Sorti initialement sur PC en juin 2022, Police Shootout arrive sur Xbox Series X|S le 20 février 2025, développé par Games Incubator et édité par Ultimate Games S.A. Contrairement aux FPS classiques qui misent sur l’action frénétique et les courses-poursuites spectaculaires, ce titre adopte une approche plus tactique et réfléchie, mettant le joueur face à des situations où chaque décision peut faire basculer l’issue d’une intervention.
Mais cette formule, qui repose sur un gameplay au tour par tour et une gestion stratégique des confrontations, parvient-elle à retranscrire la pression du terrain, ou s’enlise-t-elle dans une exécution maladroite qui brise toute immersion ?
Un flic, une ville, et des choix qui pèsent lourd
Vous incarnez Scott Price, un officier de police qui, pour des raisons que le jeu ne dévoile pas immédiatement, quitte la grande ville pour s’installer à San Adrino, une petite localité où l’ordre semble fragile et les tensions omniprésentes. Pourquoi ce changement ? A-t-il fui quelque chose ou cherche-t-il simplement un nouveau départ ? Police Shootout ne propose pas un récit linéaire classique, mais construit son histoire à travers les interventions que vous menez et les décisions que vous prenez sur le terrain. Chaque mission vous confronte à des criminels, des civils apeurés, des collègues aux motivations parfois troubles, et c’est à vous de définir quel type de policier vous voulez être.
San Adrino est loin d’être une ville paisible, et votre quotidien oscille entre négociations sous haute tension, patrouilles de routine et interventions à risque. Contrairement à d’autres jeux qui glorifient les fusillades et les courses-poursuites, Police Shootout mise sur un réalisme plus méthodique, où chaque situation peut (et doit) être résolue autrement que par la violence. Vos choix ne se limitent pas à de simples lignes de dialogue : une approche trop agressive peut envenimer une situation, une hésitation peut donner l’avantage à un suspect, et certaines erreurs se paient au prix fort. Le jeu vous pousse ainsi à peser chaque décision, à anticiper les réactions de vos interlocuteurs, et à accepter les conséquences de vos actions.
L’histoire ne brille pas par une narration cinématographique ou des personnages profondément écrits, mais elle parvient à créer un cadre où chaque mission contribue à définir la réputation de votre personnage. N’attendez cependant guère plus, car le jeu n’a rien d’autre à offrir.
Chaque intervention peut être la dernière
Contrairement aux jeux de tir traditionnels où la vitesse d’exécution et la précision déterminent l’issue d’un affrontement, Police Shootout impose un rythme méthodique et calculé, où chaque décision compte davantage qu’un simple tir bien placé. Ici, vous n’êtes pas un héros d’action, mais un officier de terrain confronté à des situations où la moindre erreur peut coûter des vies.
Le gameplay repose sur un système de tour par tour inhabituel pour le genre, remplaçant les fusillades nerveuses par des choix stratégiques où chaque mouvement, chaque tentative de négociation ou chaque coup de feu doit être mûrement réfléchi. Ce n’est pas une simulation réaliste du travail policier, mais plutôt une adaptation tactique où l’anticipation et la gestion du stress remplacent la pure adresse.
Chaque mission débute par une évaluation de la situation. Vous arrivez sur les lieux, observez les suspects, étudiez les réactions des civils et prenez les premières décisions qui orienteront toute l’intervention. Selon la gravité des événements, vous pouvez choisir de tenter une désescalade, de maintenir la pression psychologique sur les criminels, ou d’opter pour une approche plus musclée. Mais chaque choix a des conséquences, et le jeu ne vous donne jamais la garantie que vous avez pris la meilleure décision.
Les confrontations sont des jeux de nerfs où la patience est parfois plus efficace qu’une balle. Un braqueur paniqué peut être calmé avec les bons mots, mais un simple geste mal interprété peut transformer une négociation en bain de sang. Certains criminels sont imprévisibles, changeant d’attitude en fonction de votre comportement, tandis que d’autres ne vous laisseront jamais l’opportunité d’une issue pacifique.
Mais si cette approche met en avant la tension des interventions, elle souffre d’un manque de souplesse rédhibitoire. Les dialogues manquent de fluidité, les suspects réagissent selon des schémas trop rigides, et certaines décisions paraissent arbitraires, donnant parfois l’impression que l’issue était déterminée à l’avance. L’absence de spontanéité dans les échanges empêche certaines scènes de prendre toute l’ampleur dramatique qu’elles mériteraient.
Le système de progression offre une certaine évolution dans votre approche des missions. Vous pouvez améliorer vos compétences en négociation, en gestion du stress ou en précision de tir, influençant la manière dont vous abordez chaque intervention. Mais si ces améliorations apportent un sentiment de progression, elles restent peu marquées dans l’ensemble du gameplay, ne changeant pas fondamentalement votre manière de jouer.
Le rythme, volontairement lent et posé, rends le jeu difficile d’accès. Attendre son tour avant d’agir brise la tension, surtout lorsque les phases d’intervention s’étirent trop longuement sans réelle évolution dramatique. Si l’idée de transposer les affrontements policiers dans un cadre tactique est séduisante, son exécution manque d’intensité et d’impact, laissant une impression d’un concept sous-exploité, d’autant que le titre souffre d’une durée de vie rachitique, le tout se bouclant en deux ou trois heures.
Malgré ses limites, Police Shootout tente quelque chose de différent, proposant une vision plus posée et plus stratégique du métier de policier, où tirer doit toujours être la dernière option. C’est une expérience qui récompense la réflexion plutôt que l’instinct, mais qui aurait gagné à affiner son exécution pour éviter certaines longueurs inutiles.
Une ville figée dans le temps
San Adrino n’est pas une mégapole grouillante où chaque rue cache un danger, mais une ville banale, trop propre, trop vide, où seules les interventions semblent briser une tranquillité artificielle. Police Shootout opte pour une direction artistique simple, fonctionnelle, qui manque cruellement de personnalité. Les bâtiments ont un aspect générique, les rues sont dénuées de vie, et si l’ambiance d’une petite ville est bien retranscrite, elle semble plus artificielle qu’authentique.
Les modèles des personnages sont rigides, avec des animations rudimentaires, ce qui nuit aux tensions que le jeu essaie d’installer. Lors d’une confrontation tendue, voir un suspect garder une posture figée, avec une expression faciale absente, ruine totalement l’immersion. Même les collègues policiers et les civils manquent de naturel, renforçant cette impression que tout est scripté, mécanique, et que la ville n’existe que comme un décor sans âme.
Mais si le visuel peine à captiver, Police Shootout parvient à installer une tension efficace grâce à son sound design. Les dialogues sont doublés, et les échanges tendus avec les criminels ou les otages ajoutent une certaine intensité aux interventions. Les bruits d’ambiance, les sirènes au loin, les ordres lancés par radio, tout contribue à instaurer une atmosphère crédible.
Là où le jeu aurait pu gagner en réalisme, c’est dans sa gestion des sons environnementaux. Les rues sont trop silencieuses, l’absence de passants donne un aspect fantomatique à la ville, et les interventions, censées être en plein cœur d’un quartier actif, donnent parfois l’impression de se dérouler dans un monde figé.
Police Shootout offre un cadre fonctionnel, mais trop figé. Si le sound design fait son travail pour donner du relief aux scènes de tension, les visuels datés et le manque de vie dans l’environnement nuisent à l’impact des interventions, rendant le tout trop artificiel pour être totalement convaincant.
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