Sous ses airs de fantaisie déjantée, Folly Of The Wizards dissimule une épopée magique aussi absurde que dangereuse. Développé par UpFox Labs et édité par Numskull Games, le titre s’impose comme une comédie mystique où la puissance et la bêtise des mages se confondent dans un carnaval d’incantations incontrôlées. Sorti le 19 septembre 2025, il vous plonge dans un royaume où la logique s’effondre sous les effets secondaires de la magie, et où chaque sort lancé devient une menace autant qu’une solution.
Dans cette aventure à la fois burlesque et cruelle, vous incarnez un sorcier en quête de gloire, piégé dans les ruines d’une confrérie en perdition. Ici, chaque formule est un risque, chaque réussite un miracle. Les potions explosent, les portails se déforment, les grimoires se moquent de vous et les démons eux-mêmes semblent rire de votre maladresse. Folly Of The Wizards ne cherche pas la cohérence : il célèbre le chaos, l’imprévu et l’impossibilité même de maîtriser son propre pouvoir.
Mais derrière son humour volontairement absurde, une question s’impose : la folie magique peut-elle devenir un véritable art, ou n’est-elle qu’un feu d’artifice voué à s’éteindre trop vite ?
Les apprentis de la démence
Dans Folly Of The Wizards, vous n’êtes pas un héros au destin glorieux, mais un accident ambulant de la magie moderne. Tout commence dans les ruines encore fumantes d’une académie autrefois réputée, où les apprentis sorciers, livrés à eux-mêmes, tentent désespérément de réparer les erreurs de leurs maîtres disparus. Le résultat ? Une succession d’expériences ratées, de portails dimensionnels instables et de créatures grotesques échappées des entrailles du néant.
Le jeu prend la forme d’un récit morcelé, construit autour de fragments de journaux, de dialogues lunatiques et d’interventions d’un narrateur aussi ironique que désabusé. Chaque personnage semble conscient de participer à une mascarade : le doyen spectral qui commente vos échecs, l’esprit moqueur enfermé dans un bâton, la grenouille parlante qui vous vend des parchemins illisibles… Tous partagent le même credo : dans ce monde, la magie n’est plus une science, c’est une maladie contagieuse.
Les protagonistes que vous croisez ne cherchent pas la grandeur, mais la survie dans le chaos. Certains se sont transformés en abominations magiques, d’autres ont sombré dans la folie pure, prisonniers de leurs propres illusions. Le ton oscille entre comédie noire et tragédie absurde : vous riez de ce que vous comprenez à peine, et ce rire devient peu à peu un réflexe de défense face à l’horreur baroque du monde.
Ce qui fascine dans Folly Of The Wizards, c’est sa manière de tourner en dérision le mythe du mage tout-puissant. Vous n’êtes pas Gandalf, vous êtes son erreur de laboratoire. Chaque interaction, chaque échange, chaque dérapage de sort renforce cette idée que la connaissance absolue mène toujours à la perte. Et pourtant, impossible de ne pas s’attacher à cette galerie d’âmes cassées, à ces apprentis de la démence qui poursuivent leur quête sans comprendre qu’ils en sont déjà les victimes.
La mécanique du désastre magique
Dans Folly Of The Wizards, tout repose sur l’imprévisible. Chaque session devient un terrain d’expérimentation où la réussite et la catastrophe s’enchaînent avec une logique délicieusement absurde. Vous explorez des donjons générés aléatoirement, truffés de pièges, de portails dimensionnels capricieux et d’ennemis qui semblent eux-mêmes subir les conséquences de la magie détraquée. Rien n’est stable, rien n’est prévu : chaque partie est une improvisation en direct, un numéro d’équilibriste au-dessus d’un gouffre en feu.
Le gameplay s’articule autour d’un système de sorts évolutif. Vous mélangez des runes, combinez des essences et déclenchez des effets dont vous ne maîtrisez jamais totalement la portée. Une boule de feu peut bien sûr incendier vos adversaires, mais aussi détruire le sol sous vos pieds. Un sort de soin peut muter en invocation grotesque. Ce chaos permanent devient la clé du plaisir : plus vous perdez le contrôle, plus le jeu s’épanouit dans son absurdité.
