Sorti le 24 août 2023 sur Nintendo Switch, Blasphemous 2 est la suite tant attendue de l’un des metroidvania les plus marquants de sa génération. Après un premier opus captivant mais imparfait, The Game Kitchen revient avec un Pénitent en quête de rédemption, armé de nouvelles capacités et d’une série de nouveaux ennemis à abattre.
Cependant, malgré une promesse de renouvellement et une volonté évidente d’affiner le gameplay, ce second volet parvient-il à corriger les faiblesses de son prédécesseur et à élever l’expérience à la hauteur de son potentiel ?
Péché, souffrance et quête de rédemption
Dans Blasphemous 2, l’histoire prend une direction plus claire et accessible, tout en conservant cette aura de mystère propre au premier opus. Vous incarnez le Pénitent, dont l’objectif ultime est d’arrêter le Miracle, une entité divine née d’une volonté de punir et de défigurer le monde. Après avoir accompli l’Ultime Blasphème et défié Dieu, le Pénitent se relève une fois de plus pour empêcher la naissance d’un enfant prophétique, dénué de toute humanité.
L’intrigue, bien que moins cryptique que dans le premier jeu, conserve une essence biblique qui plonge le joueur dans une quête de souffrance, de pénitence et de sacrifice. Les dialogues, bien que plus clairs, ne se débarrassent pas entièrement de cette prose religieuse qui, pour certains, pourra paraître trop alambiquée. Toutefois, l’histoire avance de manière plus fluide, permettant au joueur de s’investir davantage dans la destinée du Pénitent sans se perdre dans des références obscures.
Les personnages, bien qu’attachants, restent souvent en retrait. Le Pénitent, muet et solitaire, est toujours l’élément central de l’histoire, mais cette fois, ses interactions avec les autres protagonistes sont mieux développées. Les quelques figures secondaires apportent de l’humour et des nuances à cette aventure tragique, mais une fois encore, ils demeurent des personnages fonctionnels plus que des figures mémorables.
Le récit, sans révolutionner le genre, parvient à maintenir l’intérêt grâce à une meilleure lisibilité, mais en délaissant quelque peu la profondeur narrative du premier opus. Ce second chapitre semble plus accessible, mais il en perd un peu de son âme originelle, en optant pour une structure plus linéaire et moins ambiguë.
Lame sacrée et exploration sans retour
Blasphemous 2 reprend les bases du premier opus, tout en apportant des améliorations notables. L’ajout de plusieurs armes dès le début de l’aventure est un des points forts de ce second volet. Vous pouvez choisir entre une épée à une main, une rapière/dague pour des attaques rapides ou un marteau lourd infligeant des dégâts dévastateurs. Chaque arme est distincte et introduit des styles de combat variés, et bien que le choix initial soit permanent, vous aurez la possibilité de récupérer les deux autres armes au fur et à mesure de votre progression. Cette mécanique apporte une diversité bienvenue, vous permettant de personnaliser votre style de jeu et de vous adapter aux situations.
Le système de combat, bien plus fluide que dans le premier jeu, fait la part belle aux parades et aux esquives. Le timing est crucial, et chaque affrontement nécessite une bonne maîtrise des mécaniques de défense et d’attaque. Si le gameplay reste ancré dans un style Soulsborne, la possibilité d’alterner entre les différentes armes apporte un vent de fraîcheur. Cependant, malgré cette amélioration, le gameplay souffre encore de la répétitivité des ennemis et des mécaniques de combat qui, bien que solides, finissent par manquer de profondeur sur le long terme.
Le level design, quant à lui, présente une amélioration par rapport au premier Blasphemous. Bien que la carte reste interconnectée, les environnements sont mieux conçus et plus variés, mais restent dans l’esprit du Metroidvania classique : vous explorez, vous débloquez des pouvoirs, et vous revenez dans des zones précédemment inaccessibles. Malheureusement, certains niveaux restent encore un peu trop linéaires, et bien que les décors soient magnifiques, ils manquent parfois de surprises. La difficulté est bien présente, mais elle varie parfois de manière incohérente : certains boss sont trop faciles à battre une fois que vous avez maîtrisé les mécaniques de combat, tandis que d’autres demandent une précision excessive, créant des frustrations inutiles.
