Arena Renovation, débarquée le 2 juillet 2025 sur Xbox Series X|S, propose une promesse intrigante : devenir l’artisan unique chargé de ressusciter des stades abandonnés. Développé et publié par FreeMind S.A., ce simulateur invite à repeindre, nettoyer, réparer et meubler des lieux sportifs oubliés pour leur redonner des couleurs et, espère-t-on, une seconde vie. Mais derrière cette promesse de résurrection, le jeu tient-il son ambition ? Ou se limite-t-il à un écrin usé, mal poli sous ses outils ?
Un chantier sans voix dans des arènes muettes
Arena Renovation ne raconte pas une histoire. Il vous donne un prétexte : reprendre des stades abandonnés pour leur offrir une seconde jeunesse. Vous incarnez un artisan anonyme, sans nom, sans passé, sans lien avec le monde que vous restaurez. Pas de clients à rencontrer, pas de gestion d’équipe, pas de voix pour animer les lieux. Le chantier devient un espace clos, un cube vide où la narration est laissée aux outils.
Les lieux eux-mêmes semblent figés dans leur décrépitude. Vestiaires délabrés, gradins jonchés de détritus, parkings fissurés : tout évoque une mémoire éteinte, mais aucun élément narratif ne vient renforcer cette impression. Pas de panneaux brisés qui racontent une gloire passée, pas d’objets abandonnés qui évoqueraient des souvenirs. Chaque arène est une coquille à réparer, pas un espace qui suscite l’émotion.
Ce minimalisme assumé pourrait être une invitation à la projection. Mais sans mise en scène, sans contexte, sans personnages pour incarner le projet, il devient un silence pesant. Vous nettoyez, vous repeignez, vous assemblez… mais rien ne vous rattache à l’endroit que vous sauvez. Les stades n’ont ni histoire, ni âme. Ils ne sont que des toiles fonctionnelles à remplir de couleurs.
Des gestes mécaniques dans un cycle figé
Le cœur de Arena Renovation repose sur une boucle de gameplay minimaliste : nettoyer, réparer, repeindre, meubler. À chaque arène, les outils sont les mêmes, les tâches identiques. Vous balayez des gradins, recollez des carreaux, réparez des bancs, peignez des lignes de terrain. La promesse d’un chantier vivant se réduit rapidement à une succession d’actions prévisibles, exécutées sans friction.
Les outils proposés, bien que nombreux, manquent d’évolution. Le balai, la serpillière, le pistolet à peinture et la perceuse couvrent l’ensemble des besoins, mais aucun ne possède une inertie ou une texture qui donnerait de la matière aux gestes. Le joueur clique, tient une gâchette, regarde une barre de progression. La mécanique absorbe le sens du travail.
Le level design, pourtant basé sur des arènes variées — stades de football, gymnases, piscines — ne parvient pas à rompre la monotonie. Les lieux changent d’échelle, de forme, de palette de couleurs, mais jamais de logique. Les séquences s’enchaînent dans une rigidité implacable : d’abord vider les déchets, ensuite colmater les fissures, enfin réinstaller le mobilier. Aucun événement, aucune variation n’impose une adaptation.
L’absence d’un système économique ou d’une dimension gestion accentue ce côté statique. Rénover ne rapporte pas d’argent fictif, n’ouvre pas de possibilité de personnalisation poussée, ne débloque pas de contrats plus complexes. Ce n’est pas un simulateur de carrière, c’est une suite d’énigmes pratiques où la solution est donnée d’avance.
Des textures propres pour un univers sans relief
Visuellement, Arena Renovation joue la carte de la clarté fonctionnelle. Les environnements, bien que variés – gymnases étroits, stades olympiques, patinoires vieillies – sont rendus avec un moteur sobre qui privilégie la lisibilité à la richesse esthétique. Chaque objet, chaque surface est identifiable au premier coup d’œil. Mais cette lisibilité se paie d’une pauvreté texturale. Les sols carrelés, les murs en béton, les tribunes de bois se répètent d’un chantier à l’autre, donnant à l’ensemble une impression d’uniformité qui écrase la personnalité des lieux.
Les animations renforcent cette impression mécanique. Les outils se déplacent avec fluidité, mais sans inertie ni impact. Le balai ne soulève pas de poussière, le rouleau de peinture ne laisse pas de traces intermédiaires, les débris disparaissent d’un clic. Chaque action semble déconnectée de la matière qu’elle prétend transformer. L’absence d’effets visuels réalistes prive le joueur de la satisfaction sensorielle qu’il pourrait attendre d’un simulateur manuel.
La bande-son se limite à un fond musical d’ambiance, discret au point d’être oublié. Les quelques thèmes relaxants accompagnent l’activité sans jamais chercher à imposer une identité sonore. Les bruitages, eux, sont réduits à des sons fonctionnels : un frottement de balai, un cliquetis de perceuse, un bip de validation. Ils remplissent leur rôle mais n’ajoutent aucune texture au monde. Tout semble propre, sage, aseptisé.
Une structure stable mais sans aspérités
Sur Xbox Series X|S, Arena Renovation tourne sans faillir. Les temps de chargement sont quasi instantanés, le framerate reste stable même dans les arènes les plus vastes et les commandes répondent avec une fluidité irréprochable. Aucun ralentissement, aucun bug critique, aucun problème d’affichage ne vient troubler la progression. Le moteur, modeste dans ses ambitions, assure un confort technique total.
Mais cette solidité ne suffit pas à masquer une ergonomie figée. Les menus sont fonctionnels mais austères : pas de hiérarchie visuelle, pas de raccourcis contextuels pour accélérer les séquences répétitives. La sélection des outils, bien qu’accessible via une roue, reste lente et imprécise à la manette, ce qui alourdit les tâches lors des rénovations les plus complexes.
La durée de vie est proportionnelle à l’appétit du joueur pour la répétition. Comptez une dizaine d’heures pour restaurer l’ensemble des arènes proposées. Mais faute de mode carrière, d’éléments narratifs ou de contraintes économiques, l’expérience se résume à un enchaînement de chantiers identiques. Aucune difficulté progressive, aucun aléa, aucun élément dynamique ne vient rompre la monotonie.
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