Le rythme est effréné, porté par un système de combat en 2D nerveux et réactif. Vous sautez, esquivez, lancez des incantations en chaîne dans une explosion de particules, de lumière et de cris. Chaque affrontement est un ballet de désordre, un feu d’artifice incontrôlé où la mort arrive souvent sans prévenir. Et pourtant, on y retourne, encore et encore, poussé par ce besoin de comprendre le système, d’apprivoiser le chaos, de sentir la magie vous échapper à nouveau.
Le level design accompagne cette philosophie. Les environnements changent à chaque tentative : ruines flottantes, laboratoires instables, catacombes vivantes ou bibliothèques qui s’effondrent sur elles-mêmes. Certains niveaux se déforment littéralement sous l’effet de vos sorts, rendant la lecture de l’espace aussi excitante que périlleuse. Le décor devient votre adversaire, votre arme, parfois même votre tombe.
Là où Folly Of The Wizards brille, c’est dans cette sensation constante de découverte. Vous ne suivez pas une courbe de progression classique : vous survivez, vous improvisez, vous échouez, et vous recommencez. Le roguelike retrouve ici son essence la plus brute – une boucle infinie d’apprentissage par la perte, transcendée par une écriture burlesque et un moteur de jeu capable de générer des situations imprévisibles à chaque minute.
Mais derrière le chaos, il y a une structure. Le jeu repose sur un équilibre savamment dissimulé entre hasard et intention. Vous apprenez à reconnaître les schémas, à manipuler le danger, à rire quand tout explose. Et quand enfin un sort improbable vous sauve in extremis, vous réalisez que Folly Of The Wizards ne parle pas de magie, mais de foi : la foi dans le désastre, la croyance que tout peut encore fonctionner, même quand plus rien n’a de sens.
Un carnaval visuel et sonore
Folly Of The Wizards s’impose d’abord par sa débauche visuelle. Les couleurs saturent l’écran, les explosions d’énergie magique se confondent avec les décors, et chaque sort déclenche une tempête de particules qui transforment l’espace en tableau mouvant. Vous plongez dans un univers où le chaos devient esthétique, où chaque minute semble peinte à la main par un artiste en plein délire mystique. L’ensemble évoque une bande dessinée animée, entre grotesque et merveilleux, oscillant sans cesse entre le charme du conte et la brutalité de la folie.
Les environnements changent à chaque run, mais conservent une cohérence artistique saisissante. Les ruines de l’académie se désagrègent sous un ciel violet, les souterrains baignent dans une lumière verdâtre qui donne à la pierre une texture presque organique, et les zones infernales transpirent le soufre et la corruption. UpFox Labs joue sur le contraste : la beauté du détail côtoie la laideur volontaire, les lignes douces se brisent sous des effets visuels explosifs. Le résultat, c’est un monde qui vit, respire, et s’écroule sous le poids de sa propre magie.
L’animation, volontairement exagérée, accentue le ton comique et absurde du jeu. Les personnages bondissent, trébuchent, implosent dans des éclats de lumière ridicule. Chaque mouvement semble prêt à s’autodétruire, chaque effet visuel frôle la parodie. Et pourtant, tout cela fonctionne. Vous riez, vous suffoquez, vous admirez. Le chaos est contrôlé, la folie est chorégraphiée.
Côté sonore, Folly Of The Wizards atteint une puissance remarquable. La bande originale mêle les cuivres épiques et les synthétiseurs mystiques dans un mélange explosif. Les percussions martèlent le rythme des combats, les chœurs s’élèvent comme des prières hurlées, et chaque explosion magique s’accompagne d’un écho surnaturel. Les bruitages, eux, sont volontairement excessifs : sifflements de sort amplifiés, rires déformés, gargouillis d’entités démoniaques qui résonnent dans les couloirs d’un temple écroulé.
Les voix, rares mais marquantes, ajoutent à la folie ambiante. Le narrateur, cynique et théâtral, commente vos échecs comme un présentateur blasé d’un jeu télévisé cosmique. Les entités magiques murmurent, les grimoires grognent, et les familiers se disputent avec vous au milieu du chaos. C’est bruyant, dérangeant, mais étrangement hypnotique. Le son, comme l’image, devient un acteur à part entière de la démence.
Folly Of The Wizards est une œuvre qui ne cherche jamais la retenue. C’est un feu d’artifice visuel et sonore, une célébration du désordre, une explosion d’imagination où chaque note et chaque couleur participent à la même symphonie : celle d’un monde qui brûle sous le poids de sa propre magie.
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