Développé et publié par Glitch Goblins, Beyond the Map s’installe en Early Access prévu pour le troisième trimestre 2025 sur PC. Ce survival-ARPG propose un mélange audacieux : base building, exploration de zones procédurales et donjons acérés, le tout baignant dans un univers fantasy fragmenté.
Mais cette promesse de liberté et d’aventure s’épanouit-elle vraiment… ou reste-t-elle prisonnière de bonnes intentions qui n’explosent jamais ?
Des terres brisées qui cherchent encore leur voix
Beyond the Map ne propose pas une narration achevée. En accès anticipé, il esquisse les contours d’un monde en ruine, un territoire éclaté où les vestiges d’un royaume oublié s’entrelacent avec la sauvagerie d’une nature qui a repris ses droits. Le joueur incarne un explorateur sans nom, pion d’une aventure où la survie prime sur le récit, et où chaque choix s’efface devant l’implacable nécessité de bâtir et de résister.
Le jeu tente d’installer une ambiance où le silence et la désolation deviennent des narrateurs. Les zones à arpenter, générées procéduralement, laissent apparaître des fragments de civilisation – statues érodées, temples partiellement effondrés, camps abandonnés – qui suggèrent des histoires, mais n’en racontent jamais vraiment. Ces éléments, censés inviter l’imagination du joueur à combler les vides, finissent par souligner l’absence de figures charismatiques ou de lignes directrices fortes.
Les rares personnages non jouables, encore en gestation dans cette version, se limitent à des fonctions utilitaires : marchands, donneurs de quêtes, artisans. Aucun ne possède encore l’épaisseur nécessaire pour devenir une rencontre mémorable, un point d’ancrage émotionnel. On sent la volonté des développeurs de densifier cet univers, mais pour l’heure, le royaume de Beyond the Map reste une maquette : une terre où l’on avance sans savoir vraiment qui l’on sert ni contre quoi l’on lutte.
Cette approche, tolérable dans un accès anticipé, installe une distance qui pourrait se révéler dangereuse si elle persistait : un monde qui laisse le joueur libre de ses pas, mais qui n’offre pas encore de raison de s’y attacher.
Des fondations solides ensevelies sous des sables mouvants
Le cœur de Beyond the Map repose sur une boucle mêlant exploration, survie et construction. Le joueur évolue dans des environnements générés procéduralement, chaque sortie au-delà du campement devenant une expédition à haut risque. L’objectif est clair : amasser des ressources, renforcer la base et survivre à des vagues d’ennemis de plus en plus agressives. Cette mécanique, séduisante en théorie, parvient à instaurer une tension constante durant les premières heures, mais elle révèle rapidement ses limites dans la version actuelle.
Les contrôles sont fluides : esquives réactives, attaques qui s’enchaînent sans lourdeur excessive. Mais la légèreté des impacts trahit un système de combat qui manque de poids. Les ennemis, bien qu’hostiles en nombre, ne possèdent ni l’intelligence ni la variété d’attaques nécessaires pour transformer les affrontements en défis mémorables. On finit par anticiper leurs mouvements et leurs schémas d’attaque au point que l’adrénaline se dilue.
La construction de base offre un potentiel appréciable : gestion de ressources, choix stratégiques pour renforcer les murs, placer des tourelles et organiser la défense. Pourtant, ce système manque encore de profondeur : les options disponibles sont limitées et les améliorations peinent à créer un sentiment de progression tangible. Le joueur pose des structures, mais aucune d’entre elles ne change vraiment la dynamique d’un assaut ou n’imprime sa marque sur l’univers.
Le level design, entièrement procédural, oscille entre pertinence et vacuité. Certaines zones offrent des paysages surprenants : falaises vertigineuses, marécages noyés de brouillard, ruines grandioses. Mais la répétition d’éléments architecturaux et de patterns d’ennemis brise toute illusion d’un monde vivant. On traverse des espaces qui se ressemblent trop, où la beauté initiale s’efface derrière l’efficacité d’un générateur aléatoire.
La difficulté est encore mal calibrée : certains ennemis apparaissent trop tôt, d’autres zones semblent dépourvues de menace réelle. Cette instabilité est le reflet d’un titre en cours de gestation, qui cherche encore son équilibre entre défi, récompense et plaisir de jeu.
Beyond the Map affiche des intentions claires et des bases fonctionnelles. Mais ces systèmes, encore embryonnaires, doivent s’enrichir pour que l’expérience devienne autre chose qu’une démonstration technique. Dans son état actuel, le jeu oscille entre promesse et répétition.
Des paysages évocateurs étouffés par une ambiance sonore vacillante
Visuellement, Beyond the Map frappe par l’ampleur de ses panoramas. Les environnements, générés procéduralement, affichent des étendues sauvages où le vert des plaines rencontre l’ocre des falaises et le gris des ruines anciennes. À distance, ces décors impressionnent : les jeux de lumière, les variations météorologiques et les cycles jour/nuit confèrent à chaque expédition une atmosphère particulière. Les brouillards qui rampent au sol, les silhouettes d’arbres tordus à contre-jour, tout cela compose une toile qui semble vivante.
Mais à mesure que l’on s’approche, cette beauté se fissure. Les textures manquent de finesse, les animations des créatures et des PNJ paraissent mécaniques, et la répétition d’éléments de décor trahit la nature procédurale du monde. La variété promise s’érode au fil des explorations : certains biomes, pourtant séduisants lors de la première découverte, finissent par se confondre dans une uniformité visuelle.
Côté sonore, le jeu déploie une bande-son minimaliste qui accompagne les pas du joueur sans jamais vraiment s’imposer. Des nappes d’ambiance discrètes, parfois interrompues par des accents percussifs lors des combats, cherchent à renforcer la tension… mais peinent à le faire. Aucun thème ne marque l’esprit, aucun morceau ne vient signer un moment fort. Les bruitages, eux aussi, souffrent d’un certain minimalisme : le craquement du bois sous les pas, le choc d’une lame contre un ennemi, les sons d’alerte lors des assauts de base… tout semble retenu, comme amorti derrière un voile sonore.
Le potentiel esthétique est là, perceptible à chaque détour d’un sentier ou d’un corridor de ruines. Mais dans cet accès anticipé, Beyond the Map offre davantage une esquisse qu’un tableau achevé. L’identité visuelle et sonore existe en filigrane ; elle attend encore d’être pleinement affirmée.
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