Développé par HandyGames et sorti sur Xbox One en juillet 2018, Aces of the Luftwaffe – Squadron revisite le shoot’em up vertical à l’ancienne, dans une uchronie où la Seconde Guerre mondiale se joue à coups de lasers, de rage incontrôlée et de narcolepsie en plein dogfight. Jouable en solo ou en coop locale jusqu’à quatre, le titre propose une lecture burlesque de l’aviation héroïque, entre nostalgie pixelisée et absurdité narrative.
Mais ce feu d’artifice de projectiles tient-il vraiment la trajectoire, ou s’écrase-t-il sous le poids de ses propres gimmicks ?
Un escadron sous perfusion scénaristique
Aces of the Luftwaffe – Squadron tente une approche narrative inattendue dans un genre souvent muet : vous suivez une escadrille américaine composée de quatre pilotes aussi instables que bruyants, chacun affligé d’un handicap caricatural censé dynamiser l’action. Steve Davis, le héros, est narcoleptique. John King pique des crises de rage incontrôlables. Melissa Monroe souffre de vertige. Mark Taylor se prend pour un messie ailé. Sur le papier : un casting déjanté. À l’écran : une cacophonie de gimmicks mal tenus.
Le jeu introduit ses dialogues en mission, par des échanges doublés en anglais, souvent criards, rarement drôles. L’écriture oscille entre dérision militaire, vannes de mess, et punchlines qui tombent à plat. La mise en scène est réduite à des vignettes statiques accompagnées de voix. Pas de scènes jouées, pas de mise en tension dramatique. Le scénario reste un prétexte, vaguement structuré autour d’une offensive surnaturelle de la Luftwaffe sur le sol américain.
Les personnages, malgré leurs traits marqués, ne développent aucun arc. Ils répètent en boucle leurs obsessions, sans progression ni nuance. La narcolepsie de Davis reste une mécanique jusqu’à la fin. La rage de King n’évolue pas. Ce ne sont pas des pilotes : ce sont des boulets à gérer. Et c’est le problème : ce que le jeu présente comme de la personnalité devient une pénalité constante, à la fois dans le gameplay et dans la narration.
Même le grand antagoniste – un commandant nazi augmenté, sans charisme ni menace réelle – ne sert qu’à justifier l’enchaînement de missions. Aucun suspense, aucun retournement. La guerre devient un théâtre burlesque mal rythmé, où les dialogues se superposent aux vagues d’ennemis sans jamais créer d’émotion, ni d’attachement.
Un gameplay qui tire dans tous les sens, mais rarement dans le mille
Aces of the Luftwaffe – Squadron sur Xbox One propose un shoot’em up vertical classique, enrichi par des mécaniques de progression et des éléments de RPG. Le jeu se compose de 25 niveaux répartis en 5 chapitres, chacun se concluant par un combat de boss. Ces affrontements sont salués pour leur conception variée et leur défi, bien que certains joueurs aient noté une difficulté inégale entre les niveaux .
Le système de progression repose sur la collecte de médailles, permettant d’améliorer les compétences des pilotes via des arbres de talents. Chaque pilote dispose de capacités uniques, influençant la stratégie en jeu. Cependant, ces améliorations peuvent entraîner une phase de grind, nécessitant de rejouer certains niveaux pour progresser efficacement .
Le jeu introduit également des « handicaps » pour chaque pilote, tels que la narcolepsie ou des crises de rage, qui se déclenchent à des moments spécifiques. Si cette mécanique vise à ajouter de la variété, elle est parfois perçue comme frustrante et perturbatrice pour le rythme du jeu.
En solo, l’intelligence artificielle des coéquipiers est basique, et leur comportement peut parfois compliquer les situations. En coopération locale, jusqu’à quatre joueurs peuvent participer, rendant l’expérience plus dynamique et engageante .
Aces of the Luftwaffe – Squadron offre une expérience de shoot’em up accessible, avec des éléments de progression intéressants, mais souffre de mécaniques parfois frustrantes et d’une difficulté inégale.
Des pixels en feu sous un vacarme de cartoon
Visuellement, Aces of the Luftwaffe – Squadron opte pour un style 2D rigide, saturé, à mi-chemin entre flash game et téléfilm d’animation raté. Les environnements – plages, villes, bases ennemies – sont interchangeables, souvent plats, toujours fonctionnels. Les effets d’explosion s’empilent sans nuance, les avions se déplacent comme des icônes glissées sur un fond fixe. Le ciel est rempli, oui, mais jamais habité.
Le design des personnages est tout aussi caricatural : silhouettes sans volume, expressions surjouées, silhouettes dignes de mascottes publicitaires. Même les boss, censés incarner des pics d’intensité visuelle, ressemblent davantage à des véhicules de fête foraine mal repeints qu’à des menaces crédibles. Tout transpire l’excès sans impact.
Sur Xbox One, le jeu tourne sans accroc : framerate stable, lisibilité correcte, aucun bug graphique majeur. Mais cette stabilité technique ne compense jamais le manque de style. Ce n’est pas une direction artistique : c’est une couche graphique posée sur une feuille Excel.
Côté sonore, l’ambition est plus visible… et plus bruyante. La bande-son orchestrale tente de relancer chaque mission avec ses envolées martiales et ses cuivres synthétiques, mais aucun thème ne reste, aucun moment ne s’élève. Les effets sonores, eux, deviennent rapidement épuisants : rafales stridentes, explosions génériques, cris étouffés. Tout est là, en permanence, sans respiration.
Le doublage – omniprésent, criard, mal mixé – finit d’achever l’ambiance. Chaque personnage balance ses lignes en boucle, sans nuance, sans timing, sans direction vocale. Le comique échoue, le dramatique n’existe pas, et l’oreille sature bien avant la manette.
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