Il arrive parfois qu’une simulation tente de capturer les gestes les plus minutieux du quotidien pour en faire un terrain d’expression vidéoludique. Avec Car Detailing Simulator, GameFormatic entendait transformer l’art du nettoyage automobile en expérience tactile et méthodique, soutenu par Ultimate Games pour sa sortie sur Nintendo Switch le 13 juillet 2023. Sur le papier, une promesse accessible et engageante. Dans les faits, une implosion technique qui dévore l’intention dès le premier écran.
Lustrer des rêves sans narration pour les faire briller
Car Detailing Simulator ne déploie aucun récit au sens traditionnel. Vous êtes simplement placé à la tête d’un atelier de rénovation automobile, avec pour mission de restaurer, nettoyer et embellir des véhicules dans l’espoir de bâtir une entreprise florissante. L’ensemble se résume à une proposition purement mécanique, sans personnage défini, sans arc narratif, sans dialogue structurant. Aucun client n’existe autrement que comme une commande impersonnelle. Aucune évolution scénarisée ne vient ponctuer votre progression.
Dans cette architecture fonctionnelle, la seule ligne directrice repose sur l’enchaînement des tâches : recevoir un véhicule, diagnostiquer les étapes nécessaires, passer par des phases de lavage, polissage, peinture, puis revendre. Cette suite d’actions forme un cadre répétitif qui ne cherche jamais à construire un univers ou une dimension humaine. L’atelier est vide d’âme, l’expérience strictement utilitaire.
L’illusion d’un geste précis noyée dans un flot d’erreurs
L’ambition initiale de Car Detailing Simulator repose sur une succession d’actions à réaliser sur différents véhicules : nettoyage extérieur, réparation d’éléments esthétiques, aspiration intérieure, polissage de la carrosserie, lustrage des vitres, changement des jantes. L’interface suggère une progression méthodique et modulaire, avec des outils à débloquer et une montée en complexité progressive. Chaque tâche, pensée comme une micro-intervention technique, devrait théoriquement composer un ballet minutieux de gestes professionnels.
Mais dès le lancement, la mécanique s’effondre sous le poids de défaillances critiques. Le joueur se heurte à un tutoriel impossible à conclure, des collisions incohérentes, une caméra défaillante, et surtout un bug de placement systématique dans les textures du garage, rendant les mouvements aléatoires voire totalement bloquants. À chaque relance, la structure s’effrite davantage, rendant impossible la moindre action cohérente.
Les outils, pourtant nombreux et variés dans la version PC, deviennent ici des artefacts dénués de consistance. La logique d’interaction s’efface dans une boucle brisée, où chaque étape, au lieu d’être un geste précis et gratifiant, se transforme en obstacle instable. Le level design se résume à un espace vide, sans repères, sans modularité, sans progression physique ou mentale. Aucun système de mission cohérent ne vient cadrer l’ensemble, aucun retour utilisateur ne valide les actions accomplies.
La promesse de simulation s’éparpille dans des scripts défaillants, des zones de clic imprécises, une absence d’ergonomie et des temps de chargement injustifiables. Là où le gameplay devait s’articuler autour du calme, de la précision et d’une satisfaction progressive, il ne reste qu’un simulateur de frustration en boucle.
Textures sans éclat dans un garage sans réverbère
Le premier contact visuel avec Car Detailing Simulator sur Nintendo Switch impose un constat immédiat : l’ensemble repose sur un portage dépourvu d’adaptation. Les textures s’affichent avec une netteté incertaine, souvent floues, parfois disloquées, laissant apparaître des bavures visuelles sur les véhicules et les environnements. Les surfaces des voitures, censées refléter la lumière ou souligner la propreté, affichent des aplats sans profondeur, sans brillance ni relief.
Le garage principal, unique décor de vos interventions, se présente comme une coquille vide. Aucun élément de décor n’est animé, aucun objet ne semble vivre, aucun effet de lumière ne vient accentuer l’espace. L’absence totale d’ambiance graphique plonge l’ensemble dans une torpeur visuelle, accentuée par un clipping omniprésent et un aliasing marqué, y compris sur les bordures les plus simples.
Les animations des outils et des mouvements manquent de fluidité, donnant à chaque interaction une sensation de flottement ou d’inertie désagréable. Le moindre changement de position provoque un décalage entre l’intention du joueur et le retour à l’écran, ce qui aggrave la perte de contrôle ressentie dans les phases de gameplay.
Sur le plan sonore, Car Detailing Simulator ne propose ni musique mémorable, ni design audio structuré. Les bruitages des outils sont répétitifs, peu dynamiques, et parfois absents lors de certaines actions. Aucun habillage musical ne vient accompagner les longues séquences d’intervention. Le silence ambiant, censé souligner la concentration, glisse ici vers l’oubli.
0 commentaires