Sorti sur Xbox Series le 29 janv. 2025, et développé par Trigger Happy Interactive, Turbo Overkill est une lettre d’amour aux FPS nerveux et viscéraux des années 90, un hommage sous amphétamines à DOOM, Duke Nukem 3D et Quake, où la vitesse, la brutalité et l’excès sont les seules règles à suivre.
Mais ce carnage pixelisé parvient-il à moderniser l’héritage des shooters old-school, ou se noie-t-il dans l’ombre des géants qui l’ont inspiré ?
La ville qui ne dort jamais… mais qui saigne
Dans un univers où la chair et le métal se mélangent sans distinction, Turbo Overkill ne cherche pas à raconter une épopée complexe ni à proposer une fresque narrative nuancée. Il embrasse pleinement le délire cyberpunk ultra-violent, où chaque dialogue est une excuse pour replonger dans un bain de sang, et où l’intrigue sert avant tout à justifier l’escalade de carnage.
Vous incarnez Johnny Turbo, un mercenaire cybernétique revenu dans sa ville natale, Paradise, une métropole rongée par une IA malveillante nommée Syn. Cette entité corrompue a pris le contrôle de la cité, transformant ses habitants en abominations cybernétiques prêtes à tout pour vous arracher en morceaux. Votre mission est simple : exterminer tout ce qui bouge et purger la ville, en encaissant au passage quelques crédits bien mérités.
Loin des héros torturés du cyberpunk classique, Johnny n’est pas un philosophe contemplatif, mais un homme d’action, un produit du chaos dans lequel il évolue. Il ne s’agit pas d’un antihéros tragique, ni d’un sauveur, mais plutôt d’un exécuteur sans état d’âme, une machine de destruction avec un sens de l’humour acide et un amour assumé pour la violence gratuite.
Les rares personnages secondaires qui croisent votre route n’existent que pour nourrir cette spirale de destruction. Les IA corrompues, les boss monstrueux et les quelques alliés de fortune ne sont que des pièces sur l’échiquier du massacre, offrant des moments de dialogue aussi expéditifs que les balles que vous videz sur vos ennemis.
Si l’histoire ne cherche jamais à rivaliser avec les grandes œuvres du genre, elle compense par son ambiance, son rythme effréné et son ton résolument décomplexé. L’univers de Turbo Overkill n’a rien d’un récit dystopique subtil, mais il fonctionne parce qu’il épouse totalement son ADN de shooter rétro : direct, brutal, sans concession.
Finalement, Turbo Overkill ne vous demande pas d’être un spectateur de son récit, mais d’en être l’auteur, à chaque explosion, chaque démembrement et chaque déferlement de balles.
La vitesse comme religion, la violence comme langage
Il y a des FPS qui misent sur l’infiltration, la tactique, le placement méthodique des tirs. Turbo Overkill ne fait rien de tout cela. Ici, chaque seconde d’immobilité est une condamnation à mort, chaque instant sans tirer est une erreur stratégique, et chaque affrontement est un exutoire de fureur pure où seule l’agressivité mène à la survie.
Le gameplay repose sur une rapidité d’exécution extrême, où le joueur est constamment en mouvement, glissant, sautant et fonçant dans la mêlée avec une fluidité qui rappelle les meilleurs FPS nerveux des années 90, modernisés avec des mécaniques inspirées des shooters contemporains comme DOOM Eternal ou Ultrakill.
L’arsenal est une ode à l’excès et à la destruction, avec des armes qui ne se contentent pas de tuer, mais de déchiqueter, de vaporiser, d’éviscérer. On retrouve des classiques revisités, comme le double shotgun dévastateur, le fusil à plasma survolté, et surtout une tronçonneuse intégrée à votre jambe, permettant d’exécuter les ennemis d’un simple coup de pied, transformant chaque mouvement en une opportunité de carnage stylisé.
Mais la violence n’est pas gratuite, elle est méthodique. Le jeu récompense l’agressivité par des bonus, comme du soin récupéré en enchaînant les frags, une surchauffe d’adrénaline qui ralentit le temps ou un boost de vitesse après chaque élimination. Plus vous enchaînez les tueries avec panache, plus vous devenez un monstre de fluidité et de puissance, rendant chaque combat aussi jouissif qu’exigeant.