Les quêtes secondaires et les éléments de progression sont similaires à ceux du premier jeu, mais ici encore, les récompenses sont trop souvent superficielles. Le manque de variabilité dans les ennemis et les zones d’exploration rend l’expérience un peu trop redondante après plusieurs heures de jeu. En revanche, l’ajout de nouvelles améliorations et de capacités spécifiques à l’armement permet d’enrichir l’expérience, mais sans totalement effacer la sensation de déjà-vu.
L’horreur sublime et la poésie sonore
Visuellement, Blasphemous 2 reste un véritable chef-d’œuvre en pixel art, avec une esthétique encore plus affinée que celle du premier jeu. L’univers de Custodia, avec ses monstres grotesques et ses lieux dévastés, est toujours aussi fascinant à parcourir. Le design des environnements s’inspire des traditions gothiques et baroques, avec une richesse de détails qui fait écho aux œuvres religieuses espagnoles. Les créatures qui peuplent ce monde sont d’une beauté macabre, combinant la terreur et l’art dans un même mouvement.
Le Pénitent, bien que plus fluide dans ses déplacements, est toujours en phase avec cette atmosphère de souffrance et de sacrifice. Les boss sont magnifiquement animés et leur présence impose une véritable sensation de grandeur, tant visuellement que dans la mise en scène des combats. Cependant, malgré ces progrès visuels, certains éléments du jeu, comme les zones sombres ou trop proches les unes des autres, peuvent parfois perdre en clarté, ce qui nuit à l’exploration fluide que le jeu cherche à offrir.
La direction artistique est indéniablement réussie, mais la répétition des décors peut nuire à l’impact de l’expérience. Les environnements, bien que magnifiques, manquent parfois de cette variété surprenante que l’on attend dans un Metroidvania moderne, et la dynamique des zones peut parfois sembler trop statique et prévisible.
Côté sonore, Blasphemous 2 fait honneur à la bande-son de son prédécesseur. Les compositions orchestrales mêlées à des chants liturgiques renforcent l’ambiance religieuse du jeu, et chaque zone est accompagnée de thèmes qui varient selon l’intensité du moment. La musique, bien que plus discrète dans les phases d’exploration, s’intensifie lors des combats contre les boss, apportant une touche épique à chaque affrontement. Les bruitages, quant à eux, sont efficaces et ajoutent une dimension supplémentaire à l’ambiance du jeu. Cependant, comme pour le premier opus, la bande-son peut devenir répétitive après plusieurs heures de jeu, surtout dans les zones où les morceaux sont moins variés.
L’absence de doublage vocal, bien que compréhensible vu la nature du jeu, reste un regret, surtout quand l’ambiance dramatique et religieuse aurait pu être magnifiée par des voix. Les dialogues écrits, bien que percutants, perdent une partie de leur impact émotionnel sans la voix des personnages.
Répétition divine et sacrifices inutiles
Blasphemous 2 tente de corriger certains défauts du premier opus, mais il souffre toujours de la même redondance qui peut nuire à l’expérience. Si le gameplay est plus fluide, la progression reste assez linéaire et les éléments de personnalisation, bien que présents, n’offrent pas suffisamment de diversité pour briser la monotonie des combats. Le manque de véritable exploration dans un monde si vaste rend l’expérience plus contraignante que gratifiante. L’ajout de nouvelles armes et capacités permet de diversifier l’approche des combats, mais les ennemis et les environnements restent trop similaires pour garder l’intérêt à long terme.
L’absence de véritable évolution dans l’expérience, avec des mécaniques qui se répètent tout au long du jeu, fait que le joueur peut rapidement se lasser. Les zones sont belles mais souvent trop petites, et la structure de progression est marquée par un manque de challenge réel, surtout dans la deuxième moitié du jeu. Bien que le système de combat soit encore robuste et agréable, la facilité à laquelle vous surmontez certains obstacles ou boss, une fois que vous avez maîtrisé le gameplay, diminue l’impact de l’aventure.
La difficulté du jeu, bien que présente, est mal équilibrée. Vous allez rapidement maîtriser les mécaniques et finir par exploiter les failles du système. Les combats de boss, bien qu’intenses au début, deviennent une formalité une fois que vous avez acquis suffisamment de compétences. Le manque d’un vrai défi de progression ou d’un véritable système d’objectifs secondaires empêche Blasphemous 2 d’atteindre son plein potentiel.
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