Sorti sur Nintendo Switch le 19 octobre 2023, Animal Hospital tente d’offrir une seconde vie à un titre mobile développé par Tivola en 2018, désormais édité sur consoles par Nacon. Dans la lignée de la série « Pet World », ce simulateur vétérinaire s’adresse avant tout aux plus jeunes, avec un gameplay simple et une atmosphère bienveillante.
Mais derrière son apparente générosité et ses patients à quatre pattes, le jeu dévoile les stigmates d’un portage mobile à peine réajusté, porté par un prix inattendu et des mécaniques qui peinent à se renouveler.
Animal Hospital soigne peut-être les animaux, mais il oublie trop souvent de bichonner son propre intérêt ludique.
Une clinique sans âme dans un monde figé
Dans Animal Hospital, vous incarnez un jeune vétérinaire fraîchement diplômé, propulsé à la tête d’une vieille clinique léguée par sa grand-mère. Guidé par le Docteur Espérance, vous apprenez à soigner, aimer et accueillir de nouveaux pensionnaires, dans un cadre entièrement tourné vers la bienveillance.
Sur le papier, l’intention est louable. Mais très vite, la pauvreté de la mise en scène s’impose. Pas de véritable histoire, pas de progression narrative, pas même d’autres PNJ visibles : vous êtes seul, livré à une succession de missions mécaniques, où l’enchaînement des soins remplace toute tentative d’émotion ou de lien.
Même l’introduction peine à séduire : le jeu démarre en anglais, exigeant de configurer manuellement la langue française, et limite la personnalisation de votre avatar à une sélection minimaliste, sans profondeur ni variété.
À travers ses dialogues fixes et son monde déserté, Animal Hospital offre un décor figé, où l’absence d’humanité palpable transforme la clinique en simple chaîne de montage à petits soins, privée de chaleur et d’âme.
Un rituel de gestes vides sous une blouse trop propre
Le quotidien dans Animal Hospital suit une boucle implacable de simplicité, pensée pour ne jamais dérouter les plus jeunes… au risque de rapidement les lasser. Chaque journée commence par l’accueil d’une poignée d’animaux malades, la planification des besoins en médicaments, puis une série d’examens et de soins mécaniques.
L’examen consiste à trouver le mal — une tique, une blessure, une puce — avant d’appliquer le bon outil au bon endroit, en enchaînant des mini-jeux dérisoires, où il suffit d’agiter le stick analogique sans réel besoin de précision ni de réflexion. Il est impossible d’échouer, et même la difficulté n’ose jamais effleurer les joueurs.
La pauvreté des pathologies disponibles, le nombre restreint de soins différents, et la répétition des gestes finissent par vider l’expérience de tout enjeu. Si le tactile en mode portable vient agrémenter la manipulation, il ne sauve en rien la fadeur d’une progression sans surprise.
Très vite, Animal Hospital trahit son origine mobile : des mécaniques minimales, recyclées sans fioriture, conçues pour maintenir l’attention une poignée de minutes, mais bien incapables de captiver sur la longueur.
Une clinique modeste aux couleurs délavées
Visuellement, Animal Hospital assume son héritage mobile sans chercher à le transcender. Le moteur 3D remplit son office avec une sobriété sans éclat, proposant des environnements propres mais sans véritable personnalité, juste assez détaillés pour ne pas heurter la rétine sans jamais provoquer d’émerveillement.
La palette de couleurs, oscillant entre ocres et tons doux, offre une lisibilité correcte, que ce soit en mode portable ou sur écran de télévision. Les textes, noirs sur fond clair, restent eux aussi parfaitement lisibles, preuve que le minimum syndical a été respecté.
Sur le plan sonore, la musique accompagne sans ambition, bercée par des mélodies génériques et vite oubliées, incapables de souligner les rares instants de tendresse qui auraient pu exister entre le joueur et ses petits patients.
Côté bestiaire, en revanche, Animal Hospital tire son épingle du jeu. Chiens, chats, chevaux, ratons laveurs, licornes… les espèces proposées sont nombreuses, et chacune bénéficie d’animations soignées et expressives, véritables petites notes de vie dans un monde sinon figé.
Dans ses meilleurs moments, Animal Hospital parvient ainsi à esquisser des sourires sincères, mais son apparence sage et sans ambition n’invite jamais vraiment à rêver.
Un souffle de gestion pour tenter de ranimer la routine
Derrière sa boucle de soins minimaliste, Animal Hospital tente d’élargir timidement son horizon grâce à une mécanique de micro-gestion. À mesure que vous soignez vos pensionnaires, vous engrangez de l’argent, permettant de rénover votre clinique et de lui insuffler un semblant de vie.
Chaque salle débloquée — échographie, radiologie, analyses sanguines, cardiologie — vient ajouter une nouvelle couche d’interactions, certes légère, mais bienvenue pour éviter que la lassitude ne submerge trop rapidement les plus jeunes joueurs.
Le système de stocks, imposant de surveiller vos réserves de médicaments, de matériel et de nourriture, ajoute un brin de stratégie dans une formule autrement figée. Rien de complexe, évidemment, mais suffisamment ludique pour initier les enfants aux rudiments de la gestion et de la planification.
Malheureusement, cette richesse reste en surface. Les tâches répétitives, le manque d’évolution véritable des soins, et l’absence de toute tension réelle rendent l’expérience agréable pour un public très jeune… mais inapte à captiver au-delà de quelques heures.
Animal Hospital caresse l’ambition de diversifier son contenu, mais ne parvient jamais à échapper totalement à l’ombre de ses origines mobiles.
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