Le level design est un autre point fort du jeu. Loin des couloirs statiques et des arènes génériques, Turbo Overkill propose des niveaux ouverts et verticaux, où les toits des immeubles cybernétiques, les ruelles infestées de néons et les laboratoires high-tech servent de terrains de jeu à votre frénésie destructrice. Chaque zone est un bac à sable où vous devez exploiter le terrain, enchaîner les glissades, utiliser les rebords pour surprendre vos ennemis et maximiser votre efficacité.
L’un des éléments les plus réussis est l’intégration des implants cybernétiques, qui permettent d’améliorer ses capacités au fil du jeu. On peut augmenter la vitesse, débloquer des dashs aériens, améliorer les tirs secondaires des armes, et même ajouter des gadgets destructeurs comme des drones offensifs ou des missiles autoguidés. Ces améliorations transforment peu à peu Johnny en une machine de guerre surhumaine, créant une sensation de montée en puissance parfaitement maîtrisée.
Si Turbo Overkill excelle dans son gameplay frénétique et ses mécaniques de combat, le jeu souffre d’une difficulté inégale, avec des pics de challenge qui peuvent surprendre même les vétérans du genre. De plus, l’intensité constante du jeu peut être épuisante sur de longues sessions, rendant chaque run aussi épique qu’éprouvante.
Turbo Overkill ne cherche pas à ménager le joueur, il l’entraîne dans une spirale de vitesse et de destruction qui ne laisse aucune place à la réflexion. C’est un FPS qui récompense les réflexes, l’instinct et la brutalité, un jeu où l’on ne cherche pas à survivre, mais à tuer plus vite que l’ennemi.
Un carnage visuel et sonore sous les néons
Le cyberpunk n’a jamais été une esthétique de la retenue. Turbo Overkill embrasse cette exubérance avec un style visuel qui frappe fort, mélangeant l’iconographie rétro des FPS des années 90 avec une direction artistique moderne, saturée de néons, de métal et de sang numérique.
Visuellement, le jeu ne cherche pas le photoréalisme, mais un style brut, nerveux, où chaque pixel suinte la rage et la destruction. Les environnements de Paradise City sont une fusion parfaite entre les cités dystopiques de Blade Runner et le chaos industriel d’un DOOM. Des rues inondées de lumières criardes aux bâtiments high-tech corrompus par l’IA malveillante, chaque décor est une invitation à la frénésie.
Le moteur du jeu parvient à offrir une fluidité irréprochable, où chaque explosion, chaque éclair de plasma et chaque démembrement se déroule sans le moindre ralentissement. Les effets de particules ajoutent à la lisibilité du chaos, transformant les arènes en véritables scènes d’action ultra-stylisées, où les projectiles traînent des lueurs électriques et où les cadavres ennemis disparaissent dans un éclat de pixels.
Mais si l’esthétique est une réussite, cette surcharge visuelle peut nuire à la lisibilité en plein combat. Entre les néons omniprésents, les effets de lumière agressifs et les explosions incessantes, il arrive que l’écran se transforme en un déluge d’informations difficile à appréhender. Un excès qui peut nuire à la précision, surtout dans les moments où l’on doit jongler entre esquive et attaque.
Côté bande-son, le jeu ne fait pas dans la subtilité. Il balance directement une avalanche de beats électroniques et de guitares saturées, fusionnant synthwave et métal cyber-industriel dans un cocktail qui pulse au rythme du massacre. Chaque affrontement est rythmé par une musique qui s’adapte au chaos, accélérant quand les vagues d’ennemis s’intensifient, ralentissant juste assez pour offrir un faux sentiment de répit avant la prochaine boucherie.
Le sound design est tout aussi brutal. Les armes ont un punch sonore exceptionnel, où chaque coup de feu résonne comme un coup de tonnerre, chaque explosion déchire l’espace avec une violence jouissive. La tronçonneuse-jambe ne fait pas que découper : elle hurle, elle rugit, elle déchiquette avec une intensité presque viscérale.
Les voix et dialogues ajoutent une touche de badassery à l’ensemble, avec un Johnny Turbo qui lâche des répliques cinglantes, parfaitement dans l’esprit des shooters old-school où le héros est un exécuteur plus qu’un orateur.
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