Depuis plus d’une décennie, Amazon domine le marché des liseuses, peaufinant son écosystème Kindle jusqu’à le rendre incontournable. Mais face à la montée en puissance des tablettes E-Ink permettant l’annotation et la prise de notes avancées, le géant de Seattle n’a eu d’autre choix que de réagir. Le Kindle Scribe 2024 est censé être la réponse à cette nouvelle ère du livre numérique, un appareil hybride qui mêle lecture et écriture dans un même écrin.
Mais après une première version qui peinait à convaincre pleinement, cette nouvelle mouture corrige-t-elle enfin les lacunes de son prédécesseur ? Le Kindle Scribe 2024 a-t-il trouvé le bon équilibre entre confort de lecture et sensation d’écriture, ou reste-t-il condamné à être un simple gadget sans réelle pertinence face aux alternatives déjà bien installées ?
Un mariage encore bancal ?
Lorsque vous prenez en main le Kindle Scribe 2024, la première impression est flatteuse. L’écran de 10,2 pouces, toujours en E-Ink 300 ppp, offre une lisibilité impeccable et un confort de lecture indéniable, qu’il s’agisse de romans, d’essais ou de documents annotés. L’éclairage adaptatif fonctionne à merveille, ajustant automatiquement la température de couleur pour éviter toute fatigue visuelle, un point crucial pour les longues sessions de lecture.
Mais c’est sur l’expérience d’écriture que le Kindle Scribe 2024 était attendu au tournant. Amazon a enfin intégré son Premium Pen dans le pack de base, un stylet qui permet une prise de notes plus fluide et naturelle. L’amélioration est notable : la latence a été réduite et la sensation d’écriture gagne en précision, grâce à une nouvelle surface légèrement texturée qui offre un retour plus réaliste sous la pointe du stylet. Là où l’ancienne version donnait l’impression d’écrire sur du plastique lisse, ce nouveau modèle se rapproche d’une vraie feuille de papier, sans pour autant totalement égaler les meilleures tablettes du marché comme la ReMarkable 2.
Malheureusement, les limitations logicielles plombent encore l’expérience. L’une des plus grosses failles du Kindle Scribe 2024 est l’impossibilité d’annoter directement sur les e-books Kindle de manière native. À la place, Amazon impose toujours un système de notes flottantes, obligeant l’utilisateur à ouvrir un encart latéral pour griffonner ses remarques. Une aberration, alors que la concurrence permet depuis longtemps d’écrire librement sur les textes.
Pire encore, les annotations manuscrites ne se synchronisent pas en dehors du Scribe. Si vous espériez retrouver vos notes sur votre application Kindle PC ou mobile, oubliez cette idée. Elles restent enfermées dans l’appareil, comme si Amazon refusait d’embrasser pleinement l’idée d’un écosystème réellement connecté.
Le Kindle Scribe 2024 apporte donc une nette amélioration en termes de sensation d’écriture, mais reste frustrant dès qu’il s’agit d’exploiter réellement ses fonctionnalités. L’écran est magnifique, le stylet fonctionne mieux que jamais, mais ces avancées sont sabordées par des choix logiciels archaïques qui limitent la vraie valeur du produit.
Une élégance sobre
Dès le premier contact, le Kindle Scribe 2024 impressionne par sa sobriété. Avec ses bordures fines et son format rectangulaire aux angles légèrement arrondis, il conserve l’ADN esthétique des Kindle classiques tout en affichant une silhouette plus ambitieuse. Le choix du coloris « Metallic Jade » apporte une touche premium bienvenue, bien que la version grise traditionnelle reste encore un indémodable, sobre et professionnelle.
Le format 10,2 pouces est un pari osé. D’un côté, il offre un confort de lecture et d’écriture exceptionnel, permettant d’afficher des pages larges et aérées, un luxe pour la lecture de PDF et de documents professionnels. Mais en contrepartie, le Kindle Scribe 2024 reste encombrant. Avec ses 433 grammes, il se rapproche davantage d’une tablette que d’une liseuse traditionnelle. Lire d’une seule main devient vite fatigant, et son utilisation nomade est moins naturelle que celle d’un Kindle Paperwhite, par exemple.
L’épaisseur légèrement revue permet une meilleure prise en main, et Amazon a intelligemment conservé un large rebord sur un côté, servant à la fois de zone d’appui et d’espace ergonomique pour tenir l’appareil sans toucher l’écran par erreur.
Amazon a optimisé l’interface tactile. La latence des gestes est réduite, les transitions sont plus fluides, et l’expérience de navigation gagne en réactivité. Le passage entre lecture et prise de notes est désormais instantané, un atout qui rend l’utilisation plus intuitive.
Le Kindle Scribe 2024 est donc un objet élégant et agréable à utiliser. Une liseuse parfaite pour un bureau, mais moins adaptée à une utilisation mobile.
Un géant qui refuse d’évoluer ?
Avec le Kindle Scribe 2024, Amazon persiste à vendre son écosystème comme un argument de poids. L’appareil est, sans surprise, parfaitement intégré à l’environnement Kindle, ce qui permet un accès direct à la gigantesque bibliothèque d’e-books d’Amazon, à Kindle Unlimited et à l’audiobook Audible si vous possédez un abonnement. Sur le papier, l’offre est séduisante, mais en creusant, on réalise vite que le Scribe souffre des mêmes limites que son prédécesseur.
L’absence de compatibilité avec d’autres services de lecture ou de cloud est un problème majeur. Si vous espériez utiliser Google Drive, OneDrive ou Dropbox pour gérer vos documents, oubliez cette option. Le Kindle Scribe reste verrouillé dans l’écosystème Amazon, ce qui signifie que la gestion des fichiers doit passer par l’envoi de documents en Wi-Fi via l’adresse e-mail Kindle. Une méthode archaïque qui contraste avec la flexibilité des concurrents comme Remarkable 2 ou Kobo Elipsa, qui proposent une synchronisation native avec plusieurs
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