Sorti le 15 août 2023 sur toutes les plateformes, Moving Out 2 reprend la formule déjantée de son prédécesseur pour la pousser encore plus loin dans le non-sens organisé et la coopération élastique. Développé par DevM Games et SMG Studio, et publié par Team17, ce deuxième opus vous replace dans les gants de la société Smooth Moves, firme spécialisée dans le déménagement express, où la casse est incluse dans le contrat. L’objectif ? Faire transiter canapés, frigos et consoles avec efficacité, sans jamais sacrifier la bonne humeur ni l’anarchie.
Pensé pour le multijoueur, Moving Out 2 capitalise sur l’héritage du couch gaming, avec ses fous rires imprévus, ses meubles coincés dans les escaliers et ses éclats de voix face aux défis absurdes. Mais cette suite n’en reste pas là. Enrichie de nouveaux biomes, d’un monde semi-ouvert, d’objectifs secondaires et d’un humour toujours aussi percutant, elle entend redonner de l’élan à une formule rodée, tout en offrant aux amateurs de chaos coopératif une vraie dose de nouveauté.
Mais ce second contrat vaut-il vraiment la chandelle, ou risque-t-il de finir au fond du camion avec les chaises bancales ? Détachons la remorque, lançons le GPS, et voyons ce que cache cette livraison spéciale.
Licences perdues et cartons fous
Dans Moving Out 2, l’histoire n’est pas un simple prétexte, mais un fil rouge léger, absurde et parfaitement assumé. Vous incarnez de nouveaux employés ou vétérans de l’agence Smooth Moves, quelques années après avoir perdu votre précieuse certification F.A.R.T. — un acronyme aussi stupide que volontairement surjoué, pour Fervent Adepte de la Rapidité et du Transport. L’objectif est clair : reprendre les missions de déménagement les plus chaotiques du multivers pour reconquérir vos galons.
L’univers du jeu s’organise autour de la ville de PleinCoffre, épicentre de vos opérations, à laquelle viennent s’ajouter plusieurs mondes parallèles accessibles via des portails interdimensionnels. Chacun d’eux — comme PleinChâteau — possède ses propres codes visuels, son ambiance et ses missions spécifiques, donnant au jeu un parfum de délire permanent. Ces nouvelles zones enrichissent la progression tout en introduisant des dialogues volontairement absurdes, où les protagonistes se livrent à une série de jeux de mots, d’anecdotes débiles et d’échanges surréalistes.
Les personnages, bien que dépourvus de profondeur narrative, sont animés par un esprit collectif de camaraderie et de nonsense contrôlé. Les mascottes sont nombreuses, les avatars variés, les costumes farfelus. Chaque mission est ponctuée par des interactions drôles et succinctes, traduites avec soin dans une version française bien localisée, qui conserve tout le charme barré des textes originaux.
Ce ton volontairement cartoonesque n’aspire jamais à proposer une véritable narration classique. Il sert au contraire à renforcer l’identité ludique et parodique du jeu, où les enjeux scénaristiques se résument à savoir si vous pourrez faire passer un canapé par une trappe interdimensionnelle en le lançant à deux depuis un toit. Et dans ce cadre, tout fonctionne parfaitement.
Moving Out 2 ne cherche pas à raconter une histoire au sens classique du terme. Il s’en remet à l’humour slapstick, à la logique cartoon et à l’inventivité des situations, pour offrir un cadre narratif souple, cohérent avec sa proposition de jeu immédiate et accessible.
Attrape ton frigo et cours
La force de Moving Out 2 réside dans sa capacité à réinventer sans dénaturer la formule déjantée qui avait séduit les amateurs de coopération anarchique. Le cœur du gameplay reste inchangé : vous attrapez des objets, les portez en duo ou en solo, les balancez dans un camion, et recommencez jusqu’à ce que tout soit vidé. Pourtant, cette suite affine sa copie, diversifie les situations et introduit des mécaniques qui renforcent la souplesse de l’expérience.
La prise en main est immédiate. Un stick pour se déplacer, une touche pour sauter, deux pour saisir les objets, une dernière pour les lancer : l’ergonomie est conçue pour favoriser l’accessibilité immédiate, en local comme en ligne. Le jeu abandonne l’obligation de respecter un chronomètre, au profit d’objectifs bonus facultatifs. Résultat : la progression devient moins stressante, mais plus gratifiante pour les équipes cherchant à parfaire leur score ou à relever des défis secondaires.
