Le 24 septembre 2021, Dragon Ball Z: Kakarot entre sur Nintendo Switch en conquérant annoncé. Porté par CyberConnect2 et édité par Bandai Namco, ce titre hybride entremêle RPG, monde ouvert fragmenté et combats explosifs pour retracer l’intégralité de l’ère Z. De Raditz à Buu, de Namek aux Enfers, l’ambition est totale : revivre l’histoire dans son souffle le plus ample, ses envolées les plus cultes, sans jamais trahir le matériau d’origine. Et avec l’ajout du DLC A New Power Awakens – où Whis, Beerus et la forme Super Saiyan God s’invitent à la table – l’expérience s’étend bien au-delà du canon.
Mais cette adaptation mobile d’un projet déjà titanesque peut-elle préserver l’intensité, la mise en scène et l’impact de la version salon ? Ou assiste-t-on à une version bridée, contenue, plus proche du souvenir que du choc ?
Z comme Zénith, Z comme Zone à remplir
Dragon Ball Z: Kakarot ambitionne de réécrire l’anime en jeu total. Chaque arc est revisité avec une fidélité quasi-scénique : Raditz, Vegeta, Freezer, Cell, Majin Buu — tous les combats, toutes les métamorphoses, tous les cris résonnent à nouveau, mis en scène par des cinématiques qui transposent les moments clés avec une énergie viscérale. Les angles de caméra, les ralentis, les répliques cultes : tout est pensé pour réactiver la mémoire collective. Et le miracle opère souvent. L’émotion, même connue par cœur, retrouve ici sa densité.
Mais Kakarot ne se contente pas de rejouer l’histoire : il cherche aussi à l’élargir. Des quêtes secondaires parsèment l’aventure, certaines anecdotiques, d’autres plus précieuses, notamment celles qui font remonter à l’époque de Dragon Ball. On y croise les fantômes d’une époque oubliée : l’armée du Ruban Rouge, Nam, Eighter… autant de clins d’œil destinés aux vétérans de la saga. Ces fragments d’univers complètent les arcs principaux sans les dénaturer.
Le DLC A New Power Awakens, inclus dans la version Switch, injecte une extension bienvenue à l’aventure. Beerus, Whis, l’entraînement divin, la transformation en Super Saiyan God : tout y est pour offrir un défi annexe mais cohérent, qui prolonge l’univers sans le parasiter. Loin d’un simple bonus, ce contenu s’intègre naturellement dans la progression, et redonne un second souffle après la clôture de la saga Buu.
La structure en monde ouvert, quant à elle, segmente l’univers en grandes zones explorables. Goku peut voler, pêcher, cuisiner, discuter… Mais ces activités secondaires, si elles agrémentent la traversée, peinent à densifier réellement l’aventure. Les quêtes secondaires restent souvent basiques, les dialogues utilitaires, les récompenses accessoires. L’intérêt se maintient par l’amour de l’univers, plus que par l’ingéniosité des situations.
Terrain de combat et répétition spirituelle
Le gameplay de Dragon Ball Z: Kakarot repose sur une fusion déclarée : un système de combat en temps réel hérité des jeux de versus, inséré dans une structure RPG classique, avec montée en niveau, arbres de compétences et collecte de ressources. L’intention est claire : capturer la frénésie des affrontements tout en conservant une dimension de progression. Et dans ses premières heures, l’alchimie fonctionne. Les joutes sont spectaculaires, portées par des effets visuels impressionnants, des transformations qui claquent, et une fluidité d’action qui épouse bien les attentes des fans.
Chaque personnage dispose de ses propres attaques spéciales, de ses charges de ki, de ses combos. L’interface reste lisible, la prise en main immédiate. Les affrontements contre les boss principaux sont mis en scène avec un soin particulier : chorégraphie de phases, cutscenes intégrées, séquences scriptées qui maintiennent l’intensité.
Mais à mesure que l’aventure avance, le vernis s’écaille. Les combats, malgré leur ampleur, se ressemblent : les ennemis recyclent les mêmes comportements, les techniques s’enchaînent avec peu de variation, et le système de verrouillage révèle ses limites dans les affrontements contre plusieurs adversaires. La montée en puissance des personnages, censée offrir une profondeur stratégique, se transforme en routine fastidieuse : les « Z Orbs », indispensables pour débloquer les compétences, doivent être récoltées à la main dans les zones ouvertes ou gagnées via des combats annexes souvent redondants. Ce grind, d’abord discret, devient de plus en plus pesant à mesure que les défis se corsent.
L’exploration, quant à elle, étale ses promesses sans jamais les remplir totalement. Voler à travers les zones, ramasser des matériaux, pêcher, cuisiner, se battre contre des groupes de brigands : ces activités s’empilent sans réelle synergie, sans densité. Le monde ouvert, pourtant vaste, manque de vie et d’interactivité. On le parcourt plus par nécessité que par envie.
Éclats divins sur surface limitée
Le portage Nintendo Switch de Dragon Ball Z: Kakarot surprend par sa stabilité, sans masquer les compromis imposés par le support. En mode docké, le jeu tourne à 900p avec une fluidité globalement stable autour de 30 images par seconde. En mode portable, la résolution descend à 720p, les textures s’adoucissent, et certaines animations perdent en netteté. Les environnements, déjà peu interactifs, paraissent ici encore plus vides, et certains éléments d’arrière-plan trahissent un allègement graphique évident. Pourtant, l’essentiel tient bon : les combats conservent leur énergie, les cinématiques demeurent lisibles, et les temps de chargement restent étonnamment courts.
La fidélité au style de l’anime reste l’un des points forts du jeu. Le cel-shading rend parfaitement les expressions, les coups spéciaux et les métamorphoses. Même compressé, Kakarot garde sa lisibilité, son punch visuel et son ADN esthétique. Seules les cinématiques pré-rendues souffrent d’un traitement plus brutal : en mode portable, les artefacts de compression sautent aux yeux et cassent brièvement l’immersion dans les moments clés.
Sur le plan sonore, l’expérience se maintient à un haut niveau. La bande-son alterne entre réorchestrations de thèmes emblématiques et compositions originales dans l’esprit de la série. Les doublages — disponibles en anglais et en japonais — s’inscrivent dans la continuité des voix d’origine, avec un respect quasi religieux des intonations. Seule réserve : certaines lignes, répétées à l’excès pendant les phases d’exploration ou de combat secondaire, finissent par lasser.
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