Développé par le studio indonésien Digital Happiness, DreadOut Remastered Collection est une compilation qui regroupe le jeu original DreadOut, sorti initialement en 2014, ainsi que son extension autonome Keepers of the Dark.
Cette collection est disponible depuis le 16 janvier 2025 sur Nintendo Switch, PlayStation 4 et PlayStation 5. Inspiré par des titres emblématiques tels que Fatal Frame, le jeu propose une expérience d’horreur surnaturelle unique, ancrée dans le folklore indonésien. Mais cette version remasterisée parvient-elle à raviver la terreur tout en apportant des améliorations significatives ?
Murmures d’outre-tombe
Dans DreadOut Remastered Collection, vous incarnez Linda Meillinda, une lycéenne dont la vie bascule lorsqu’une excursion scolaire tourne au cauchemar. Aux côtés de ses amis, elle se retrouve bloquée dans une ville fantôme, un lieu figé dans le temps où des esprits vengeurs errent sans repos. Ce qui commence comme une simple exploration de bâtiments abandonnés se transforme rapidement en un voyage cauchemardesque, où les lois de la réalité semblent s’effriter à mesure que l’invisible devient tangible.
Ce qui distingue DreadOut des jeux d’horreur classiques, c’est son attachement aux légendes indonésiennes. Oubliez les zombies et les créatures génériques : ici, chaque fantôme a une histoire, une croyance locale qui lui est attachée, et surtout, une manière spécifique d’être affronté. Certains esprits vous poursuivront sans relâche dans les couloirs étroits des immeubles abandonnés, tandis que d’autres ne peuvent être vus qu’à travers l’écran de votre smartphone, forçant une attention constante aux moindres détails.
Linda, bien qu’apeurée, possède un don étrange : son smartphone est capable de voir et d’exorciser les esprits en capturant leur image. Un appareil banal du quotidien devient alors son unique protection, et chaque affrontement devient une lutte de nerfs, où il faut garder son sang-froid pour cadrer l’ennemi et prendre la photo au bon moment, sous peine de subir une attaque. Cette mécanique de jeu renforce la tension, car contrairement aux survival-horror où l’on peut souvent fuir ou riposter, ici, affronter ses peurs est la seule option.
L’intrigue, loin d’être un simple prétexte aux apparitions spectrales, se révèle progressivement à travers des visions, des documents éparpillés et des rencontres avec des entités énigmatiques. Certains fantômes murmurent des vérités troublantes, révélant que Linda n’est peut-être pas ici par hasard, et que sa connexion avec ce monde spectral est plus profonde qu’elle ne l’imagine. À mesure que vous progressez, la ville semble se décomposer, et ce qui était d’abord une réalité tangible se transforme en cauchemar onirique, où le temps et l’espace se distordent.
L’extension Keepers of the Dark, incluse dans cette version remasterisée, renforce encore davantage cette descente dans l’horreur, en introduisant des esprits plus agressifs et plus imprévisibles. Certains fantômes, auparavant passifs, deviennent des traqueurs implacables, forçant Linda à gérer ses ressources et à choisir ses combats. Contrairement au jeu principal, qui repose sur une progression plus dirigée, cette extension offre des zones interconnectées, donnant une liberté accrue pour explorer à votre rythme… si vous en avez le courage.
Plus qu’un simple jeu d’horreur, DreadOut Remastered Collection est une plongée dans un folklore fascinant, où chaque recoin cache une histoire et où chaque spectre est une énigme à élucider. Linda, loin d’être une héroïne surarmée, est une adolescente ordinaire, prise dans un cauchemar dont elle ne peut s’échapper qu’en faisant face à l’inexplicable. Un récit de peur et de résilience, où chaque flash d’appareil photo est une tentative désespérée d’arracher un fragment de vérité aux ombres qui vous entourent.
Le frisson du visible et de l’invisible
DreadOut Remastered Collection reprend les mécaniques fondamentales du premier opus tout en y apportant des ajustements pour moderniser l’expérience. Contrairement aux survival-horror traditionnels où l’on dispose d’armes pour se défendre, ici, votre seule protection est votre smartphone. Chaque confrontation devient un duel de nerfs, où il faut garder son calme face à des apparitions terrifiantes pour capturer leur essence et les exorciser.
L’utilisation du smartphone est la pierre angulaire du gameplay. Il ne sert pas seulement à voir les fantômes, mais aussi à interagir avec le monde et à débloquer des secrets cachés. Certaines entités sont invisibles à l’œil nu et n’apparaissent qu’à travers l’écran, renforçant cette sensation de vulnérabilité permanente : si vous baissez votre garde et oubliez de regarder à travers l’objectif, vous risquez de vous faire surprendre.
Chaque esprit a ses propres mécaniques d’attaque et de défense. Certains nécessitent un éclair précis du flash pour être affaiblis, tandis que d’autres réagissent à la lumière, disparaissant temporairement ou devenant plus agressifs selon votre approche. Il ne suffit donc pas de prendre des photos frénétiquement : il faut comprendre le comportement des spectres et ajuster sa stratégie en conséquence.
Le level design de DreadOut repose sur une progression semi-ouverte, où vous devez explorer des bâtiments hantés, des écoles abandonnées et des temples maudits pour découvrir la vérité derrière les événements surnaturels. La ville fantôme, bien qu’en apparence désertée, semble vivante, comme si elle se recomposait à mesure que vous percevez les choses différemment.