Chaque mission propose une architecture unique, un agencement d’obstacles et d’interactions qui renouvelle l’expérience à chaque déménagement. Certains niveaux vous invitent à manipuler des portails, d’autres jouent avec la gravité, les tapis roulants, les convoyeurs ou les éléments destructibles. Cette variété dans le level design crée un rythme soutenu, où l’imprévu fait toujours partie du plan.
La carte du monde, désormais interactive, ajoute un léger parfum de monde semi-ouvert. Vous conduisez votre camion de mission en mission, défonçant arbres, panneaux et mobilier urbain en chemin, dans une ambiance de sandbox cartoonesque. Ce mode de déplacement, bien que simple, renforce la cohésion de l’univers, en donnant une continuité logique à vos trajets et en récompensant l’exploration par des cosmétiques et personnages bonus.
L’absence de réels changements dans les commandes de base pourrait faire croire à un simple recyclage, mais le rythme de la progression, les nouveaux biomes et la suppression du timer par défaut offrent une boucle de jeu plus ouverte, plus relaxante et mieux structurée. En solo toutefois, le titre montre vite ses limites : aucun compagnon IA ne vient soutenir le joueur, et les interactions prévues pour plusieurs deviennent vite frustrantes en solitaire.
Mais c’est à plusieurs que Moving Out 2 déploie toute sa saveur. Les niveaux s’enchaînent, les catastrophes s’accumulent, et la coordination volontairement bancale entre les participants donne lieu à des moments de pur chaos maîtrisé. Les défis secondaires, parfois énigmatiques, prolongent l’intérêt en incitant à rejouer les niveaux pour obtenir les fameuses étoiles nécessaires à la progression.
Moving Out 2 est donc bien plus qu’une extension de son prédécesseur. Il s’impose comme une refonte subtilement modernisée, où l’accent est mis sur la fluidité, le fun immédiat, et une rejouabilité intelligente. Une expérience taillée pour les soirées courtes mais mémorables, où le plaisir naît du désordre organisé.
Cartoon explosif et slapstick sonore
Moving Out 2 ne fait aucun mystère de ses intentions visuelles : il veut éblouir, faire sourire, et garantir une parfaite lisibilité dans le chaos. Mission accomplie. Grâce à une direction artistique volontairement outrée, peuplée de personnages grotesques, de palettes acidulées et d’environnements chamarrés, le jeu parvient à maintenir un équilibre délicat entre exubérance graphique et clarté fonctionnelle. Chaque objet, chaque personnage, chaque élément interactif est immédiatement identifiable, même en plein tumulte multijoueur.
Le moteur graphique reprend la base de son prédécesseur, mais avec un réel effort de raffinement. Les textures sont plus nettes, les animations mieux rythmées, et les environnements gagnent en variété grâce à l’introduction de biomes distincts. De la banlieue urbaine à un château médiéval, des univers oniriques aux architectures plus industrielles, chaque décor impose une ambiance visuelle propre, renforcée par des éléments dynamiques et des effets de destruction réjouissants.
Sur Nintendo Switch, le portage conserve une fluidité exemplaire en jeu, même dans les situations les plus chaotiques. Aucun ralentissement ne vient perturber les déménagements, et l’optimisation visuelle demeure solide, sans aliasing marqué ni baisse de framerate. En revanche, les temps de chargement entre les missions, particulièrement longs, instaurent une rupture de rythme qui tranche avec la vivacité du reste de l’expérience. Ce défaut technique récurrent, notamment dans les premières heures, peut entamer l’enthousiasme des sessions courtes.
Côté audio, Moving Out 2 déploie une ambiance sonore légère, parfaitement accordée à son esprit slapstick. Les musiques oscillent entre funk rétro, boucles électro ludiques et jingles désuets, toujours en parfaite synchronie avec l’action à l’écran. Les bruitages, eux, accentuent l’effet comique : grognements des déménageurs, fracas d’objets brisés, grincements de meubles tirés à la hâte… Tout participe à une immersion joyeusement anarchique.
L’absence de doublage est compensée par des bulles de texte volontairement débiles, et des effets vocaux simples mais efficaces. L’interface audio, claire et bien dosée, permet de garder le contrôle auditif même lorsque quatre joueurs se bousculent dans un salon en feu. En somme, Moving Out 2 transforme le tumulte en spectacle, et le désordre en signature.
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