. Lors de son lancement en 2020, Cyberpunk 2077 était un monstre à deux visages : magnifique d’un côté, chaotique de l’autre. Aujourd’hui, avec Phantom Liberty et la mise à jour 2.0, le jeu tourne enfin comme il l’aurait toujours dû.
Les performances sont fluides, avec un rendu graphique impressionnant qui fait honneur aux ambitions initiales du projet. Le mode performance garantit une fréquence d’images de 60 FPS pour des combats nerveux et des déplacements dynamiques, tandis que le mode qualité pousse la résolution et les effets visuels à leur maximum, offrant une vision plus cinématographique de Night City. Les temps de chargement sont quasiment inexistants grâce au SSD, permettant une immersion totale. Passer d’un quartier à l’autre ne se fait plus avec des coupures frustrantes, et les transitions entre les intérieurs et l’extérieur sont parfaitement fluides.
Si Night City vit par ses images, elle respire à travers sa musique.
Phantom Liberty renforce encore cette identité sonore si unique. La bande-son alterne entre nappes électroniques anxiogènes, riffs de guitare agressifs et basses vibrantes qui résonnent dans la cage thoracique. Les compositions de Marcin Przybyłowicz, P.T. Adamczyk et Paul Leonard-Morgan, déjà saluées dans le jeu de base, s’enrichissent de nouvelles sonorités, plus tendues, plus sombres, parfaitement adaptées au thriller d’espionnage qu’est cette extension. Les radios de Night City diffusent toujours une variété impressionnante de morceaux, oscillant entre rock industriel, techno destructurée et rap cybernétique, mais Dogtown impose sa propre ambiance sonore. Ici, la musique ne sert pas seulement à remplir l’espace : elle accentue la tension, elle renforce la paranoïa ambiante.
Chaque scène d’action est amplifiée par une bande-son réactive, chaque fusillade trouve son écho dans des beats agressifs, et même les moments de calme sont teintés de synthés inquiétants qui rappellent que la tempête n’est jamais loin.
Et puis, il y a Idris Elba. Son interprétation de Solomon Reed ne se limite pas aux dialogues : sa voix grave, ses silences lourds de sens, chaque intonation ajoute à l’immersion. Comme Keanu Reeves avec Johnny Silverhand, il insuffle une présence qui dépasse l’écran.
Phantom Liberty ne se contente pas de raconter une histoire : il la fait ressentir. Avec cette extension, Cyberpunk 2077 atteint enfin son plein potentiel en matière de direction artistique et d’identité sonore.
Dogtown est un cauchemar à ciel ouvert, un tableau cyberpunk où chaque détail contribue à raconter une ville en état de siège. Les performances sont enfin optimisées, permettant de profiter pleinement de cette plongée dans la crasse et le métal. Et la bande-son, toujours aussi percutante, ne fait qu’enfoncer le clou : Night City n’a jamais sonné aussi bien, aussi dangereuse, aussi fascinante.
Phantom Liberty ne fait pas que corriger les erreurs du passé. Il donne enfin à Cyberpunk 2077 l’ambiance et l’impact qu’il méritait dès le premier jour.
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