Les zones à explorer sont interconnectées, et il n’est pas rare que des événements imprévisibles surviennent, modifiant un lieu que vous pensiez connaître. Parfois, un couloir que vous venez d’emprunter disparaît ; d’autres fois, une porte qui était condamnée s’ouvre brusquement sous l’effet d’une présence invisible. Ce jeu constant avec l’espace et le temps renforce l’impression d’être piégé dans un cauchemar dont la logique vous échappe.
Les énigmes, bien que classiques dans leur conception, jouent habilement sur la peur et l’inconnu. Elles nécessitent d’examiner des documents, d’écouter des murmures lointains, ou de suivre des traces imperceptibles. Certaines requièrent une interaction avec des objets précis à des moments spécifiques, rendant chaque phase d’exploration plus immersive et moins prévisible.
Dans DreadOut, vous n’avez pas de barre de vie classique. Au lieu de cela, chaque apparition ennemie vous plonge dans une course contre la montre, où il faut réagir vite et photographier l’entité avant qu’elle ne vous atteigne. Si vous échouez, Linda est envoyée dans une dimension alternative, une sorte de purgatoire où elle doit trouver la sortie pour revenir dans le monde réel. Cette mécanique ajoute une tension supplémentaire, car chaque erreur prolonge votre angoisse au lieu de simplement punir par un écran de game over.
L’extension Keepers of the Dark, incluse dans cette collection, renforce encore cette sensation d’impuissance en introduisant des fantômes plus imprévisibles, certains capables de se téléporter, de manipuler l’environnement, ou même de jouer avec la perception du joueur en modifiant ce qui est visible sur l’écran du smartphone.
L’un des points forts de cette version remasterisée est l’amélioration de l’ergonomie et des commandes. Les animations sont plus fluides, les déplacements de Linda sont plus naturels, et le système de caméra a été ajusté pour éviter les angles frustrants qui pouvaient gêner la prise de vue dans la version originale.
Toutefois, si ces ajustements rendent l’expérience plus accessible, le jeu conserve son gameplay volontairement rigide, accentuant le sentiment de lenteur et de vulnérabilité propre aux survival-horror classiques. Ce n’est pas un jeu où l’on peut courir et réagir à la seconde : il faut observer, anticiper et affronter l’horreur avec prudence.
Une plongée oppressante dans l’horreur indonésienne
DreadOut Remastered Collection mise sur une esthétique sombre et réaliste, où chaque environnement est conçu pour générer un sentiment de malaise. Loin des horreurs hollywoodiennes saturées d’effets visuels, ici, la peur se construit dans l’attente, le vide et les détails que l’on ne remarque qu’au dernier moment. Couplé à une bande-son glaçante, le jeu réussit à maintenir une tension omniprésente, où le silence est parfois plus terrifiant que les apparitions elles-mêmes.
Le remaster apporte une refonte graphique appréciable, offrant des textures plus fines, des jeux de lumière plus naturels et une meilleure gestion des ombres dynamiques. L’architecture des écoles abandonnées, des ruelles désertes et des temples maudits est plus détaillée, renforçant la crédibilité de ces lieux autrefois habités et désormais livrés aux esprits errants.
L’un des aspects les plus réussis visuellement du jeu reste la conception des fantômes, directement inspirés des légendes indonésiennes. Leurs mouvements saccadés, leurs visages tordus par la douleur, et leurs attaques soudaines sont sublimés par un travail minutieux sur l’éclairage, qui rend leurs apparitions encore plus marquantes.
Le smartphone de Linda, qui sert d’interface principale, bénéficie également d’un affichage modernisé, rendant les interactions plus lisibles et plus réactives. Certains détails comme les grésillements de l’écran, les interférences visuelles ou les ombres mouvantes capturées par l’objectif accentuent encore le sentiment de méfiance constante.
La musique et les effets sonores de DreadOut sont un élément fondamental de son ambiance anxiogène. Contrairement à d’autres jeux d’horreur qui utilisent des sauts sonores brutaux, ici, la peur est distillée lentement, par des mélodies minimalistes, des silences oppressants, et des bruits environnementaux troublants.
Les sons ambiants sont d’une précision terrifiante. Un grincement dans le bois, un chuchotement lointain, ou un écho de pas dans une pièce voisine suffisent à vous faire douter de votre propre sécurité. Certains fantômes murmurent, chantent ou éclatent de rire de manière incontrôlée, ajoutant une dimension psychologique à leur présence.
Les moments où le silence total s’impose sont parmi les plus angoissants. L’absence de sons, couplée à l’impossibilité de savoir si un spectre est présent ou non, crée une tension insoutenable, obligeant à avancer à pas mesurés, toujours prêt à lever le smartphone pour capturer ce qui pourrait surgir de l’ombre.
Si le jeu n’atteint pas le niveau de finesse des plus gros survival-horror modernes, la version Nintendo Switch propose une expérience fluide, avec une amélioration des animations et des jeux de lumière par rapport à la version d’origine. Cependant, on note quelques ralentissements occasionnels lors des séquences les plus exigeantes en effets visuels, ainsi qu’un aliasing parfois visible dans les décors en extérieur.
Le mode portable conserve toute l’atmosphère anxiogène du jeu, mais avec une baisse de résolution perceptible, notamment sur les textures des fantômes et des environnements sombres. L’expérience reste néanmoins convaincante, surtout pour un jeu où l’immersion sonore prime sur la fidélité graphique pure.
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