La plupart des claviers gaming veulent s’imposer en force : keycaps massifs, switches sonores, châssis renforcés comme des blindés. Le Roccat Vulcan II Mini Air, lui, choisit un autre chemin : celui de l’invisibilité élégante, de la frappe suspendue, de la lumière en silence. Héritier direct du Vulcan II Mini filaire, ce modèle sans fil ne se contente pas de couper le câble. Il veut redéfinir la portabilité, sans jamais céder un millimètre sur la précision.
Compact, lumineux, énervé, il aligne les promesses : switchs optiques Titan II Red, rétroéclairage RGB par touche, double LED d’indication, capteur de proximité pour gérer l’autonomie. Et surtout, 240 heures d’autonomie, sans clignoter une seule fois. Mais peut-on vraiment tout emporter sans rien sacrifier ? Un clavier peut-il rester stable quand il abandonne son fil ?
Frappe sèche et lumière dirigée
Le Vulcan II Mini Air ne cherche pas à séduire par la force brute. Il mise sur la précision, la légèreté et une esthétique lumineuse maîtrisée. Les interrupteurs Titan II Optical Red offrent une course d’activation de 1,4 mm, idéale pour les jeux rapides. Le clavier présente une latence faible, avec un taux de sondage de 1000 Hz, assurant une réactivité optimale. Cependant, certains utilisateurs ont noté que les touches en ABS peuvent être glissantes, et que le format compact nécessite une période d’adaptation pour la saisie.
Le rétroéclairage RGB par touche est vif et bien réparti, mettant en valeur le design à touches flottantes. Le capteur de proximité permet d’éteindre automatiquement le rétroéclairage lorsque l’utilisateur s’éloigne, prolongeant ainsi l’autonomie de la batterie. Les touches intelligentes disposent de double LED pour indiquer les fonctions secondaires actives, offrant une clarté visuelle appréciable.
Esthétique et personnalisation
Le Vulcan II Mini Air n’a pas été dessiné pour se fondre dans le décor. Il l’éclaire. À peine posé sur un bureau, il capte la lumière ambiante pour mieux la refracter : touches flottantes, LEDs exposées, châssis métallique aux reflets froids. La lumière semble remonter depuis l’intérieur, comme si chaque frappe activait une résonance optique.
Roccat pousse son concept plus loin avec les touches intelligentes à double LED. L’idée est simple : chaque touche peut afficher deux états lumineux distincts selon la fonction assignée. Pas de confusion, pas de détour : tout est visible, tout est actif. C’est une approche rare, presque pédagogique, dans un marché qui préfère souvent l’effet au sens.
Et pourtant, ce système n’est pas qu’un gadget. Combiné au logiciel Roccat Swarm, il permet une personnalisation poussée, certes perfectible, mais déjà supérieure à celle des claviers concurrents de même format. Il ne s’agit plus de simplement changer la couleur d’une touche, mais de créer une couche fonctionnelle lisible, active, intuitive.
Le seul écueil, c’est le choix des matériaux. Les keycaps en ABS, lisses et glissants, ternissent l’expérience. Leur texture trahit l’ambition haut de gamme, et fait oublier, le temps d’un glissement, la précision du reste. Sur un clavier aussi compact, où chaque touche est une frontière, le moindre dérapage devient faute.
Connexion fluide, autonomie tendue
Le Vulcan II Mini Air ne s’attache à rien. Il coupe le fil, rompt l’ancrage, et s’installe partout : sur bureau, sur genoux, dans un sac, dans l’angle d’un streamer. Sa légèreté n’est pas un style. C’est une stratégie. Il bascule entre les connexions — Bluetooth multipoint, 2,4 GHz avec dongle, USB-C — comme un outil nomade qui refuse la dépendance.
Mais derrière cette polyvalence affichée, une tension sourde émerge : celle de la gestion d’énergie. Roccat promet jusqu’à 240 heures d’autonomie sans RGB. Une donnée brute, réaliste. Mais dès qu’on active l’éclairage — ce pour quoi ce clavier a été dessiné — les chiffres s’effondrent. Avec rétroéclairage actif, la durée de vie chute à environ 120 heures, parfois moins. Et là où certains concurrents désactivent en douceur, le Vulcan II Mini Air coupe net. Une extinction sans transition, brutale comme un effacement.
Le capteur de proximité tente d’adoucir la chute. Il éteint les lumières quand l’utilisateur s’éloigne. Il fonctionne. Mais c’est un pansement. Pas une solution. Car même à distance, le clavier consomme. Même sans frappe, il veille. Il attend.
À cela s’ajoute un logiciel Roccat Swarm toujours aussi confus, qui semble refuser l’évidence ergonomique. Les profils personnalisés sont puissants, mais enfouis. Les macros, nombreuses, mais dispersées. Et sur Mac ou mobile ? Rien. Pas d’application, pas de réglage.
Le Vulcan II Mini Air est un clavier superbe, mobile, réactif — mais il vit sous contrainte. Celle de son autonomie. Celle de son logiciel. Celle de ce qu’il pourrait être, s’il osait trancher plus net.
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